Au matin du 9 juillet 2014, aux environs de 7 heures, des fortes pluies se sont abattues sur plusieurs localités du Gorgol, provoquant des dégâts importants. A Mbout – plus particulièrement à Mbout Centre et Débaye Mbout – les habitants ont été réveillés par un vrai déluge qui a duré quatre tours d’horloge, avec, au final, 65,5 millimètres d’eau enregistrés et un lourd bilan : maisons détruites, ustensiles de cuisines emportées par les eaux, détérioration des réserves alimentaires et des semences agricoles, etc.. Des dégâts accentués par le déversement des eaux de ruissellement, en provenance des communes de Taringué et de Djiadjibiné, distantes d’environ vingt-cinq kilomètres du chef-lieu de la Moughataa. Selon le hakem mouçaïd de celle-ci et le maire de la ville, trois localités des deux communes précitées ont enregistré, dans la même matinée du 9 juillet, des précipitations atteignant quelque 120 mm (à Boudama et Hamoyey) et 140 mm (à Taringuel). La digue, qui semblait protéger la localité de Debay, construite en 1985 n’a pas résisté à cette fureur.
Sur le plan de la sécurité alimentaire, c’est la désolation car beaucoup de familles, surprises, n’ont pas eu le temps de sécuriser leurs vivres, ni leurs semences et encore moins leurs biens (habits et ustensiles de cuisine). Une situation qui se complique encore davantage avec les faibles récoltes de la campagne 2013 et la longue période de soudure qui a suivi. Plusieurs familles ont pu trouver refuge, temporaire, chez des voisins n’ayant pas ou peu souffert du sinistre, alors que d’autres, bien plus nombreuses, errent encore, sans abri, après avoir abandonné leurs concessions en banco, désormais inexistantes et englouties sous les flots.
Mobilisation en cours… mais qui tarde
Sous la supervision du hakem de M’Bout et sur instructions du wali du Gorgol, une commission de recensement des dégâts, répartie en plusieurs équipes, a été formée par les services déconcentrés de l’Etat, assistés par diverses ONG : GRDR, ACF, Oxfam, CRF, ADIG. Cette commission a évalué à 691l le nombre de ménages sinistrés à Mbout Centre et Débaye Mbout. 31 d’entre eux ont été déplacés et relogés, le 11 juillet, en des sites aménagés, par l’Etat, dans les quartiers Collège, Abattoir et Mosquée, pour les sinistrés de Mbout Centre, alors que ceux de Debay Mbout l’ont été dans les quartiers Est et Ouest. Les autorités administrative et communale ont également mis en place des commissions pour diligenter des actions supplémentaires. On les attend.
Selon les informations recueillies auprès du hakem de Mbout, l’Etat a déjà mobilisé un lot de 100 kits, composés de couvertures, produits d’hygiène et khaïmas (tentes) mais, au regard du nombre de sinistrés et de l’étendue des pertes, il est clair que cette assistance est très loin de couvrir les besoins, immédiats et fondamentaux, des victimes. Aussi le wali, le hakem et le maire ont-ils conjugué leurs appels à tous les intervenants au Gorgol à appuyer les efforts des pouvoirs publics. Il est important de souligner qu’aucun intervenant ne s’est engagé sur le terrain des promesses, se contentant de transmettre à qui de droit.
Des échanges entre les évaluateurs et les victimes, il ressort que les actions d’urgence s’articulent autour de la distribution de nattes, tentes et couvertures, pour l’habitat ; distribution de vivres et d’eau potable, pour la sécurité alimentaire ; kits d’hygiène, accompagnés d’une campagne de sensibilisation à l'hygiène et au traitement de l'eau, pour la santé publique, et mise à disposition d’équipements de pompage, pour la question environnementale, étroitement liée à la précédente.
Perspectives
Si la relance agricole doit s’appuyer sur la distribution de semences, il faut envisager une stratégie d’adaptation, face aux événements climatiques qui deviennent récurrents et intenses dans la zone, pour relancer les travaux du Projet des Zones Inondables (PZI), notamment en termes de plan de prévention des risques et de mécanismes d’alerte précoce. Avec un impératif : lancer une mission d’évaluation technique des risques, pour tous les ouvrages d’Aménagement des Eaux de Surface (AES) situés en amont des localités, qui font peser un risque, énorme, sur les habitations et leurs occupants. En attendant la mise en œuvre de tous ces mécanismes, on notera que les quartiers situés de part et d’autre de la route nationale reliant Kaédi (Gorgol) et Sélibaby (Guidimakha) sont également inondés et soumis à une forte pression des eaux de ruissellement, tandis que le cimetière reste totalement immergé.
Biry Diagana
CP Gorgol