A défaut de parvenir à enclencher un dialogue politique « constructif, inclusif et sincère », le pouvoir et l’opposition semblent avoir repris leur guerre de tranchées. Depuis que le FNDU a renoué brillamment, en Février dernier, avec la rue de Nouakchott, puis effectué sa tournée dans l’Est du pays, unanimement qualifiée de « réussie » par les observateurs indépendants, le pouvoir s’agite. Et davantage, avec le retour, tout aussi réussi, du RFD sur la scène politique, alors qu’il était donné pour mourant, depuis le gel de ses activités au sein du FNDU.
Depuis la grande manif’ de Février, l’opposition ne cesse de tirer, à boulets rouges, sur le pouvoir, reprenant, à son compte, toutes les accusations formulées contre le gouvernement de Mohamed ould Abdel Aziz : corruption, drogue, tension politique… tout y passe. Face aux « succès » de l’opposition, aux graves accusations de corruption présumée où il se retrouve plongé, à la situation économique vraiment pas reluisante et au mécontentement grandissant et de plus en plus perceptible, au sein des populations frappées, de plein fouet, par la hausse effrénée des prix, le pouvoir a tenté de reprendre la main.
En tentant, d’abord mais en vain semble-t-il, de « torpiller » les meetings du FNDU à Néma, Tintane, Aïoun et Kiffa. A la veille du départ de la délégation du Forum vers l’est du pays, le gouvernement dépêcha ses limiers aux Hodhs et en Assaba, pour empêcher le FNDU de mobiliser sur les terres réputées, jusqu’ici, bastion de tous les pouvoirs qui se sont succédé à la tête du pays. Ministres, hauts cadres, administration et services techniques régionaux n’ont ménagé aucun effort pour déstabiliser l’action du FNDU. Résultat des courses : « Les tentatives de sape du gouvernement nous ont plus servis que desservis », ironise Ould Hanena, président en exercice du Forum.
Ce fut, ensuite, la visite du président de la République au secteur 18 du quartier Tarhil où le Raïs a balayé, d’un revers de main, les « allégations » de l’opposition. Pour lui, « il n’y a pas de crise économique en Mauritanie, les caisses de l’Etat sont pleines, le pays se porte à merveille. L’opposition affabule ». CQFD.
Au plan politique, le Président a réaffirmé toute sa disponibilité à nouer le dialogue avec l’opposition. Mieux, il a promis que ledit dialogue pourrait reprendre « sous peu » et souhaité que celui-ci se concrétise « rapidement ». Cette sortie intervenait, de surcroît, au lendemain d’informations faisant état de « prétendues frictions », entre le gouvernement et le principal parti de la majorité, l’Union pour la République (UPR), qui aurait exprimé son « malaise » de n’avoir pas été associé aux tournées du gouvernement dans la tournée à l’Est pour contrer les meetings du FNDU. Ce différend aurait fait l’objet d’une rencontre, entre le Premier ministre, Yahya ould Hademine, originaire, justement, de l’est du pays, et maître Sidi Mohamed ould Maham, président de l’UPR. Le PM aurait, en suivant, assisté à une réunion du parti, dont l’objectif aurait été d’aplanir les divergences entre le gouvernement et son principal soutien qui s’apprête, par ailleurs, à lancer une campagne de réimplantation, ordinairement synonyme de foire aux empoignades et déchirements.
Quoiqu’il en soit exactement, quelle mouche aurait donc piqué l’UPR, pour exprimer sa gêne de n’avoir pas été associé à quelque chose dans ce pays ? Il est en effet notoire que, depuis sa fondation, le parti n’a fait qu’avaler des couleuvres. Rappelez-vous, entre autres, la dernière campagne présidentielle, les tentatives de dialogue avec l’opposition… Chaque fois, le gouvernement a ignoré l’UPR, qui a ignoré, à son tour, les autres partis de la majorité présidentielle. Ould Maham voudrait-il couper le cordon ombilical liant l’UPR au pouvoir ou s’agit-il d’une simple tentative de faire entendre la petite musique de son parti si brillant, par son absence, dans l’arène politique ? A ce jour, ce parti aux « millions » d’adhérents n’a pas plus osé réagir aux accusations de corruption proférées par l’opposition et divers médias internationaux, que sur le présumé pacte de non- agression avec AQMI, l’affaire des cartes d’électeurs dont est victime le désormais ex-SG du ministère de l’Intérieur, ni, encore moins, l’envolée des prix des produits des denrées de première nécessité…
DL