Faits divers… Faits divers… Faits divers…

25 June, 2015 - 01:51

« Dakhal chi » célèbre le mois béni

« Dakhal chi » est une expression tristement célèbre à Nouakchott. Elle désigne un phénomène vieux de vingt-cinq ans : une sorte de racket apparu en 1994, dans les kebbas (bidonvilles) et qui se propagea un peu partout dans la ville. De jeunes voyous se tiennent en embuscades en des lieux isolés. Le moindre passant se retrouve sous la menace d’armes blanches et délesté de tout, parfois avec violence. Tous les pionniers du Dakhal chi sont devenus par la suite de grands délinquants. Si beaucoup dorment actuellement en prison, quelques-uns se sont reconvertis et insérés dans la vie honnête. Mais le phénomène perdure, de générations en générations, surtout le long des axes sud et sud-est de la capitale. En ce début du mois de Ramadan, on en constate une recrudescence soudaine.

Mohamed Ali, un commerçant du quartier Carrefour Nancy, rentre de la mosquée vers 23 heures. Dans la rue qui jouxte son domicile, trois jeunes délinquants l’entourent soudain, couteaux tendus. « Pas de bruit ! Ôtes ton boubou et tes chaussures ! », lui ordonnent-ils. Effrayé, le pauvre homme s’exécute. Les bandits s’emparent du vêtement et de son contenu : un peu d’argent et un téléphone portable de valeur. Bons princes, ils consentent cependant à lui passer le vieux boubou que porte l’un d’eux. « Va-t’en, sans te retourner ! Sinon… », menacent-ils.

Même nuit, même quartier, même type d’agression : un jeune homme se voit délesté de ses habits, chaussures, téléphone et petite somme d’argent. Probablement plus récalcitrant, celui-ci se fait molester avant d’être abandonné. A Teyaret, ce sont des dizaines de victimes qui ont ainsi fait les frais de ces bandes. La police est sur les dents, multipliant rondes et patrouilles. En vain, jusqu’à présent, mais, tôt ou tard, ces malfaiteurs se retrouveront à la conclusion classique de ce genre d’agissements : au trou et à choisir entre ne plus jamais y revenir ou s’en faire un séjour de plus en plus fréquent…

 

Les courtes vacances de Noumeïry

Les zones sud et sud-est d’El Mina ont, elles aussi, connu une vague d’insécurité au cours des trois dernières semaines. Dans tous les quartiers de Jedda et Dar el Beïdha, personne n’ose plus mettre le nez dehors après vingt heures. Un colosse de grande taille et doté d’une force herculéenne circule, armé d’une machette, et attaque tous ceux qu’il croise. Chaque nuit, il braque au moins dix personnes. Celui qui résiste est, aussitôt, passé à tabac.

Il lui arrive même d’attaquer des familles qui prennent un peu l’air devant leur maison. Fermement décidé de mettre terme à cette situation, le commissaire central de Nouakchott-sud a dépêché plusieurs de ses hommes à cette tâche. Le portrait-robot dressé suite aux déclarations des victimes permet d’identifier rapidement le truand : Il s’agit du tristement célèbre récidiviste Noumeïry. Ce bandit de grands chemins est sorti de taule il y a tout juste un mois. Doté d’un riche palmarès, il a séjourné des dizaines de fois en prison et connaît les violons de presque tous les commissariats de police de Nouakchott.

Noumeïry a fini par être coffré à Dar El Beïdha, il y a quelques jours. Il n’aura donc pas accompli deux mois de liberté. Après quelques jours de garde à vue au commissariat d’El Mina 3, il s’est retrouvé devant le Parquet, confronté à quelques-unes de ses nombreuses victimes, et transféré, en suivant, à la cour 1 de Dar Naïm. Drôle de vie…

 

Saddam et sa bande coffrés

Comme tout le monde le sait, la plupart des quartiers d’Arafat constituent des zones à haut risque. A El Vellouja, des bandes fortes de nombreux éléments circulent et sèment la terreur. Au cours des deux semaines passées, recrudescence nette des braquages et agressions. Des délinquants qui se déplacent en voitures, ciblant les vendeurs de cartes de recharge GSM, se sont emparés de plusieurs lots de cartes et de recettes d’argent cash. Le commissariat de police d’Arafat 3 a lancé ses limiers aux trousses des malfaiteurs. Le résultat ne s’est pas fait attendre avec l’arrestation de Saddam, un repris de justice notoire, et de son lieutenant Moustapha, dans leur repaire à Kandahar. La fouille du local a permis de découvrir un important butin. Plusieurs autres complices des deux voyous ont été arrêtés dans les heures qui ont suivi. Après trois jours de garde à vue, la bande a été déférée puis écrouée.

 

Un disciple d’un érudit agresse un magistrat

Vendredi 19 Juin vers vingt-et-une heures, la grande mosquée du Carrefour du 24 Avril grouille de monde. Les uns attendent la prière d’El Icha, les autres – la grande majorité – l’arrivée de Mohamed ould Sidi Yahya, le célèbre prêcheur, qui doit discourir en ce lieu pieux. Un quidam repère une place libre, sur un tapis de prière au second rang, et l’y voilà bientôt plongé dans la courte « nafila » de la « Tahiya de la mosquée ». Mais alors qu’il s’apprête à l’achever, voici qu’un colosse enturbanné se plante devant lui, lui assène une gifle et commence à le rouer de coups ! On intervient pour sauver le pauvre homme des griffes du fanatique et l’on somme ce dernier de s’expliquer. « Ce tapis est destiné à l’illustre ould Sidi Yahya ! Cet espion à la barbe rasée est venu le salir ! », répond, ulcéré, le disciple boutefeu. Couverte d’ecchymoses au visage et au corps, la victime s’adresse à la foule : «  Je m’appelle Mohamed ould Cheikh Sidiya, je suis magistrat. J’ai vu un tapis qui n’était pas occupé et voulu, tout simplement, l’utiliser pour prier. » L’illuminé saute de nouveau vers lui mais on le maîtrise. Des policiers pénètrent alors dans la mosquée et embarquent le fanatique pour une garde à vue au commissariat de Toujounine 2. Après la prière, le procureur  de la République se rend sur la scène de l’agression pour en dresser constat. Aux dernières nouvelles, le bouillant disciple est toujours au violon, malgré les démarches entreprises par ould Sidi Yahya pour le faire libérer.

Mosy