Les mots ne suffisent pas pour exprimer l’immense tristesse que je ressens de la disparition de votre père Mohamed Saïd. Puissent mes condoléances et celles de toute la Mauritanie apporter, à votre honorable famille, consolation et paix.
J’éprouvais, pour lui, une grande Sympathie, un réel et profond respect, nourris d’années communes d’activités intellectuelles, culturelles et professionnelles. Il avait su mettre son talent et ses compétences, multiples, au service de la vérité ; ses écrits étaient des délices, sa plume pure, alerte, intrépide. Il parlait avec assurance, prudence et fierté ; ne manquait jamais d’évoquer, avec affection, les vertus des grandes figures et symboles de l’histoire mauritaniennes; ignorait tout de la méchanceté, de la lâcheté et de la haine.
Son désintéressement des choses matérielles était patent. Une qualité si rare aujourd’hui. Il plaidait pour les autres, jamais pour lui. Ce fut un des intellectuels les plus brillants de notre époque. Consultez ses écrits, ses témoignages : vous y trouverez les plus rares qualités humaines et pédagogiques, c’était un homme sensible, généreux, plein de sagesse et d’humilité.
Le zèle dont il fit preuve pour la défense des causes justes (arabe et nationale, notamment) lui auront mérite, j’en suis sûr, des grâces qui le rendront éternel et feront, de lui, un monument de notre histoire contemporaine. Oui, c’est une grande figure de notre histoire qui disparaît. Ah ! Qu’il va nous manquer, qu’il nous manque, déjà, son humour corrosif qui ne masquait jamais sa grande élévation et sa foi en Allah, toujours rangées en ordre de bataille. Il fut présent sur tous les fronts, comme en témoignent les photos, tableaux et objets d’art accrochés aux murs du modeste mais ô combien riche bureau-musée-bibliothèque de son domicile.
Je repense aux journées « chinguittiennes sur la justice », organisées par la Banque Mondiale, sous l’égide d’éminents érudits (dont Adoud et Hamden), du ministère de la Justice, des magistrats, des avocats, de représentants de la société civile, de personnalités indépendantes et de consultants internationaux, dont il fut le coordinateur averti et dont je garde, encore, le souvenir de parfaites organisation, maîtrise et logistique. Je me souviens aussi des nombreux ateliers et séminaires du PNUD, à Nouakchott comme à l’intérieur du pays, auxquels il tenait à me voir participer, en tant qu’expert, un bel exemple de respect et de considération.
En guise de conclusion, permettez-moi de m’associer au deuil de votre grande famille, de lui exprimer ma solidarité et considérer que sa tristesse, toute légitime soit-elle, ne doit pas dissimuler la tout aussi légitime fierté de compter, en son sein, un si grand homme, aux valeurs religieuses et morales si précieuses. Si peu de gens connaissent cette satisfaction, cette fierté, cette chance ! Toutes et tous, vous devez être fiers de Mohamed Saïd ould Hamody. Qu’Allah lui pardonne et lui fasse belle place en Son saint Paradis, amine !
Seyid ould El Ghaïlany