Le préambule de la Constitution mauritanienne reconnaît la diversité culturelle et ethnique du pays, avec l’existence de quatre langues nationales : Hassaniya, Pulaar, Soninké et Wolof. Les trois dernières parlées par un nombre non-négligeable de citoyens qui ont besoin de savoir ce que dit et envisage leur président. Or il se trouve que, depuis quelque temps, la communication du Président ne s’adresse qu’à la seule composante arabe. La traditionnelle « rencontre avec le peuple », celle « avec la jeunesse » et toutes les conférences de presse sont relayées, par les radios et télévisions, sans jamais se soucier de la composante négro-africaine. De quoi susciter bien des frustrations, avec cette détestable impression d’être considérés comme des populations de seconde zone. Où est passée cette « unité nationale », cette « réconciliation » décrétée par le président Aziz, le 25 Mars 2010 à Kaédi, avec laquelle on nous rabat les oreilles et qu’on voudrait faire passer pour un chantier prioritaire du président de la République ? Hypocrisie, quand tu nous tiens !
Ces comportements, au haut sommet de l’Etat, ne contribuent pas à la cohésion sociale. C’est, peut-être, une des raisons qui poussent les populations négro-mauritaniennes à se rabattre sur les chaînes satellitaires d’autres pays. Elles ne se retrouvent presque pas dans les leurs nationales qui méprisent leurs langues ; autrement dit, leurs cultures.
Jusqu’à récemment, pourtant, les discours du président de la République étaient traduits dans les autres langues nationales, ce qui permettait, aux Négro-mauritaniens et autres étrangers vivant parmi nous, d’être au même niveau d’information que les hassanophones. Aujourd’hui, les conférences de presse que tient le « président de tous les Mauritaniens » ne sont pas de nature à raffermir les rapports entre les composantes linguistiques du pays. Si le pouvoir lui-même foule aux pieds la diversité culturelle explicitement reconnue dans la Constitution, que reprocher aux radios et télévisions privées qui ont décidé de supprimer de leurs grilles de programmes, les langues nationales (le pulaar, surtout, mais, aussi, le français) ? Radio-Mauritanie et la TVM ont-elles jamais été rappelées à l’ordre ?
La communication de la présidence s’est engagée dans une « dérive » que le président de la République se doit de corriger. Faire traduire ses discours dans toutes les langues nationales est, pour lui, une exigence ; pour ne pas dire un devoir national. S’en détourner, c’est donner des arguments à ses détracteurs qu’il accuse de « communautarisme ». C’est en donner même l’exemple…
DL