Depuis le début de l’après midi, à Nouakchott et certainement à l’intérieur du pays, les femmes s’attèlent à la préparation du grand dîner dit dîner de « Haraane » chez les négro-africains, Tam Kharit, chez les ouolofs, wasii chez les maures. Il s’agit de fêter la dixième nuit du nouvel an musulman.
Chez les négro-africains, cette fête est marquée par une grande bombance. Il faut se régaler, pour selon un adage « survivre » à l’année nouvelle. Toujours selon cet adage, c’est au cours de cette nuit là que des anges viennent du ciel compter les habitants de la terre. Et gare à celui qui ne se serait pas bien régalé et dont le nom tombe sur le nombre dix. Partout dans les familles, une bonne odeur se dégage déjà, aiguisant ainsi l’appétit de la maison mais aussi des invités, car la fête a également un caractère social parce que ceux qui ne vivent pas en famille sont conviés par des amis à partager ce dîner spécial. A partir de 15 H, les femmes se mettent à préparer le couscous traditionnel (lacciri) ou bassi, selon les maures, avec une bonne sauce de viande rouge ou blanche. Tous les ingrédients y passent pour rendre le plat épicé et succulent, Mais avec le changement des habitudes, les familles peuvent « moderniser » ce dîner traditionnel. Dans un cas comme dans l’autre, les plats sont succulents.
De leur côté, les enfants pensent à la fête depuis le 1er jour du mois. Les petits n’arrêtent de poser des questions et de demander la permission d’aller avec leurs amis faire ce que les ouolofs appellent le «tadiabo ». Il s’agit de se déguiser en homme, pour les femmes et inversement et faire un tour, en dansant, dans les maisons voisines pour récolter quelques offrandes. Mêmes les adultes ont fini par entrer dans la danse. On en rit beaucoup. Le spectacle se poursuit tard dans la nuit.Cet après-midi du vendredi, quelques petits enfants occupés à fabriquer de petits tam tams étaient visibles dans certaines rues d'Arafat.
Cependant, cette nuit est malheureusement mise à profit, par certains larcins pour tromper la vigilance des citoyens pour leur voler quelques objets. C’est pourquoi eles n’hésitent pas à doubler de vigilance et à renvoyer des groupes suspects.
Il faut signaler que depuis le début du mois, les deuxièmes femmes parcourent des maisons pour réclamer aux premières femmes ce qu’elles appellent le dîner des lembel (2e femme) dans une famille polygame.
A quelques petites heures de ce dîner spécial, certains « waawabe deedi », c'est-à-dire des Gargantua commencent à rouler de gros yeux déjà.
Bon appétit mais gare à ne pas élire domicile, au réveil devant le WC.
Des nombreux domaines où l’anarchie règne en maître à Nouakchott, c’est sans conteste le foncier qui tient le haut du pavé. Tout le monde a encore en mémoire la célèbre « poche 10 », située à la jonction entre Tevragh Zeïna et Teyarett, que l’État rasa il y a quelques années.