La guerre du Sahara, cette guerre juste et légitime, dont on ne parle jamais, qui nous a coûté 2000 morts (2500 selon le Polisario), toute une armée, plusieurs milliers de blessés, de veuves et d'orphelins, ainsi que des centaines de prisonniers, ordonnée par un pouvoir civil on ne peut plus légitime, fondateur et bâtisseur de la première République a été sabordée par la junte qui a pris le pouvoir le 10 juillet 1978 et qui voulait transformer sa défaite militaire en victoire politique.
Ces précieuses vies, données à la mère patrie encore intacte, dans sa première épreuve combattante, ont été occultées, avilies par le Comité militaire. Ce grand sacrifice de nos combattants dans leur diversité, a été vite oublié. Pourtant ce sang que nos soldats, les premiers martyrs de la Patrie, ont versé avec courage et abnégation pour défendre notre intégrité territoriale, a nourri honorablement les racines de notre unité nationale naissante, aujourd'hui ébranlée par le passif humanitaire.
Nos prisonniers ont été obligés de taire les sévices dont les survivants portent toujours les stigmates, considérés comme un secret d'Etat. Nos héros ont été ainsi contraints de se résigner, et d'amnistier leurs tortionnaires, avant de rentrer dans les rangs, bouche cousue, ou de rentrer chez eux la tête basse, coupables d'avoir obéi à leurs chefs, conformément à la loi et aux règlements, pour défendre leur pays, engagé dans une guerre imposée par l'Algérie et où la Mauritanie était le maillon faible.
La libération de nos prisonniers a été retardée pendant plus d'une année, du fait semble-t-il, de l'inexécution par le CMSN de la clause sécrète de l’accord signé avec le Polisario. Cette clause secrète que le défaitiste CMSN ne pouvait honorer malgré son engagement ferme, consistait à rétrocéder directement au Polisario notre TIRIS ELGHARBIA, qui était entièrement occupée par nos alliés, les forces armées royales. Ces FAR étaient déployées presque dans toute la zone d'action jusqu'à Akjoujt, à 250 km au nord de la capitale, car nos forces armées démunies et mal organisées, concentrées sur la ligne de défense de notre unique chemin de fer avaient beaucoup de mal à accomplir cette mission.
Tergiversations et incompétence
Nos vaillants prisonniers de guerre ont ainsi fait les frais des tergiversations, de l'incompétence et surtout du manque de courage de leurs chefs métamorphosés politiciens, plus préoccupés à tourner définitivement l'encombrante page « des opérations de réunification » que par honorer leur serment d'officiers.
Les prisonniers du Polisario, quant à eux, très bien traités pendant leur séjour sur notre territoire, ont tous été libérés sans délai.
A Nouakchott les familles de nos chouhadas et de nos prisonniers ont été délogées, manu militari au début des années 80, du lopin qu'elles occupaient temporairement à (Kebet Assnadra actuelle Socogim PS et une partie du quartier Baghdad) ; elles ont été jetées dans les quartiers périphériques non lotis, sans abris, sans eau, sans électricité et sans aucune considération.
La zone qu'ils occupaient a été distribuée à des anonymes, par cette même junte dont les chefs avaient envoyé les pères de ces familles vers la mort, sur le champ de bataille. Depuis l'avènement du Comité militaire, le lundi 10 juillet 1978 jusqu'à ce jour, aucun intérêt n'a été accordé à nos martyrs. Même pas une simple prière pour le repos de leurs âmes. Ainsi leur grand sacrifice pour la Patrie a été inutile.
C'est sans doute le sacrifice sous-estimé et occulté de nos martyrs de la guerre du Sahara, considérée injustement par le CMSN comme une opération de maintien de l'ordre, ainsi que le sort réservé à nos anciens combattants et victimes de guerre et à leurs proches, qui a considérablement affecté le moral de nos troupes combattantes et abouti aux fiascos que l'on sait : Tentative du 16 mars 1981, Tentative du 8 juin 2003, Lemghaity 2005, Elghallawiya 2007, Tourine 2008, Hassi Sidi 2010, Wagadou et Bassiknou 2011, prise d’otages à la prison civile 2015, transformés par l’autorité militaire en succès virtuels.
