A Monsieur le Secrétaire Général de l'Organisation des Nations Unies

6 March, 2016 - 11:38

Cette lettre a pour objet de vous instruire d'un aspect des conditions des droits de l'Homme en Mauritanie, celui lié à l'esclavage et à la répression des organisations de lutte contre l'esclavage.

En 2013, votre organisation, l'ONU, a décerné  à Monsieur Biram Dah Adeid le prestigieux Prix des Droits de l'Homme, prix qui distingue les "personnes ou associations qui ont accompli un travail remarquable pour protéger ou promouvoir les droits de l'homme". Le lauréat du prix de votre organisation, Biram Dah Abeid, président de « IRA-Mauritanie », et son adjoint, Brahim Ould Bilal,  croupissent en prison depuis plus de 17 mois (le 11 novembre 2014). Ces militants des droits de l'homme sont incarcérés pour avoir dénoncé, pacifiquement, les pratiques de l'esclavage en Mauritanie et particulièrement l’esclavage foncier.

Les militants de notre organisation, IRA, à l'instar de nombre d'autres organisations de défense des droits de l'homme, sont quotidiennement victimes de la répression et des exactions du gouvernement mauritanien. Pas plus tard que la semaine dernière (lundi 29 février 2016), nos militants ont été sauvagement agressés par la police mauritanienne alors qu'ils ne faisaient qu'exercer leur droit constitutionnel à manifester pacifiquement.

Monsieur le Secrétaire Général, vous rendez visite à un pays où sévit l'esclavage par ascendance, celui par lequel l'enfant naît esclave parce  que sa mère est esclave alors que pour vous et votre Organisation, mais aussi pour le monde civilisé : "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits".

Nous vous écrivons, Monsieur le Secrétaire Général, pour vous demander d'intervenir :

 

  1. pour demander au gouvernement mauritanien de cesser de réprimer des militants des droits de l'homme;

 

  1. pour demander au gouvernement mauritanien de libérer le lauréat du Prix 2013 des Droits de l'Homme de l'ONU ainsi que son adjoint. Ces deux prisonniers d'opinion ont  introduit un recours auprès de la Cour Suprême qui n'a jamais été programmé;

 

  1. pour que l'esclavage soit réellement aboli en Mauritanie et pour que ses victimes que sont les Hratin bénéficient d'un programme de rattrapage économique et social soutenu;

 

  1. pour que la loi criminalisant l'esclavage et les pratiques esclavagistes soit réellement appliquée et ses contrevenants réellement punis sans que l'administration n’interfère en leur faveur;

 

  1. pour que l'esclavage foncier, celui par lequel les maîtres d'esclaves se transmettent, de génération en génération, des terres que les esclaves sont les seuls à mettre en friche et travailler, soit définitivement aboli. C'est en dénonçant, pacifiquement, cet esclavage, que Biram Dah Abeid et Brahim Ould Bilal ont été arrêtés et condamnés à deux ans de prison ferme.

 

Vous souhaitant un bon séjour en Mauritanie, nous vous prions, Monsieur le Secrétaire Général, d'accepter l'expression de notre profond respect.

 

Nouakchott le 04 mars 2016

 

Au nom Bureau Exécutif d'IRA-Mauritanie

La Commission de Communication