Bon, le Dialogue avance. Petits pas par petits pas. Qu'importe la longueur du pas, elle dépend de la jambe de celui qui marche.
Parfois c'est « deux pas en avant, trois pas en arrière ». Il y a des pas de côté. Des pas glissés. Des pas cadencés.
Là nous avons droit aux pas, tout simplement. Le Dialogue étant, par nature peu enclin, sous nos latitudes, à être franc et spontané, il a tendance à parfois traîner. Puis il s'accélère. Puis il ralentit.
A chaque fois que l'on pense qu'il trouve sa vitesse de croisière, il marque une pause au stand ravitaillement de son parti ou de son groupement de parti ou, mieux encore, de la Majorité.
L'avantage du Dialogue c'est qu'il dure : d'abord la demande, suivie de la réflexion de la partie invitée à tchatcher. En premier lieu nous avons droit au fameux « pas de Dialogue.Dialogue piège à gogos ! ». On laisse à la colère le temps de retomber, on entame des réunions tout azimut et, en fin de compte, le principe est admis. Puis vient le temps des « Préalables ». Selon la couleur des candidats au Dialogue, la question des Préalables peut occuper plusieurs mois. Il faut d'abord s'entendre sur les préalables. Comme ceux ci s'adaptent à l'actualité, les négociations peuvent s'éterniser.
Une fois la liste des préalables admise par toutes les parties, il faut se réunir, blablater, accorder les tidinits, se sourire pour la photo et pondre le communiqué spécial « préalables » et « ambiance franche et cordiale ».
Cela prend des mois, voir des années. Nous avons donc le temps d'admirer cette énième version du Dialogue chez les Nous Z'Autres.
Le Dialogue s'est imposé comme incontournable de notre paysage politique.
Comme les « visitations » présidentielles.... La prochaine c'est Kiffa.
La dernière ce fut celle de Zouérate, à la rencontre des niébés sauteurs du Tiris minier et très nordique partie géographique de notre pays à la forme géométrique étrange et quelque peu bizarre.
La dernière frontière, qui nous ouvre vers le monde dit arabe (pardon à mes amis amazigh et autres, je fais dans le discours officiel), donc « civilisé », selon la doxa enseignée depuis des décennies maintenant. Ok, ce n'est pas dit comme ça, mais, en gros, c'est ça...
Bref, revenons à nos niébés nordistes.
L'accueil de notre Raïs n'a pas été de tout repos. Sacrilège des sacrilèges, crime de lèse majesté, il fut accueilli, chez certains, par des « Zéro, Zéro ».... Houla ! De mauvaise humeur les braves habitants de notre perle minière !
Faut dire qu'après une grève de deux mois, des cafouillages, des phrases peu amènes de la part de notre Président, ils avaient la rate au court bouillon (cherchez pas, c'est une expression française), ils étaient verts de rage (pourquoi verts ? Demandez donc aux toubabs, moi je ne sais pas), ils avaient la tête chaude....
On a eu donc droit à toute cette envolée de « Zéro, Zéro » aux R amoureusement roulés et à l'accent énervé.
L'affront devant être lavé, la riposte ne s'est pas fait attendre.
Et là, nous avons eu droit au sport national, que dis-je, à l'orthodoxie sacrée du comportement du bon laudateur devant le Roi : le sprint devant et à côté de la voiture présidentielle.
Et ça a sprinté sec, écharpe de député au vent. Un vrai sprint de Fou du Roi.
Mais quel moustique a donc piqué notre député sprinteur pour ainsi montrer au monde entier et, surtout, à la TVM et à l'AMI, que non seulement il savait accueillir l'impérial invité, mais en plus, haranguer la foule, la chauffant à blanc afin que notre Sultan puisse dire que « wallahi, Zouérate sait recevoir ».
Dans d'autres contrées, on appelle ça l'amuseur de galerie, l'aboyeur public.
Un grand moment de culture poétique et savante. J'ai tenté de comprendre quel genre de louanges étaient chantées et, en définitif, je ne peux que m'incliner humblement devant notre député coureur de fonds et grand ordonnateur des réjouissances.
Il a montré son immense culture quand à la musique maure et a réussi à mixer, en même temps, deux monuments de notre patrimoine musical : Theydin et Chikr, tout ça en même temps, oui Monsieur, oui Madame. Tout ça et plus encore !
Pour les non habitués aux subtilités de notre patrimoine musical maure, Theydin ce sont des chants qui vantent le courage et la force d'un Emir, notre Sultan en l’occurrence ici.
Le Chikr sont des chants de louanges de la tribu du Prophète ( PSSL), les Oulad Bou Sbaa en ce qui concerne notre visitation impériale.
Faut-il donc que notre Président ait eu « l'oreille blanche » pour apprécier tant de talents et de déclamations.
On ne saura jamais ce qu'il a préféré : la foulée du député ou sa culture...
Nous voilà donc, depuis cette visite mouvementée à Zouérate, « enrichis » d'un nouveau sport : la course du député louangeur devant la voiture d'un Président.
Alors, braves Nous Z'Autres de Kiffa, z'êtes avertis : va falloir innover, faire du neuf, inventer.... ça va être dur après la prestation sportive de notre député en transe....
Je ne sais pas moi..Vous pourriez organiser un cortège d'unijambistes qui encadrerait le convoi officiel..ou faire courir des paralytiques...ou peindre le ciel en vert et y inscrire le nom de notre Président....
Zouérate a offert un député coureur ? Offrez en deux, ou trois, ou même quatre....Ajoutez y tous les laudateurs qui suivent ou précédent les visites....
Tiens, et si vous faisiez courir une femme pour une fois, parité oblige ?
En tous cas, étonnez nous...et montrez à ces gens du Nord comment vous savez recevoir....
Il ne vous reste plus que le Medh comme genre musical......
Salut
Mariem mint DERWICH