Un décret de la présidence a convoqué la tenue d’une session parlementaire extraordinaire qui devrait procéder à l’examen de la révision de la loi de finances 2015 et à l’adoption du nouveau projet de loi abrogeant et modifiant la loi 048/2007 incriminant l’esclavage en république islamique de Mauritanie. Comme d’habitude, ces deux mesures devraient passer comme une lettre à la poste. A quelques très rares exceptions, les chambres parlementaires africaines ne sont que des caisses de résonance qui sont au pas de l’exécutif qui les manipule à son gré pour faire passer ses politiques. En Mauritanie, plus de 150 des 196 députés sont de ce qu’on appelle pompeusement la majorité présidentielle. Les autres appartiennent aux partis des trois oppositions (Tawassoul du FNDU, El Wiam et APP de la CUPAD et AJD/MR d’Ibrahima Sarr). Même s’ils étaient fortement unis, les députés de l’opposition ne pouvaient pas infléchir l’avis de leurs collègues de la majorité. Certains d’entre eux se démènent quand même à leur faire entendre raison par moments. Selon une source parlementaire, le lobbying de certains parlementaires de l’opposition en vue de reporter l’examen du projet de loi d’abrogation de la loi 048/2007 auprès des députés de la majorité a permis grâce à l’aval de ceux-ci la convocation de cette session extraordinaire qui offre un temps plus raisonnable à un véritable débat sur le projet de loi. Mais en fait, la principale motivation nous chuchote un député est surtout d’un autre ordre : Pour une session ordinaire d’un mois, chaque député empochera trois cents cinquante mille (350.000 UM) d’indemnités. L’intérêt national, c’est bien. Quand c’est «assaisonné », c’est encore mieux.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !