Liberté d’expression : haro sur l’inconséquence / Par Ishaq Ahmed Cheikh Sidia

7 May, 2015 - 02:32

Il n’est un secret pour personne qu’un vent de liberté sans précédent souffle aujourd’hui sur la Mauritanie. Notre situation en matière de la liberté d’opinion et d’expression est sans équivalent dans de très nombreux pays, aussi bien en Afrique que dans le reste du monde. Au niveau du monde arabe par exemple, nous sommes en tête du classement des pays où la liberté d’opinion est respectée, comme l’attestent les rapports du Réseau arabe sur les droits de l’homme. 

Ainsi tout le monde peut s’exprimer, donner son avis sut tout et sur n’importe quoi. Aucune entrave à cette liberté n’est à déplorer. Le foisonnement des sites internet, la liste interminable de « journaux » plus ou moins crédibles, plus ou moins réguliers, le grand nombre de stations de radio et de chaînes privées de télévision, en sont des illustrations.

Dans un tel environnement, bon nombre d’entre nous se découvrent subitement une vocation « d’analystes », « commentateurs » ou « chroniqueurs ». Rien, décidément, n’arrête le progrès ! Qu’il est loin le temps où les libertés étaient muselées, les bouches cousues et à la moindre incartade, bonjour les dégâts !

Mais, revers de la médaille ou inconséquence d’une frange de nos concitoyens, les limites à la liberté sont régulièrement outrepassées, mal interprétées, voire carrément piétinées. On sait depuis longtemps, que « la liberté s’arrête là où commence celle d’autrui ». Or, force est de constater que des « tribunes » sont souvent utilisées pour attaquer, calomnier ou même invectiver tel ou tel. Ce n’est nullement la raison d’être d’un média, ni le but qui devrait être assigné à un article ou un texte quelconque.

Autrement plus grave, est la (re)mise en cause des symboles nationaux. Dans tous les pays du monde, développés ou en voie de développement, les citoyens sont tenus de respecter un certain nombre de symboles liés à la souveraineté, à l’existence même de la nation. Il en est ainsi par exemple du drapeau, de l’hymne national, d’un certain nombre d’institutions de souveraineté. Ces considérations élémentaires, doivent être présentes chaque fois que l’un de nous souhaite exprimer une opinion quelconque. Car, sans ces précautions, c’est la porte ouverte à toutes les dérives, aux imprévus et partant à la cacophonie.

Au cœur donc de tout civisme, de tout sentiment d’appartenance à un pays, figure d’abord en bonne place, le respect du pays dont on est issu. Ce respect couvre bien évidemment tout ce qui représente ce pays, ses symboles, ses représentants, ses citoyens. Mais le respect n’exclut pas la critique constructive, l’information objective et l’analyse pertinente. Cependant, il implique au premier chef, de bannir tout ce qui peut être interprété, de près ou de loin, comme une intelligence ou entente avec qui que ce soit au détriment de son propre pays.

 

Ishaq Ahmed Cheikh Sidia ([email protected])