Docteur Hampâté Bâ, président de la commission de suivi et d’évaluation de la commission nationale de la jeunesse de l’UPR :

5 November, 2015 - 01:31

‘’De tous les thèmes arrêtés, lors des travaux d’ateliers de la rencontre consultative préliminaire au dialogue, pas un seul n’a trait au mandat présidentiel’’

Le Calame : Après une longue attente, la présidence de la République a rendu publique la liste des membres du Haut conseil de la jeunesse. Comment la jeunesse UPR a-t-elle réagi à la composition de cette liste ? Est-elle suffisamment représentative de la jeunesse de votre parti et du pays ?

 Docteur Hampâté Bâ : La longueur de l’attente fut proportionnelle au volume de travail qui devait être abattu, pour arriver à une liste irréprochable. Ainsi nombreuses furent les différentes étapes qui ont jalonné la mise en place de ce Haut conseil de la jeunesse, dont l’idée fut émise le 21 Mars 2014, lors d’une des nombreuses rencontres entre la jeunesse mauritanienne et le président de la République.

 En résumé, sachez qu’il fallait répertorier tous les jeunes intéressés par l’initiative du Président. Une tâche à laquelle s’est attelé le comité chargé de la mise en place dudit Haut conseil, en ouvrant la réception des candidatures, via un formulaire électronique anonyme.

 Enfin, il fallait passer à la sélection par excellence des quatorze membres, sur plusieurs milliers de postulants. C’est précisément ce travail titanesque  et le sérieux qui  lui fut dévolu qui justifie le temps d’attente.

 

- Comment la jeunesse UPR a-t-elle réagi à la composition de cette liste ?

- Du coté de la jeunesse de l’UPR, nous n’avons été associés, à aucun moment, à la mise en place de ce Haut conseil. Car il s’agit de celui de la jeunesse nationale et non de celle du seul UPR. D’ailleurs, vous imaginez le chahut que cela aurait provoqué, si le contraire s’était produit. Cependant, qu’à cela ne tienne : la commission de suivi et évaluation de la commission nationale de la jeunesse de l’UPR a suivi, au plus près possible, cette mise en place. Nombreux furent les jeunes de l’UPR qui ont postulé, avec comme unique ambition d’accompagner et aider à traduire, en actes, toutes les initiatives du président de la République envers sa jeunesse. Certains ont eu l’honneur d’être sélectionnés, pour faire partie de ce Haut conseil, d’autre pas. Tout le monde ne peut y siéger. De par ses aspects genre et ethnoculturel, ce Haut conseil de la jeunesse est hétéroclite, à l’image du peuple mauritanien, et, donc, représentatif de la jeunesse du pays.

 

- Est-elle suffisamment représentative de la jeunesse de votre parti ?

Mais l’important n’est pas d’y être ou pas. L’essentiel est que chaque jeune de ce pays puisse se mirer à travers lui. Sa mission primaire est d’être attentif et réceptif aux problèmes de la jeunesse, formuler leurs doléances et s’associer à l’Exécutif pour trouver des solutions. L’autre mission sera de montrer une grande capacité de traduire, en actes, les directives du président de la République, sans anicroche avec les autres départements ministériels. Voilà ce que toute la jeunesse attend de son haut conseil qui doit maintenant se mettre au travail et alléger le dossier de la jeunesse.

 

- En arrivant au pouvoir, Mohamed ould Abdel Aziz a voulu faire, de la jeunesse, un fer de lance de son programme. Il a parlé de renouvellement de la classe politique et fondé, ensuite, un parti de jeunes mais, curieusement, la voix des  jeunes n’est pas audible dans l’arène politique. Aujourd’hui que  des tractions sont menées, pour aboutir à un dialogue, entre le pouvoir et l’opposition, quel message la jeunesse adresse-t-elle aux acteurs des deux camps ?

- Notre avis est tout autre. Depuis 2009, la voix des jeunes est parfaitement audible. Ils sont passés de simples pourvoyeurs de voix électorales à celui de partenaires aux prises de décision. C’est une des raisons qui explique la forte popularité du président de la République chez les jeunes, au sens large, et, particulièrement, ceux de l’UPR. D’ailleurs, ne dit-on pas que, si le président de la République doit, en partie, son élection et sa réélection à la jeunesse, la jeunesse lui doit, entièrement, la fin de sa marginalisation et de son exclusion ?

