Le dialogue politique fait du surplace

10 June, 2015 - 23:53

La tournée présidentielle à l’intérieur du pays a mis en veilleuse les tractations politiques pour l’établissement d’un dialogue entre le pouvoir et son opposition dite « radicale », à savoir le FNDU. Et pour cause, le monsieur Dialogue du pouvoir accompagne le Président dans ses randonnées. Accroché, par le reporter du Calame, lors d’un arrêt à Thiéguelel, une localité du département de M’Bagne, sur les chances de voir prendre la mayonnaise qu’il est en train de battre, le docteur Moulaye ould Mohamed Laghdhaf nous confie, très détendu, veste sur l’épaule et casquette à la main, que « les contacts n’ont jamais été interrompus entre les deux camps ».

Quoiqu’il en soit, les tentatives de dialogue entre le pouvoir et l’opposition ont du plomb dans les ailes. De l’avis de tous les acteurs, aucun des camps ne semble pressé à le nouer, après juste deux séances d’échanges de bons procédés. Après la remise, par le FNDU, de sa « vision » de l’avenir de la Mauritanie et de ses exigences à voir le pouvoir prendre des « mesures d’apaisement » préalables au dialogue, la majorité présidentielle ou ce qui en tient lieu ne s’est contentée que d’une réponse orale ou plutôt de « commentaires oraux ». Un petit couac qui a conforté l’opposition dans son doute de la sincérité du pouvoir à préparer les conditions d’un dialogue franc et sincère.

Depuis, les observateurs notent comme une espèce de « sur place ». Un tango guère amoureux puisqu’il ne tient qu’à la méfiance entre deux camps. On dirait que les uns et les autres ne mesurent pas l’urgence qu’il y a de dépasser leurs divergences, de mettre la Mauritanie avant tout, comme les invite à faire Messaoud ould Boulkheïr, président du parti APP. Pourtant tous reconnaissent la nécessité d’engager débat. Si le gouvernement s’obstine à déclarer que la situation du pays est « bonne » voire « très bonne », en dépit de la baisse, drastique, des recettes minières, l’opposition la qualifie, elle, de « catastrophique ». Dans un cas comme dans l’autre, la Mauritanie, frontalière d’un Sahel agité, a besoin de stabilité et de paix. Les expériences malheureuses, en matière de démocratie et d’alternance mal négociées que le Continent offre  au Monde, doivent inciter les uns et les autres à plus de prudence et de modération.

DL