Visite du président au Brakna :

28 May, 2015 - 01:55

Premier raté

Au cours de la réunion des cadres organisée par le wali du Brakna, le vendredi 22 Mai, à la Maison des jeunes, les interventions des uns et des  autres ont fait resurgir nombre de divergences. Au souhait du wali de les voir justement toutes dépassées, pour bien accueillir, ensemble, le président de la République, un intervenant a répondu que l’administration doit, à son tour, traiter avec égalité tous les responsables régionaux. Certaines sources locales accusent en effet les autorités d’accorder plus d’importance à certains très hauts responsables qu’à d’autres. Le ministre des Finances, Moktar ould Diay, ressortissant de l’arrondissement de Dionaba, département de Magta Lahjar, n’était-il pas justement assis à côté du wali, sur l’estrade ? Alors que son collègue de la Défense, Diallo Mamadou Bathia, les députés  et les sénateurs étaient assis en bas, avec les citoyens ordinaires et les « anciens » comme Thiam Diombar, Cheikh Sid’El Moktar ould Cheikh Abdallahi, Mohamed Mahmoud ould Agrabatt et consorts ? Le ministre de la Défense n’aurait pas bien apprécié ce traitement sélectif entre deux ministres dont l’un est pourtant de souveraineté. C’est pourquoi se serait-il retiré juste dix minutes après le commencement de la réunion, avec deux autres cadres de Boghé qui l’accompagnaient. L’attitude du wali est d’autant plus injustifiable que le ministre de la Défense s’était déplacé le matin à Aleg pour lui confirmer sa présence à la réunion, accompagné de quelques cadres de sa ville.

 

Réquisition

A  Aleg, les autorités auraient requis, des cadres, l’usage de diverses villas privées, pour accueillir une partie de la délégation présidentielle pendant les vingt-quatre heures où elle séjournera dans la capitale régionale. Naturellement, tout le monde y aurait consenti, au point qu’on dut recourir, selon une source proche de l’administration, au tirage au sort pour désigner les « heureux gagnants » dont les maisons serviraient d’annexes aux locaux administratifs insuffisants à l’accueil de la délégation, composée de plusieurs ministres, conseillers et autres chargés de mission à la présidence. C’est aussi une façon un peu détournée d’impliquer, financièrement, les cadres, puisqu’en principe, ils prendront en charge les accessoires de l’hébergement et n’accepteront, pour rien au monde, une quelconque « interférence » logistique de l’administration. Seul le hakem de Magta Lahjar a fait savoir, aux cadres de son département, que l’administration prendrait entièrement en charge les frais d’accueil de la délégation présidentielle au cours de son séjour.

 

Mise en scène

Depuis quelques jours, des camions transportant matériel médical et équipements sillonnent la wilaya. L’hôpital régional d’Aleg est complètement équipé. Ses murs repeints. Ses salles, habituellement dépourvues, rééquipées en lits, draps et autres. Son unité dialyse ouverte. L’’équipe chargée de la faire marcher (un médecin et quelques infirmiers) précipitamment formés à Kaédi sont sur place. Les dispensaires départementaux et les points de santé de certaines communes rurales sont remis à niveau, en termes de personnel, d’équipements et de consommables médicaux. Du côté des établissements scolaires, c’est exactement la même chose. En temps normal, les écoles ont fermé, depuis, au moins, une semaine. Mais aujourd’hui, tout le monde s’affaire. La direction régionale de l’Education nationale. Les inspections départementales. Les établissements. Large distribution des livres et des outils de gestion, les 6 et 7 Mai. « Au moment où l’on en a le plus besoin, puisque c’est la fin de l’année », ironise un directeur d’école de Bouhdida. Rappel des instituteurs et des professeurs égarés, pour participer à la comédie… Bah ! Juste vingt-quatre heures, pour faire croire que tout baigne, ce n’est pas la mer à boire !

 

Air de campagne

Les jours qui précèdent l’arrivée du président au Brakna ressemblent à des jours de campagne électorale. Chaque acteur politique local gère son QG, mobilise son monde, confectionne ses banderoles. Les slogans fleurissent. Partout. Surtout ceux qui réclament que son Excellence Mohamed ould Abdel Aziz reste au pouvoir encore quelques mandats. Comme dans toutes les autres wilayas, chaque tribu prépare sa réception. Ses populations et son carnaval. Déjà samedi soir, la femme de l’administrateur directeur général de la SNIM a donné le ton, en organisant une soirée artistique pour sensibiliser les populations à venir nombreuses à l’accueil du Président. Les tribus et les clans du Brakna se préparent. C’est vraiment le branlebas. Tout pour que la visitation marche bien. La grand-messe n’est pas dite mais elle sera grandiose : ce serait si inconvenant qu’elle ne le soit pas…