Nos combattants ne sont plus près à défendre ce pays ingrat, qui n’apprécie pas le sacrifice de ses enfants à sa juste valeur.
Le territoire renié, objet de ce grand sacrifice, a été cédé de facto au Maroc par le pouvoir d'exception en 1980, lorsque les usurpateurs ont déclaré sans condition que: « la Mauritanie n'a pas de revendications territoriales sur le Sahara occidental », et se sont retirés honteusement, abandonnant notre TIRIS ELGHARBIA aux forces armées royales, tout en s'accrochant stupidement au lopin de La Guera. Ce même territoire a été cédé de « droit », au front Polisario le 27 décembre 1983, lorsque la junte a reconnu inutilement la république arabe sahraouie démocratique.
Décisions nulles et non avenues
On pouvait se contenter de reconnaitre le Front Polisario comme représentant légitime d'une partie du peuple sahraoui domiciliée à Tindouf, en attendant le choix décisif des deux autres parties, dans le Wad Edheheb et la Saguia Alhamra. Avant de céder ce territoire, la junte aurait dû consulter le peuple mauritanien sur le sort de notre TIRIS ELGHARBIA, mettre ce territoire sous mandat des Nations Unies, et continuer de le revendiquer pacifiquement, ne serait-ce que par respect pour la mémoire de nos martyrs, en attendant le fameux référendum du peuple sahraoui.
Il y a vingt-six ans, le 5 Août 1979, le CMSN pris de panique suite à l'attaque de Tichla le 12 juillet de la même année par l'Algérie s'est précipité pour signer, trois semaines plus tard, un accord de paix qui n'était en réalité qu'une véritable Capitulation en bonne et due forme. Vaincus par l'Armée algérienne, soutenue par le pouvoir libyen, par mercenaires du Polisario interposés, les chefs de nos forces armées ont été humiliés par le pouvoir algérien, qui leur a refusé catégoriquement une sortie honorable de ce malheureux conflit, pourtant très favorable au Polisario.
Cette sortie honorable consistait à laisser au gouvernement mauritanien l’administration de la région de TIRIS ELGHARBIA jusqu’au référendum. Mais l’Algérie exigeait la soumission totale et sans condition des nouveaux maitres de Nouakchott. Cédant à la panique et oubliant l’honneur, les représentants du CMSN ont ainsi capitulé livrant notre cher pays à l'interminable dictature militaire. La meilleure preuve qu'il s'agit bien d'une capitulation est que le texte a été signé à Alger dans la capitale de l'ennemi.
Cet « accord de paix » ainsi que cette « reconnaissance de la RASD » sont nuls et non avenus puisqu’ils sont l’œuvre d’un pouvoir défaitiste, usurpateur, illégitime et impopulaire.
Pourtant aucune solution juste, durable et acceptable pour tous, ne sera possible au Sahara occidental sans la Mauritanie. Pas en tant qu'observateur, mais en tant qu'acteur principal, désintéressé et détenteur, au regard du droit international, de la moitié de ce territoire. Il suffit pour cela, de dépoussiérer l'accord tripartite de Madrid signé par un pouvoir légitime, de demander au royaume chérifien de rendre au gouvernement mauritanien l'administration du Rio de Oro, qui pourra servir au besoin, comme territoire d'une future république sahraouie, au profit des irréductibles indépendantistes, réfractaires à toute autonomie ou à toute intégration, en territoire marocain ou mauritanien, dans le cadre d'une solution diplomatique consensuelle, privilégiant le Maghreb des peuples au Maghreb des Etats.
Colonel « (ER) Oumar Cheikh BEIBACAR