Il y a la visite ou la visitation. II y a les tribus. Il y a les élections pour désigner le président de tous les écrivains et poètes de Mauritanie. Ça bouge. Mais il y a la complaisance qui frise l’hypocrisie. Cette complaisance si répandue chez nous. C’est comme toutes les autres incongruités qui aplatissent notre société, si ringarde, si imprévisible, si vieillotte. Il y a les télés privées et les radios. Pour qui tout est beau, tout est joli, extraordinaire même. Ici, tout est complaisance. Tout est hypocrisie. Tout est faux. C’est la culture de la dissimulation, du non-dit, des insinuations. Comprenne qui pourra. On peut dire oui, pour vouloir dire non. Et dire non, pour vouloir dire oui. Un véritable imbroglio. Les wallahi, hag, wallahi sont chargés. Les hochements de tête, inquisiteurs. Le Wakhyert, générique. Il est pour tout. Il est pour tous. Sublime. Magique. Naturel. Mais il ne veut rien dire, au bout du compte. C’est même devenu un leitmotiv, chez certains. Une fin de parole. Comme ça. Comme cela. Wakhyert, à tour de bras. Aux voleurs. Aux violeurs. Aux apostats. Aux bons. Aux méchants. C’est Vlane (untel) ? Wakhyert. Telle tribu ? Wakhyert. Sidi ? Wakhyert. Mahmoud ? Wakhyert. Amadou ? Wakhyert. Pierre, Paul ou Jean ? Wakhyert. Complaisance, quand tu nous tiens ! Notre vaillante armée nationale. Nos vaillants soldats. Nos brillants oulémas. Qui ont brillé aux quatre coins du monde. Qui ont frappé les foies des chameaux, d’Est en Ouest, pour porter l’islam et ses valeurs. Le Bilad Chinguitt. Le Trab El Bidhane. Justement, le temps de la renaissance, avec un appel à la Nation. Une partie de la Nation, pour ressusciter la brillantissime époque des Beni Hassan, des Zwayas, des forgerons, des Abids, des Znagas et autres griots. C’est une autre face de la Mauritanie nouvelle. De la Mauritanie qui recule. Un parti pour que chacun reprenne la place de son aïeul. Refaire les rôles, en quelque sorte. C’est tout aussi une forme de complaisance. Une extrême-droite nationale. Une extrême-gauche, peut être. Un sommet. Placé très haut. Vraiment haut, au point de ne plus rien entendre et de ne plus rien voir. Une base désemparée où chacun dit ce qui lui va et ce qui ne lui va pas. Extraordinaire, ce qu’a fait ce Vlane-ci. C’est du jamais vu, ce qu’a fait cette Vlana-là. Complaisance toujours. Complaisance encore. Qui a jamais vu, en Mauritanie, un artiste qui ne soit pas extraordinaire ? Un griot qui n’ait jamais dit ce que les autres ont déjà dit ? Ha, ce que tu as dit ne peut pas être dit. La grande artiste : petite en âge, grande en art. Eski ski ski ! Qui a jamais entendu un poète mauritanien dire un mauvais poème ou une mauvaise Tal’a ou Gav ? Tout est bon. Tout est extraordinaire. Personne n’a jamais dit ni fait ça avant, personne. Tous ex-aequo, comme on dit au fondamental. Tous bons. Tous jolis. Tous exquis. Eski. Que quelqu’un dise qu’un et un font trois ou quatre, on lui dira toujours : c’est bien. En vérité, c’est presque ça. Rien n’est plus grand que ça. Ce que tu as dit n’est pas loin de ça. Entre deux et trois, bof, pas une grande différence. Tout comme entre trois et quatre. Donc, c’est bien. Exactement comme cette histoire du dernier que son tuteur présentait, aux gens, comme troisième, sans préciser que l’effectif général des concurrents n’était que de trois. Manipulation. Complaisance. Hypocrisie. Les Mourabitounes sont d’un grand talent pour avoir battu, à peine, les juniors du Niger. L’éminence, le génie, wakhyert, sont des concepts qui ne veulent plus rien dire. Qui ne renvoient plus à rien. De toutes les façons, on est tous éminent quelque chose, génie de quelque chose et wakhyert quelque chose. Tous des dents de peigne. La complaisance est de la bienséance. Tout le monde est ange. Personne n’est Satan. Sauf dans la discrétion. En aparté. Loin. Y a qu’en Mauritanie qu’il y a des choses qui ne se disent pas sur terre. Nos généraux sont les meilleurs. Notre armée ? La plus républicaine de toutes. Nos coups d’Etat ? Des restructurations de la démocratie. Des ajustements. Des réajustements militaires de mauvais tirs civils. Notre pays, le plus beau. Complaisance. Salut.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !