Chaque année, de nouveaux jeunes, sortis fraîchement des écoles, arrivent sur le marché de l’emploi et ne sont pas intégrés dans le tissu productif. Il s’ajoute à cela la chute des exportations des minerais bruts, l’arrêt de l'investissement des entreprises et l'augmentation des prix des produits de base. C’est là les principaux défis auxquels la Mauritanie doit faire face en 2016.
D’une part, sur le front des entreprises nationales, les difficultés persistent, particulièrement pour les PME (petites et moyennes entreprises) qui en général embauchent. Elles ne parviennent pas à dégager suffisamment de marges. Ces entreprises font face à de nombreux défis. Elles sont incapables de faire des économies d’échelle avec les niveaux de production actuels liés à la demande et le pouvoir d’achat qui souffre de la crise. Ainsi, les charges de celles-ci restent trop lourdes et leurs carnets de commande ne sont jamais assez étoffés. Il faut dire, aussi, que la crise politique que vit le pays depuis à peu près quelques années, met l’huile sur le feu. Frileux, les chefs d’entreprise n’ont pas confiance et n’osent pas investir.
D’autre part, la chute des exportations des minerais bruts qui est due à un phénomène de baisse généralisée des cours des matières premières dans le monde. Si la dégringolade des prix est une bonne nouvelle à court terme pour les consommateurs, elle est très mauvaise pour l’économie du pays car un recul durable des prix diminue les revenus de l’Etat. Pour un pays exportateur comme la Mauritanie, qui dit baisse des prix des matières premières, dit baisse des recettes et donc un déficit plus important.
En effet, le risque déflationniste est dans les têtes depuis plusieurs mois et inquiète en Mauritanie bien sûr, comme partout dans le monde. Car la déflation pousse à épargner. Pourquoi acheter aujourd'hui ce que l'on aura pour moins cher demain? Le résultat, c'est moins de consommation, une surproduction, des stocks difficiles à écouler, et donc une baisse de la production, des salaires plus bas ou pire encore des licenciements, et au final moins de consommation pour les ménages. C’est cela le risque que court, aujourd’hui, légion des acteurs du pays.
Pour faire face à ces alarmes multipliées, force est de penser à une réforme qui conserve les acquis tout en donnant naissance à une nouvelle prospérité économique. Sans la justice, la transparence et la confiance de tous les acteurs économiques et politiques du pays, il est impossible que la situation évolue vers le mieux. En ce qui suit, un panorama de quelques recommandations pour le gouvernement en 2015.
1. Economie: L’Etat doit ouvrir le robinet du crédit. Cette mesure relancerait les investissements en mettant à disposition des établissements de crédit des liquidités en abondance. Qui dit plus d’investissement, dit plus d’emplois, de croissance et de prospérité. C’est en embauchant les jeunes et en améliorant leurs conditions de vie qu’on posera la pierre de base d’une Mauritanie émergente. Cette stratégie dopée par la transparence arrivera à restaurer la confiance et à stimuler la croissance en améliorant la capacité des ménages à consommer.
2. Politique: L’impasse sur la scène politique crée de l’incertitude vis-à-vis de la stabilité du pays et fait fuir les investisseurs. Il est toujours possible d’arriver à s’entendre car les points qui unissent surpassent de loin ceux qui séparent. En attendant, espérons que dans les prochains jours un évènement puisse unir les deux camps, la « majorité» et l’opposition, sous un seul agenda pour le bien du peuple et pour le bien de la nation. En tout cas, les politiciens ont intérêt à faire de leur mieux pour éviter l’exaspération de certaines couches de la société.
3. TIC: Dans les nouvelles technologies de l’information et de la communication, une très grande opportunité se présente à ceux qui savent comment la saisir. Les tics peuvent augmenter de beaucoup l’efficacité dans les domaines tels que le commerce, l’éducation, la santé, l’administration publique et la
sécurité. Souvent critiqué à cause de la lourdeur des démarches administratives, le pays peut tirer un bénéfice colossal de l’informatisation de l’administration et de l’accès en ligne à tous les services. Ainsi, la Mauritanien doit investir pour développer les connexions internet rapides par fibre optique surtout dans les grandes villes. Aussi, encourager les mauritaniens a relevé le défi de l'innovation afin de rendre internet plus pertinent pour les femmes, les jeunes, les agriculteurs, les éleveurs, les pécheurs et les commerçants reste au coeur de toute stratégie de développement durable. L’éducation en ligne, les sites de vente en ligne et l'e-commerce sont tous des caractéristiques d’un nouveau monde plein d’opportunités.
4. Sécurité: En fin, pour gérer une ville de plus de deux millions d’habitants, les méthodes classiques, comme l’augmentation de l’effectif des agents de l’ordre ou la création de nouveau corps, se révèlent souvent peu efficace. Il faut, plutôt, opter à investir dans la formation du personnels existants, dans l’acquisition des équipements modernes et dans l’ouverture à d’éventuels partenariats d’échange d’expertise dans ce domaine.
Habib Hamedi
Ingenieur d’Etat et écrivain