Le porte-parole du gouvernement l’a dit et répété : il n’y aura pas de baisse des prix du gasoil à la pompe. Malgré la chute des cours du pétrole sur le marché international et les protestations des citoyens, accablés par le coût, de plus en plus exorbitant, de la vie. Savez-vous pourquoi l’Etat mauritanien ne veut toujours pas céder sur ce point précis, a contrario de tous ses homologues du Monde ? Parce qu’il veut continuer à engranger des milliards – cent cinquante par an, dit-on… – sur le dos des contribuables ainsi forcés de passer à la caisse, à défaut de celle des impôts directs ? Parce que ses fins de mois sont désormais plus que difficiles, à cause, entre autres, de l’écroulement des cours du fer et de l’or ? Parce que, comme la cigale, il n’a fait que chanter, lors des années d’abondance, oubliant que le plus dur était à venir ? Ou, tout simplement, parce qu’il méprise ses citoyens, à qui il fait avaler n’importe quoi, sachant, pertinemment, que le danger ne viendra ni de la rue ni d’une opposition amorphe. Autant d’arguments, dont certains tirés par les cheveux, je vous l’accorde, qui auraient pu expliquer le statu quo. Et dont aurait pu s’inspirer le si peu inspiré ministre de la Communication. Qui n’a pas trouvé mieux, pour expliquer le refus de l’Etat de baisser les prix des hydrocarbures, d’arguer de ce que cette baisse « ne bénéficierait qu’aux riches ». Pour s’approvisionner en « matières premières », les pauvres ont, selon lui, les boutiques Emel et où chacun a droit quotidiennement à un kilo de riz, un kilo de sucre et 200 cl d’huile de mauvaise qualité. Et des charrettes pour se déplacer, aurait-il pu ajouter.
« Il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler », conseille un fameux dicton. Un adage que devraient bien méditer nos vaillants ministres. Il y a quelques années, un d’entre eux, en charge de l’Education, avait déclaré, devant l’Assemblée nationale, que « notre système éducatif est plus performant que celui de la France ». Un scoop qu’il tenait, accrochez-vous bien, de Cridem! Le ministre des Finances, lui, est bien plus catégorique. Lors de la présentation de la loi des finances 2016, il a, pince-sans-rire devant les honorables députés, affirmé que l’Etat honore tous ses engagements, au moins sur le plan intérieur, et n’a, donc, aucune dette envers ses fournisseurs. Les parlementaires et les rares téléspectateurs qui regardent encore la Télé Vide de Mauritanie (TVM), en ont ri. De bon cœur, parce qu’ils sont mauritaniens. Mais jaune, pour tous ceux – la masse des petits salaires – qui voient chaque jour partir, en fumée de gasoil, le tiers de leur paie... pour seulement monter et descendre au boulot, à peu près à l’heure…
Ahmed Ould Cheikh