Lors de sa visite carnavalesque dans les deux Hodhs, le président de la République a séché les maires des sept communes de la moughataa d’Aïoun et ses autorités administratives (wali mouçaid, hakem, directeur de cabinet, conseillers, chefs de service) qui sont venus l’accueillir à la rentrée-est de la ville. Erreur de protocole, rétorquent les uns. Cafouillage prémédité, soutiennent les autres. Quoi qu’il en soit, le cortège présidentiel en provenance de Timbédra, dernière étape du périple dans le Hodh Echargui, a effectué un premier arrêt, programmé ou provoqué, c’est selon, à treize kilomètres d’Aïoun, pour saluer les députés de Tintane (Tawassoul), de Kobenni (El Wiam et UPR), la présidente de la Communauté Urbaine de Nouakchott (CUN), le Président de l’UPR et plusieurs hauts responsables de l’administration centrale. L’événement n’est pas passé inaperçu. Devant cette attitude – volontaire ou circonstancielle comme on l’a dit tantôt – certains recalés ont exprimé publiquement leur désaveu. Ces mêmes autorités administratives et communales séchées à Aïoun vont pouvoir rattraper la main du Boss, quarante-huit heures plus tard, à Kobenni. Les chasseurs de la paume, très prisée, du Président ont accouru de partout, pour se faire voir là où le président passait. Parmi ceux qui l’ont accueilli à quasiment toutes les étapes, citons le jeune El Ghassem ould Deh, fils du défunt colonel Mohamed Mahmoud ould Deh, et, bien sûr, Sidi Mohamed ould Maham, le président de l’UPR. Il y a aussi ces équipements passe-partout : un groupe électrique pour la SOMELEC, une citerne SNDE, et un camion de la Santé, transportant matériel et médicaments. A Aïoun, un autre groupe de cadres a préféré agir dans l’ombre, avec, tout de même, un apport substantiel dans la mobilisation des populations pour l’accueil et la préparation du décor (banderoles, photos…). Parmi eux, l’actuel SG du ministère de l’Emploi et de la formation professionnelle, Baba ould Boumeïss ; le directeur de la Protection des consommateurs, El Ghassim ould Sidi (frère du général Misgharou) ; le président de la Commission de passation des marchés publics sociaux, Ahmed Salem ould Bilel, et l’homme d’affaires monsieur Babah ould Baye.
Autre désagrément : le retrait inattendu du Président de la rencontre avec les cadres. Dès les premiers instants de la réunion, les cadres locaux se sont soulevés, par la voix de l’un d’entre eux, qui s’insurgeait contre l’irruption des Nouakchottois et leur mainmise sur la liste des intervenants. Un constat que sembla partager le président de la République, lâchant, laconiquement : « Je viens écouter les locaux ». Les discussions achoppent, alors, entre les pour et les contre ; bruyante, l’ambiance devient délétère. Beaucoup quittent les tentes dressées, pour l’occasion, dans l’enceinte de la résidence du wali du Hodh El Gharbi. Passée la vague, le chef de l’exécutif régional se détache de son hôte, revient sous la tente et demande, à l’assistance, un peu plus d’ordre et de discipline. Une nouvelle liste des intervenants est concoctée, sur la base de l’initiale, ménagée mais dopée suivant les exigences du moment. Le Président et ses ministres reviennent et la rencontre redémarre. Les autorités du Hodh El Gharbi ont-elle étés débordées ? Se sont-elles pliées aux injonctions des Nouakchottois ? Ont-elles ouvert à outrance la liste des invités à la rencontre, surtout qu’on parle de plus de cinq cents badges distribués pour la circonstance ? Malgré les tentatives de colmater les brèches, les séquelles de la déroute subsistent.
Bons revers de la médaille : en termes de retombées immédiates, la visite aura été à l’origine de la réfection et de l’ameublement des résidences, délabrées et mal équipées, des walis, hakems, chefs d’arrondissement et autre regroupement. D’importants moyens ont été investis (par qui ?) pour les meubler : lits, couvre-lits, rideaux, matelas, coussins, moquettes, climatiseurs, réfrigérateurs, surpresseurs, bassins internes, télévisions, groupes électrogènes… en plus des travaux de toilettage des bâtiments destinées à héberger l’illustre hôte.
A Termesse, l’ENER a construit une terrasse en béton armé, pour la pose de l’hélicoptère présidentiel mais Ould Abdel Aziz est arrivé par voie terrestre. Question : dans quelle rubrique du budget sera imputée cette dépense inutile ?
Moustapha ould Béchir
Cp Hodhs