 

- Qu’en est-il, du renouvellement de la classe politique ?

- De ce cheminement basé sur la confiance mutuelle, il en est ressorti une reconnaissance de la valeur intrinsèque de la jeunesse, qui ne pouvait déboucher que sur une volonté de responsabiliser les jeunes, c’est à dire de leur permettre, enfin, d’assumer, progressivement, des rôles de premier plan, dans tous les domaines de la vie de notre pays. Ce que le président de la République appelle renouvellement de la classe politique. A ne pas confondre avec changement de la classe politique. Aujourd’hui, la symbiose, entre les deux classes d’âge, est parfaite.  Être jeune n’est certes pas une question d’âge mais un état d’esprit.

Le renouvellement est en marche. Pour preuve, scrutez, méthodiquement, le dernier mouvement des administrateurs du 22 Octobre 2015 : vous serez frappé par l’âge moyen des promus. Si l’on ajoute, à cela, la mise en place du Haut conseil de la jeunesse, n’est-ce pas des signaux assez forts que le président de la République émet à l’endroit de toute la jeunesse mauritanienne ? Vu de l’angle opposé, le parfait mutualisme intergénérationnel, tel qu’il est vécu dans l’administration et au sein de l’UPR, est, de la part du président de la République et de celui de l’UPR, une marque de confiance aux aînés. C’est ce mutualisme intergénérationnel qui permet, à l’une, de progresser, doucement, avec assurance, et, à l’autre, de finir tranquillement et en beauté. Ainsi va la vie…

 

- Et du parti de jeunes ?

S’il y a un hic, dans cette politique de responsabilisation des jeunes, c’est le parti de la jeunesse dont le sort est, hélas, entre les mains de la justice. Pour cette raison, je ne ferai pas de commentaire. Cependant, n’oublions pas que cette formation politique a porté haut, en son temps, la voix des jeunes. Elle a obtenu des élus, aux dernières municipales et législatives, parfois même plus que certaines formations politiques classiques. C’est, surtout, le manque de dépassement en soi qui leur a fait défaut.

 

- Quel message la jeunesse adresse-t-elle aux acteurs politiques des deux camps ?

- Je ne pourrai délivrer, au nom de la jeunesse de l’UPR, un message aux acteurs du dialogue national inclusif, puisque nous sommes, nous-mêmes, acteurs de ce dialogue. En effet, nous avons participé, activement, à la rencontre préliminaire qui a eu lieu du 7 au 14 Septembre 2015. Nos propositions, comme celles de l’opposition, ont été prises en considération et c’est dans ces propositions que réside le message : nous sommes ouverts à tout dialogue inclusif et inconditionnel, exempt de sujet tabou, dans l'intérêt de tous les Mauritaniens, afin de renforcer la stabilité du pays et enraciner sa démocratie. En bref : travaillons ensemble, pour parfaire la culture démocratique de la Mauritanie.

  

- L’opposition suspecte le président de la République  de rechercher, à travers le dialogue qu’il prépare, un troisième mandat. Pensez-vous qu’elle n’a pas lieu de craindre la contagion du troisième mandat qui se propage en Afrique, notamment au Congo, au Rwanda, en RDC, au Burundi et au Burkina Faso ?

 - D’abord, chaque pays a son contexte, ses réalités et son histoire démocratique. Dans la liste de pays que vous venez de dresser, la Mauritanie y est un intrus. Ceci étant, je voudrai dire, à l’endroit des sceptiques, qu’il n’y a pas meilleure garantie et bonne volonté que de faire précéder ce dialogue national inclusif d’une rencontre consultative préliminaire, chargée de répertorier les thématiques devant former l’ordre du jour de ce dialogue national inclusif.

 

- Et la crainte de la contagion du troisième mandat ?

- De tous les thèmes arrêtés, lors des travaux d’ateliers de la rencontre consultative préliminaire, pas un seul – je dis bien : pas un seul – n’a trait au mandat présidentiel. Alors, qu'on ne nous fasse pas de mauvais procès ! De plus, toute personnalité de bonne volonté et formation politique imbue de valeurs démocratiques doit participer au dialogue national inclusif, quitte à se retirer dès qu’elle sentirait le moindre micmac venir. Si, bien sûr, il y avait micmac.

Propos recueillis par DL