Le pays éprouve des difficultés de toutes sortes. Le prix du fer est au plus bas. Le déficit des finances publiques, abyssal et le service de la dette risque de leur porter un coup fatal. Si jamais l’on se hasardait à la respecter. Les recettes du Trésor ? Au plus bas. Les sociétés publiques ? Elles agonisent, les unes après les autres. Tasiast ? Dans le viseur du gendarme et de la bourse américaine. MCM ? En passe de mettre la clé sous la porte. Quant au népotisme, il atteint des sommets. Les marchés publics sont l’apanage d’une petite minorité qui n’en fait qu’à sa tête. Toujours omniprésente, la gabegie s’est faite plus sélective. L’éducation est dans un tel degré de déconfiture que le gouvernement a décidé de vendre les écoles au privé, pour en faire des boutiques. Le domaine public est devenu la chasse gardée d’une sorte de goule qui entreprend de dépecer le moindre espace ouvrant sur grande avenue. Avec un secteur de la Santé sur le point de rendre son dernier souffle, l’épidémie de dengue, Chikunguniya ou fièvre du rift terrasse Nouakchott, sans que la moindre alerte ne soit donnée. Celui de la Pêche est, depuis de longues années, en sursis. Nouakchott, chaque hivernage, se noie entre eaux usées et pluies. L’assainissement renvoyé aux calendes grecques. Les banques pullulent, sans que cela n’ait le moindre impact positif sur notre économie moribonde. Le FMI donne, lui, des signes d’énervement devant les chiffres qu’on lui avance, fort loin de refléter la réalité économique du pays. Quant à la SOMELEC, elle s’entête à nous fournir l’électricité au compte-gouttes. Et la TVM, à nous désinformer.
La coupe est pleine, certes, mais rien n’est trop rebutant pour notre Super-Guide-Eclairé. Il a trouvé la formule magique pour réduire tous ces problèmes à néant. Après s’être, enfin, rendu compte que son équipe n’avait rien à faire à Nouakchott, incapable qu’elle est de nous sortir de « ses » mauvais pas, il l’a envoyée, au grand complet, vadrouiller à l’intérieur du pays, pour y expliquer les « bienfaits » du mono-dialogue entre son parti et les partis satellito-cartables. L’opposition ayant, elle, définitivement tourné la page. Cela n’a pourtant empêché les missionnaires de l’attaquer à tout bout de champ. Pour l’un d’entre eux, « ceux qui boycottent le dialogue ne sont qu’une infime minorité d’opposants ». Pour un autre, « le fait de boycotter le dialogue constitue un danger pour l’unité nationale ». Insistant tous, cependant, sur un même point : la Mauritanie vit une crise et seul le dialogue pourra la sortir de l’ornière. Quelle crise, quelle ornière ? Ne nous a-t-on pas toujours rabâché que le pays se porte comme un charme et qu’il n’y a de crise que dans l’imaginaire d’opposants aigris ? Un nouvel élément qui s’ajoute à la longue liste de contradictions que nous vivons depuis 2008. On attend le rideau final. Rongé qu’il est par tant de calamités, il ne devrait pas être très joli à voir…
Ahmed Ould Cheikh