La mort fait partie de la vie. Ou la vie fait partie de la mort. Peu importe. Ce qui est sûr, c’est qu’au pays des hommes bleus, les vivants ne valent rien. Seuls les morts sont quelque chose. C’est quand tes pieds sont devant que tu ne peux plus rien voir. Rien entendre. Rien percevoir. Que tu es cet homme sans égal. De grande culture. Nationaliste. Engagé. Honnête. Que tu es affublé de toutes les qualités. Ici, il faut d’abord trépasser. Il faut bien mourir. Il faut se faire enterrer, définitivement, pour avoir droit à un quelconque mérite. Ici, on est dans le posthume. Que d’hommes et de femmes valeureux, anonymes, oubliés, inconsidérés ! Mais il faut bien qu’ils meurent. Y a que le trépas qui les rappellera aux vivants. C’était comme ça, avec les anciens présidents. Totalement laissés pour compte. Ignorés, voire méprisés. C’était comme ça, avec des journalistes de renom. C’était comme ça, avec les bâtisseurs de ce pays. C’était comme ça, avec d’éminents hommes de culture. Il fallait la mort, pour les rappeler aux vivants. Inutilement. Même cérémonial. Même rituel. Mêmes louanges. Et puis, c’est tout. On attend le prochain qui mourra pour « verra ». Merci, la mort, de nous rappeler, de temps à autre, qu’il y a, chez nous, des hommes et des femmes qui valent quelque chose. Remaniement partiel du Gouvernement. Depuis 2009, c’est comme ça. La polyvalence. Un diplomate peut se transformer en paysan. La houe sur l’épaule, pour aller travailler les filières. Chef d’arrondissement. Hakem. Wali. Ministre de l’Intérieur. Ministre du Commerce. Président de la Cour suprême. Recteur de l’université d’Aïoun. Puis compte à rebours : conseiller, adjoint-directeur, wali. Hakem, chef d’arrondissement, conseiller municipal, notable, tieb-tieb au ministère de l’Intérieur et de la décentralisation... Aucune logique. Les partants partent. Les restants restent. Sans que les premiers sachent pourquoi sont-ils partis ni que les seconds pourquoi sont-ils restés. Intérieur et décentralisation et CSA. Ça peut aller. Une bonne connaissance des wilayas, des arrondissements, des départements, des communautés, des groupes, des notabilités, des jama’as, des collectivités, des grands, moyens et petits ensembles, des clans, des tribus. Cela peut aider à bien partager le riz, le haricot, le sucre, la farine, les aliments de bétail et autres produits du Commissariat. Un conseil, cependant : attention au camion mal convoyé et aux caméras cachées ! Ça peut faire chute. De très haut. Mint Moma à l’Agriculture ? Mint Habib aux Affaires sociales ? Mint Souein’e à l’Elevage ? On pouvait faire mieux. Autres temps, autres mœurs. L’Adrar, c’est les oasis. La pédiatre, avec la femme, l’enfant et l’entretien. Les gens de l’Est, pour entretenir les troupeaux. C’est pas mal. Mais… ça s’interprète. Ould Meïmou, c’est pas du 2009. C’est de l’ancien. La défunte Union des banques du développement. Le défunt Commissariat aux droits de l’homme, à l’insertion et à la lutte contre la pauvreté. Mohamed Lemine Cheikh : Après le Premier ministre, c’est le Second ministre. A tonitruant, tonitruant et demi. C’est l’homme qu’il ne faut pas, à la place qu’il faut. C’est toujours la politique du rapiéçage. Du « remplaçage ». Du « permutage ». Mais c’est, jusque-là, un coaching qui gagne. Puisqu’il n’ y a rien à perdre. Chaque ministre vient passer un moment. Partir. Sans comptes à rendre mais acomptes à percevoir. Finalement, ça tourne. Ça donne même le tournis. Ould Khouna, l’inamovible, se promène entre les ministères. Il doit avoir un bon « khondioum » (gris-gris), originaire des environs de Louga. L’équipement, c’est pour s’équiper. Il faut s’équiper et bien. C’est pratiquement le même groupe qui vient, revient et repart, pour revenir puis repartir. « Eywa », si tu n’es pas dans la cagnotte, comment espères-tu en sortir ? Brahim ould Mohamed El Moktar : quel lien entre l’Agriculture et l’Assainissement ? En tout cas, pour les deux, il faut beaucoup d’eau. Mais attention, les eaux peuvent couler… un pays. Salut.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».