Il ya quelques jours deux prisonniers «réussissent » à fuir de la prison d’Aioun. Puis encore comme par coïncidence, deux autres «trompent » la vigilance des gardes du bagne de Zouerate et prennent la poudre d’escampette. Les investigations se poursuivent pour retrouver les fugitifs. Il ya quelques mois, d’autres bagnards ont fui de la prison de Dar Naim. Régulièrement, des fuites sont signalées au niveau de la prison centrale de Nouakchott. En 2014, trois prisonniers ont fui de la prison d’Aleg emportant avec eux la voiture d’un infirmier d’état qui travaille à l’hôpital de la ville. Deux seront rattrapés, tandis que le troisième sera un « œil blanc », lui et la voiture. Ces fuites récurrentes reposent les problèmes des prisons nationales en termes de sécurité et de gestion. Pour beaucoup, ces « escapades » ne peuvent s’opérer qu’avec une certaine complicité. Les rapports douteux que les gardes chargés de surveiller les prisonniers entretiennent avec ceux-ci sont souvent évoqués. Dans les cours des prisons, toutes les indélicatesses sont permises : circulation des produits prohibés provenant de l’extérieur en passant par les postes de garde ! Les régisseurs de certaines prisons ferment l’œil sur beaucoup de pratiques que font et font faire certains grands barons de ces murailles closes. Les conditions de vie des populations carcérales sont certainement pour quelque chose dans cet univers de dépravation, de compromission et de complicité. Les prisons dépassent largement leur capacité d’accueil. A Dar Naim, dorment 894 prisonniers alors que le bagne est conçu pour recevoir 350. Les continuels renvois de prisonniers vers la prison d’Aleg l’ont remplie à plus de deux fois de plus que sa capacité. Même à la prison centrale, le nombre normal est largement dépassé. Peut-être que seule la prison des femmes avec ses 24 pensionnaires n’est pas dans cette situation. Mais à voir les murs particulièrement longs des prisons, les nombreux postes de gardes et les fastidieuses formalités auxquelles sont soumis les visiteurs, il est clair que pour fuir, un prisonnier a besoin d’un complice. Autre problème : Conditions de travail des superviseurs des prisons qui déterminent leurs rapports avec les prisonniers dont certains, grâce à leurs affaires, sont parfois assez riches pour se faire approcher.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !