Plan National de Développement Culturel (PNDC) : L’âme plurielle de la Nation

27 August, 2015 - 01:40

Après une longue léthargie, le ministère de la Culture bouge. Portée à la tête de ce département jusqu’ici parent pauvre du gouvernement, Hindou mint Aïnina, professeur de formation, fortement marquée par l’école d’Iguidi mais, aussi, par la multiplicité des autres foyers culturels du pays, a retroussé les manches pour redonner, à notre patrimoine culturel national, son lustre d’antan. Une tâche rendue très ardue par la quasi-momification du mammouth, travesti qui plus est.

Les premiers signes du réveil commencent à se manifester. Comme l’éducation, la santé et la lutte contre la pauvreté, la culture, cette ixième roue de l’attelage gouvernemental, vient de se voir dotée d’un Plan National de Développement Culturel (PNDC), chiffré à 8 427 068 000 UM. Echelonné sur cinq ans, il vise à revaloriser le patrimoine culturel national, cette « âme plurielle » de la nation mauritanienne. Parmi ses objectifs, on peut noter : « réécrire un contrat social national, construit et consolidé à partir des valeurs fondamentales de la Nation ; susciter un climat de complémentarité, de collaboration et de respect, entre les composantes de la Nation ; contribuer à la consolidation des fondements et valeurs de la Nation, de la citoyenneté et des attributs publics »…

« Face à la mondialisation des industries culturelles, à la mondialisation tout court, la Mauritanie doit se battre pour ne pas rater le rendez-vous du donner et du recevoir », précise le document, « grâce à une diplomatie culturelle active, offensive, et par la revitalisation de  son riche patrimoine culturel, creuset de son unité nationale […] Il faut cependant s’assurer que ce patrimoine respecte l’unité  de la Nation et participe à la préservation de sa souveraineté ».

Le Programme national quinquennal de développement culturel mettra en exécution, pour la première fois, une politique culturelle qui permettra la réalisation, dans tout le pays, d’activités d’envergure et fera participer les acteurs locaux à sa démarche, sous la supervision et avec la participation des différents départements de l’Etat. Un PNDC qui devrait entrer en vigueur sous peu. Une des composantes du programme, à savoir la revitalisation du patrimoine des valeurs, était justement l’objet d’une communication au Conseil des ministres du jeudi 20 Août, par madame la ministre.

 

Grands axes du Programme

Financé par le budget de l’Etat, avec l’appui des partenaires au développement, le PNDC s’articule autour de cinq grands axes : le renforcement des capacités institutionnelles, l’inventaire général du patrimoine culturel, le développement d’activités culturelles-phares, ainsi que de programmes de conservation et de mise en valeur du patrimoine culturel et naturel, pour le développement d’un tourisme durable des villes anciennes et de leur arrière-pays.

Longtemps jumelé à la Jeunesse  et aux sports, le département de la Culture n’a jamais réussi à jouer pleinement son rôle. Certains ministres passés à la tête de ce département n’ont vu ou voulu, par ignorance ou négationnisme, qu’une seule facette du patrimoine culturel du pays : les villes anciennes, voire quelques aspects du folklore négro-africain. Les media publics ont contribué à cette espèce de marginalisation de plusieurs composantes  du pays. La récente suspension, par la direction de Radio-Mauritanie, de notre confrère Mamadou Demba Sy, en couverture de la visite présidentielle au Gorgol, pour avoir, tout simplement, osé rappeler un fait culturel et historique de Maghama, témoigne des difficultés à faire, de la Culture, un creuset de l’unité nationale. Préserver les différentes composantes, matérielles et immatérielles, du patrimoine culturel national ; prendre en charge toutes les formes d’expression et de diversité culturelles nationales et les promouvoir, le tout pour générer un sentiment général de forte appartenance à une unité nationale commune, et une foi envers les symboles et valeurs de la Nation : Mint Aïnina a consacré l’essentiel de ses premières sorties à l’intérieur du pays à visiter ses hauts lieux de mémoire. Les accueils qu’elle a reçus, au Tagant (Tidjikja, Rachid, Meksem Boubacar, Gasr El Baka) et à Dieol témoignent de l’attachement des populations à leur patrimoine.

 

Gisements d’emplois

Revitalisation du patrimoine culturel et renforcement de l’unité nationale, la culture est aussi puissant levier de développement. Beaucoup de mauritaniens s’y adonnent, en font source de revenus. Grâce au PNDC, leur statut va changer, particulièrement en milieu rural. La mise en œuvre d’industries culturelles recèle en effet une forte capacité d’insertion de centaines de diplômés des filières littéraires et de milliers de techniciens, contremaîtres, ouvriers ; le soutien des productions culturelles, à travers la mise en place d’un système efficace de crédits dédiés à la culture et le développement d’actions et de programmes adaptés peut d’autant plus générer une dynamique nouvelle que le développement de la Culture constitue le quatrième objectif des OMD.

Ben Abdalla