La Mauritanie avant tout / Par Ishaq Ahmed Cheikh Sidia

9 July, 2015 - 04:42

Par ces temps troubles, il n’est point superflu de revenir aux fondamentaux. Car, plus le point de départ est consensuel, plus un terrain d’entente pourra être trouvé. Or, force est de constater que dans le contexte qui est le nôtre, il paraît urgentissime de savoir raison garder. Loin de toute polémique stérile, l’on ne peut que s’interroger sur certaines prises de position émergeant çà et là.

Il est vrai que chacun a le droit de jouer sa partition. C’est sa raison d’être. Mais de là à tout réduire au néant, à nier des réalités tangibles, à dire tout et son contraire, il y a un pas à ne pas franchir. Le citoyen lambda, lui, ne s’y retrouve plus. Il aurait sans doute été plus constructif et plus utile pour l’avenir du pays, de proposer des solutions aux problèmes posés. La tactique de la « terre brûlée », est certes une option mais aux résultats aléatoires et surtout aux conséquences douteuses.

Dans un climat de liberté totale (encore un point de consensus), chacun peut dire – et écrire – tout ce qui lui passe par la tête. Mais, finalement pour quels impacts, quelles retombées sur les populations et sur la situation socio-économique du pays ? Les actes devraient être évalués à l’aune des résultats escomptés. Evoquer sempiternellement une « crise » multiforme, inédite, voire fatale, n’est pas de nature à faire avancer le débat.

Toute analyse doit pouvoir s’asseoir sur une situation de référence. Seules des comparaisons objectives auront des chances d’éclairer l’opinion publique et lever un coin du voile sur nos réalités. Dans ce cadre, une question presque existentielle s’impose : d’où venons-nous ? N’ayons pas la mémoire si courte. Année 2008 : qui, à l’époque, a pris un risque personnel en décidant de faire sortir le pays d’une situation dont la majorité écrasante de nos concitoyens s’accordait sur le caractère proprement ubuesque ? Qui a déclenché une guerre sans merci contre la corruption ?  Qui a aussi réussi à instaurer la sécurité et la stabilité ?

Je me rappelle – comme sans doute la plupart d’entre vous – avoir passé, durant les années d’instabilité, des nuits blanches au rythme des explosions et des tirs d’armes automatiques. Combien d’enfants ont vécu d’insupportables moments d’épouvante ! Que de peurs contenues, de cris étouffés, de terreurs collectives ! C’était, vous en conviendrez, un cycle infernal qui a marqué l’une des périodes les plus sombres de notre histoire. Ils apparaissent maintenant bien loin, ces moments d’effroi qui ont failli remettre en cause jusqu’à l’existence même de la patrie. Aucun patriote sincère ne souhaite une telle instabilité et un tel climat de peur dans son propre pays, à l’instar de ce qui se passe malheureusement dans bon nombre d’autres contrées du voisinage.

Rien que d’avoir réussi à endiguer un tel cycle de violence, notre reconnaissance doit être totale pour le Pouvoir en place. La Mauritanie avant tout. Cela n’aurait pu être possible sans une vision claire de ce que doivent être nos forces armées et de sécurité. Sans une armée forte, bien équipée et motivée, aucune stabilité du pays ni quiétude des citoyens ne sauraient être accomplies. C’est ce qu’a compris très tôt ce Pouvoir et c’est dans ce sens qu’il a précocement œuvré.

Nul n’est besoin de rappeler les liens évidents entre les préalables ci-dessus évoqués et tout processus de développement économique. En un temps aussi bref,

des réalisations tangibles qui resteront au fil du temps des acquis pour ce peuple, ont été accomplies. Durant les dernières années, la croissance économique a été au rendez-vous (plus de 6 % en moyenne). Les finances publiques ont été assainies et grâce à une lutte acharnée contre la gabegie, des ressources importantes ont pu être orientées vers les infrastructures de base. Les prochaines années, les efforts seront poursuivis et intensifiés pour consolider les acquis et élargir l’accès aux services de base des populations les plus vulnérables.

Les prises de position qui contestent le bien-fondé des politiques et stratégies mises en vigueur, voire nient tout bonnement tout acquis durant les sept dernières années, sont tout simplement sidérantes. Une bonne frange de ces « contestataires » a déjà largement « profité » de situations antérieures iniques. Est-on en droit alors de se poser la question : l’intérêt personnel prime-t-il sur l’intérêt supérieur du pays ? En d’autres termes, la voie suivie par le Pouvoir en place menace-t-elle des intérêts particuliers qui ont prospéré auparavant ?

La contestation serait-elle ici la voie royale pour développer dans les esprits des contradictions inextricables, ou bien une forme de répudiation du vécu plus qu’une manière de se cramponner à un imaginaire nébuleux ?

 

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