Comme depuis quatre ans, le programme du Ramadan 2014 a été mis en œuvre pour 707 millions d’ouguiyas comme clairement libellé dans les termes de la convention autorisant la société nationale d’import/export (SONIMEX) à exécuter l’ensemble de ses composantes depuis l’achat des produits (lait, sucre, riz, pâtes, pommes de terre, oignons et huile) à l’organisation des stands et l’engagement des équipes de vente et de gestion à la liquidation des marchandises aux populations sous forme de produits officiellement subventionnés. Les prix sont du coup sensiblement moins chers que ceux avec lesquels les commerçants proposent leurs marchandises dans les marchés et lieux de vente publics. Naturellement, l’opération Ramadan a ses limites et ses disfonctionnements. Mais dans l’ensemble, elle permet à de larges couches populaires de s’approvisionner en gros ou en détail selon les bourses à moindre coût. Mais là où ça ne va vraiment pas, c’est quand pour entreprendre l’opération, des considérations népotistes et clientélistes font, qu’au lieu de prendre le temps de commander les produits comme les pommes de terre et les oignons par exemple du Maroc, la SONIMEX, ne recevant la notification de la mise en œuvre de l’opération que vingt quatre heures avant le début du Ramadan, se voit obligée d’ acheter les produits de certains commerçants proches du système à deux fois ou même trois fois plus que les prix proposés par les marchés étrangers. Comme chaque année, le groupe Ghadda a eu la part du lion. Ainsi, alors que la paire de pommes de terre et d’oignons devait, tout frais compris, coûter 2 à 2500 UM à l’étranger et peut être vendue en Mauritanie à 3000 Um, les commerçants locaux ne la cèdent qu’à 5 à 6000 UM à la Sonimex qui, à son tour, la revend à 7000 Um. Tous les autres produits sont soumis à la même stratégie dont l’objectif est de permettre à certains hommes d’affaires influents de rafler les centaines de millions destinés au fameux programme Ramadan que l’Etat organise pompeusement depuis quatre ans. Finalement si officiellement, cette opération est conçue, dit-on pour soulager les pauvres, officieusement, elle serait juste une manière de détourner l’argent public à coup de centaines de millions de bénéfices au profit de quelques commerçants qui bénéficient de liens de parenté opportuns.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».