L’épreuve de physique et chimie du baccalauréat a fuité, nous a avoué le directeur des examens et concours. Une enquête serait ouverte pour situer les responsabilités et probablement prendre des sanctions. Pour faire tomber ou sauter des têtes. Mais dans un pays normal, des têtes seraient tombées d’elles-mêmes avant de remonter toute la chaîne. Les premiers responsables n’attendraient pas d’être poussés vers la sortie, ils auraient pris les devants.
En Mauritanie, tout est à l’envers ou presque. Dans ce pays, on ne démissionne pas et il est même très rare de faire démissionner quelqu’un s’il n’est pas «gabegiste ». Des scandales sont tout le temps dénoncés mais les sanctions suivent rarement. Parfois même ce sont les auteurs de forfaits graves qui reviennent avec des promotions inédites. Jamais imaginées dans un pays normal.
En cette année de l'éducation, les têtes doivent tomber pour sauver ce qui en reste.
Au niveau de l’éducation, le fait est très grave. Elle est au cœur et conditionne donc tout le reste du pays. Comme on le dit, si la tête est pourrie, le corps ne peut s’en porter mieux. Nos administrateurs et autres décideurs apprennent trop tôt à tricher. A l’école et parfois dans la boutique. Ils réussissent toujours à introduire des papiers, des cahiers et aujourd’hui des téléphones portables dans les salles d’examen. A qui la faute ? Le chef du centre d’examen et les surveillants dans les salles.
A l’école, les écoliers ne redoublent presque plus. Le passage en classe supérieure fonctionne comme un système pousse-pousse. C’est en Mauritanie seulement qu’on peut se retrouver, lors de la première composition, avec un résultat de 98% de blâmes et d’exclus, et en composition de passage avec 99% de passants. Les résultats sont dans la majorité des cas toujours modifiés. Ceci du fondamental à l’université. Normal que le niveau soit nul. Les enseignants sont médiocres, comment voulez-vous qu’ils dispensent un enseignement de qualité ? La triche leur permet de « masquer » cette médiocrité devant la tutelle et l'opinion.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !