Ould Abdel Aziz a, finalement, tenu sa conférence de presse, mardi dernier 5 Mai. La deuxième en un mois et quelques jours. Sévèrement recalé à son premier oral, notre guide éclairé s’étant trouvé, rapidement et avant même le début des questions, étranglé par la colère, le second ne fut pas un succès. Sa seule raison d’être est de tenter d’effacer l’image, désastreuse, laissée par la précédente rencontre, avec quelques journalistes triés sur le volet. Pourtant, aucune de ces conférences ne se justifie. Ni par le timing, ni par l’ampleur des réalisations, ni par une annonce importante. On pensait que le Président allait profiter de cette tribune pour annoncer la découverte, par Kosmos, d’importantes quantités de gaz et les perspectives qu’elles offriraient au pays. Il s’est juste contenté de quelques mots sur le sujet. On lui a, peut-être, susurré à l’oreille que cette même société avait publié une telle annonce, il ya quelques années, au Maroc, pour du pétrole cette fois, avant que l’info ne se révèle un canular. Surtout que les Sénégalais viennent de faire une mise au point importante, en précisant que les découvertes annoncées se trouvent en territoire mauritanien. Une façon comme une autre de ne pas donner de faux espoirs à leur peuple, au cas où… on ne sait jamais.
Qu’a dit Ould Abdel Aziz de plus que la dernière fois ? Le premier tour de table a été réservé à ses « visitations » à l’intérieur du pays. Il en a profité pour rappeler ce qu’il pense de lui-même, de son gouvernement et des populations qui, contrairement à ce que prétendent les « gens de Nouakchott », ne souffrent pas autant de la sécheresse et de la soif. « Trente mille tonnes d’aliment de bétail ont été vendues à des prix subventionnés par l’Etat et les bidons jaunes, brandis dans certaines localités, ne veulent pas dire que les populations ont soif », dira-t-il. Un signe de joie, peut-être ? Concernant sa déclaration de patrimoine, dont les détails n’ont pas été révélés, contrairement aux usages, notre guide éclairé s’est déchaussé sur l’actuel président de la Cour Suprême qui lui a déclaré que « le texte n’est pas contraignant pour le second mandat ». Il est, peut-être, devenu plus pauvre, entre-temps. Arrêtons de lui chercher la petite bête. Sur le BASEP, dont la régularisation de la situation est préalable à l’amorce du dialogue avec le FNDU, Ould Abdel Aziz s’est voulu clair : « Pourquoi cherche-t-on à dissoudre ce bataillon ? », s’interroge-t-il. Hochement de tête désapprobateur de certains. On aurait, pourtant, pu lui répondre que c’est parce qu’il a deux coups d’Etat à son actif. Il est incompatible qu’une démocratie qui se respecte ait, ainsi en permanence, une épée de Damoclès sur sa tête.
Le passif humanitaire ? Réglé. La question de l’esclavage ? Exploitée, par certains, à des fins égoïstes. Le Ghanagate ? Une tentative d’arnaque, comme on en voit tous les jours, et dont j’ai été victime. L’évocation, par un confrère, d’un article du journal « Le Monde », revenant sur cette affaire, a provoqué l’ire du Président. Chassez le naturel… Ce fut, pour lui, l’occasion de s’en prendre au site « Mondafrique » et à son fondateur, Nicolas Beau, financé, selon lui, par un homme d’affaires mauritanien exilé, dans le seul but de dire du mal de lui, avec la complicité d’un journaliste mauritanien. Occasion, par là-même, de nous rappeler qu’avec l’emportement, la rancune lui est plus tenace que la reconnaissance. De quoi revenir, effectivement, au galop. Mais pour quelle course en rond ?
Ahmed Ould Cheikh