... elles sont fondamentales, car concernant l’avenir du pays tout entier’’
Le Calame : A votre avis, pourquoi le pouvoir qui dispose d’une majorité confortable pour gouverner invite régulièrement son opposition au dialogue ?
-Fatimata Bass : Tout d’abord, je remercie le journal le Calame, pour m’avoir donné cette opportunité de m’exprimer à travers ses colonnes. Je souhaite une bonne et heureuse année 2016 à l’ensemble du peuple mauritanien, à l’occasion je présente aussi mes condoléances les plus attristées au Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz ainsi que l’ensemble de sa famille, à la suite du décès accidentel de son fils Ahmedou ould Abdel Aziz survenu récemment, ainsi qu’aux familles de vos deux confrères Cheikh Oumar N’Diaye et Ahmed Ould Taleb que la terre leur soit légère, wa inna lillahi wa inna ileyhi rajioun.
Ceci étant dit, je pense que le pouvoir invite régulièrement au dialogue parce que le Président de la République est très conscient des vertus de cette approche, en tant que moyen de règlement des problèmes du pays, de rapprochement des points de vue entre les différents acteurs, de l’instauration d’un climat de confiance réciproque, de l’identification commune des fondamentaux susceptibles d’être partagés par tous que sont : la souveraineté et l’intégrité territoriale, l’unité nationale et la cohésion sociale, tout ceci en vue d’asseoir un pays où règne la paix et la stabilité.
En outre, non seulement, le pouvoir dispose d’une majorité confortable au parlement, mais au-delà de celle-ci, de nombreuses réalisations ont été accomplies ces dernières années dans les différents domaines de l’édification de l’Etat de droit, de l’ancrage de la démocratie, de la promotion de la bonne gouvernance, par la lutte contre la corruption et la gabegie, les détournements des deniers publics, ainsi que les performances enregistrées au niveau des secteurs de l’éducation , de la santé, de l’hydraulique, de l’énergie, de l’agriculture, de la stabilité, de la sécurité, de la mise en place des infrastructures routières ( plus de 4500 km de routes goudronnées), portuaires : la création du port de Tanit, et la rénovation du port artisanal de Nouadhibou ), aéroportuaires : (la construction du nouvel aéroport international de Nouakchott) , l’amélioration des conditions de vie des populations par l’ouverture des boutiques Emel qui vendent à des prix symboliques les denrées de première nécessité et celles de la SNDP ( poisson à 50 um/kg)
En tant que Premier Magistrat et responsable de tous, le Président de la République n’a cessé comme vous le soulignez vous-même, à travers votre question, d’appeler et de réitérer ses appels, pour un dialogue national inclusif, où aucun sujet ne serait tabou.
-En dépit ces appels répétés, le FNDU persiste à poser des ’’ préalables ‘’ pour s’engager. Comprenez-vous les méfiances pour ne pas dire les réticences de ce forum ?
- Non, je ne comprends ni la méfiance ni la réticence du FNDU, car une partie de ces préalables sont d’ordre purement formels, alors que pour un dialogue, l’essentiel c’est bien le fond et non la forme, et le reste de ces préalables est de nature à être inscrit comme point de discussion au cours du dialogue où chaque partie a toute la latitude d’exposer et de défendre ses points de vue, dès lors, on ne saurait comprendre à ce niveau de responsabilité, qu’on s’en tienne aux questions de pure forme, au point de compromettre une discussion sur les questions qui elles sont fondamentales, car concernant l’avenir du pays tout entier.
Pensez-vous que le pouvoir a créé les conditions pour que l’opposition s’engage ?
- Evidemment, le pouvoir a effectivement créé les conditions pour que l’opposition s’engage au dialogue. D’une part : 1- les appels réitérés du Président de la République, preuve de bonne disposition au dialogue de celui-ci.
2- La gestion du dossier du dialogue à un niveau élevé de l’Etat.
3- La tenue des rencontres consultatives préliminaires au Dialogue National Inclusif en septembre 2015 avec la participation de tous les segments de la société, et une partie des personnalités de l’opposition radicale.
4- L’envoi de délégations de haut niveau à travers toutes les wilayas, les Moughataa du pays pour expliquer les vertus du dialogue.
-N’avez –vous pas été surprise par la grande marche du FNDU organisée, le 9 décembre, pour dénoncer l’insécurité dans la capitale ?
Oh ! Quelle ‘’grande marche ! ’’ Je vous invite plutôt à en relativiser la portée et l’ampleur ; en effet, cette marche a été organisée par un forum en mal de cohésion de ses leaders. Cette situation que traverse le forum actuellement ne peut en aucun cas ne pas avoir des conséquences négatives en termes de mobilisation. En ce qui concerne l’insécurité, objet de la marche, il faut souligner le hiatus entre l’urbanisation galopante, et le comportement des citoyens qui n’arrivent pas à intégrer les exigences de ce nouveau cadre de vie. Ceci dit, on ne doit pas perdre de vue les efforts soutenus de l’Etat en matière de sécurité urbaine par la traque et le démantèlement quasi quotidien des réseaux, et des bandes de malfrats.
-Quelle appréciation vous faites du discours à la nation du Président de la République, à l’occasion du 55 ème anniversaire de notre indépendance ?
-L’appréciation que je fais du discours à la nation du Président à l’occasion du 55ème anniversaire de notre indépendance est très positive, compte tenu des mesures à caractère social décidées par le Président concernant certaines professions et franges de la population entre autres ; son Excellence le Président de la République a annoncé la création d’un fonds destiné à l’assurance maladie au profit des dockers , et marins , et de la prise en charge des soins des plus de 75 ans, ainsi que celle d’un fonds d’appui aux enfants mineurs des martyrs des forces armées et de sécurité. Il a en outre réitéré son appel à un dialogue politique sérieux et ouvert à tous (acteurs politiques, leaders religieux, société civile….)
-Que pensez-vous de ce que d’aucuns appellent la montée des revendications identitaires dans notre pays ?
- Je pense très sincèrement que ce n’est pas une bonne chose, car ces revendications identitaires, poussées dans leur logique représentent la négation de la République. Or, ce que les mauritaniens ont de plus cher et qu’ils doivent défendre par-dessus tout est la République, sa cohésion et son incarnation symbolisé par l’Etat et ses structures dérivées. Nous devons tous nous unir, resserrer nos rangs, nous tenir main dans la main. On doit dire à l’adresse des porteurs de ces revendications, que plus personne ne peut trouver en son groupe ethnique ou tribal un cadre de protection et d’évolution lui garantissant sécurité, éducation, santé, épanouissement, etc.
Aussi, l’on doit attirer l’attention de tous, que la persistance de ce genre de revendications peut constituer une porte d’entrée à l’instabilité, que Dieu nous en garde. Comme on en connait dans beaucoup de pays y compris certains de la sous-région. Il convient donc d’appeler tout le monde à l’unité, à la solidarité, à la fraternité mais aussi à la réduction de tous les facteurs objectifs et subjectifs de nature à pousser certaines franges à des prises de positions jugées extrêmes, en conclusion : la Mauritanie est et restera UNE ET INDIVISIBLE.
-Au cours de sa conférence de presse à Nouadhibou, le Président de la République a invité les organisations de défense des victimes des exactions commises dans les casernes militaires en 1990 à ne pas attiser la haine entre les composantes mauritaniennes en revenant tout le temps sur un dossier clos, parce que réglé à la demande des ayants droit . Quelle appréciation faites –vous, de ce dossier dit ‘’passif humanitaire’’ ?
- Il convient de rappeler ici que le régime actuel n’est pas comptable du ‘’passif humanitaire’’ objet de votre question. Si Monsieur le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz a bien voulu le prendre en charge, c’est au nom de la continuité de l’Etat et par souci de créer les conditions d’apaisement notamment chez les proches des victimes. Aussi, la démarche adoptée a-t-elle consisté à associer les ayants droit des victimes dans la formulation la plus appropriée du règlement de ce problème. Dès lors, il est difficile de concevoir qu’une association ou une organisation fut –elle de droits de l’homme, soit mieux placée que les ayants droit eux-mêmes, d’agréer ou de refuser un mode de règlement convenu d’accord partie.
-En dépit d’un important arsenal juridique adopté par le gouvernement ces dernières années, pour réprimer l’esclavage et/ou ses séquelles, quelques organisations de défense des droits de l’homme, particulièrement SOS esclaves, continuent à exhiber des cas d’esclavage. Faudrait-il comprendre par là que nos textes sont mal appliqués ou pas du tout appliqués ?
Non, nos textes sont bien appliqués et bien adaptés au contexte socioculturel mauritanien. L’arsenal juridique étant bien conçu, ainsi l’application qui en est faite traduit la volonté de juguler ce phénomène ainsi que ses séquelles. La conscience de l’importance de la dimension économique et culturelle, ont amené les autorités à créer des mécanismes d’intervention souples et adaptés destinés aux franges concernées par ce problème (création de l’Agence Tadamoun, les écoles dans les Adwabas, forage des puits, des points d’eau, financement d’AGR, etc.)
-Vous êtes également DGA de la SNDP. Pouvez-vous nous décliner succinctement ce que cette société a apporté comme améliorations aux conditions des ménages démunies dans notre pays ?
- Depuis sa création et son démarrage effectif en Mai 2014, la SNDP a contribué à améliorer qualitativement et quantitativement, les conditions de vie des populations en distribuant du poisson frais sur l’étendue du territoire national, vendu à des prix symboliques 50 um/ kg.
Propos recueillis par DL