-Rectificatif-
Nous avons découvert, sur l’honorable site de Cridem reprenant une information du site Tawary (20 mars 2015), un rapport relatif à la visite que des membres de l’UNPO et de EPDDHO ont rendue au président d’IRA, Biram Dah Abeid et son adjoint Brahim Bilal Ramdhan, tous les deux incarcérés à la prison d’Aleg. Nous avons été surpris par les mensonges, exagérations et inexactitudes que recèle ce rapport. Aussi sommes-nous sentis, malgré nos conditions difficiles de détention et de privation, obligés d’y répondre et d’éclairer l’opinion sur les distorsions de la vérité et la désinformation délibéré dont regorge ce rapport.
L’Organisation des Peuples et Nations Non-représentés (UNPO) est une formidable tribune internationale offerte aux peuples opprimés de par le monde tels que les Hratîn, les Palestiniens, les Tibétains, les Coptes…etc. IRA en est membre du bureau exécutif et y représente le glorieux peuple des Hratîn. Biram Dah Abeid en occupe, actuellement, la vice-présidence.
C’est dans le cadre de sa contre-offensive visant à contrer IRA après avoir encaissé les rudes défaites diplomatiques que lui ont causées les activistes anti-esclavagistes, que le gouvernement est entré en contact avec le bureau de l’UNPO à Bruxelles. L’Etat mauritanien a mobilisé à cette effet quelques-unes de ses organisations fantoches et l’ensemble de ses représentations, connues pour être des officines de renseignements, au sein des capitales du monde libre. Une invitation a donc été adressée à l’UNPO dans le but express de « rétablir » l’image de la Mauritanie et, si possible, enfoncer un coin entre cette organisation et IRA.
En guise de condition sine qua none, l’UNPO et EPDDHO ont exigé qu’ils puissent rendre visite au bureau exécutif d’IRA, à son président Biram Dah Abeid et à son vice-président Brahim Bilal Ramdhane.
C’est dans ce cadre que nous avons reçu la visite de quelques membres de l’UNPO accompagnés de M. Mohamed Lemine Ould EL Haless et Abderrahim. L’entrevue a débuté par deux observations faites par le président d’IRA. La première était relative au fait qu’il ignorait l’activisme des deux accompagnateurs ici présents dans le domaine des droits de l’homme et très étonné de les voir inviter des organisations internationales connues et reconnues par leur soutien aux peuples opprimés. La seconde observation était sous forme de question à savoir : pourquoi une telle organisation, si prompte à afficher son zèle dans le domaine des droits de l’homme, n’avait-elle pas pensé à leur rendre visite alors qu’elle les savait en détention arbitraire et inhumaine depuis quatre mois ?
En réponse à ces deux observations, Ould EL Haless a relaté son propre passé de lutte dans le domaine de la défense du consommateur et nous a informé du fait qu’il vient juste d’obtenir la légalisation d’une ONG dont l’objet est le développement des Droits de l’Homme au nom de laquelle il a pu adresser l’invitation à l’UNPO. Ould El Haless a aussi insisté sur ses positions hostiles au coup d’Etat de 2008 et favorables à l’Opposition. Quant à IRA, il avoue avoir toujours observé la neutralité par rapport à ses orientations.
C’est dans ce cadre qu’il convenait de placer les déclarations du président Biram reprises par le rapport de Tawary. Biram a souhaité une bonne continuation à l’ONG des accompagnateurs en espérant qu’elle persévère dans la lutte pour la défense des droits de l’homme et qu’elle prenne assez de distance par rapport au gouvernement pour qu’il devienne possible de coordonner avec elle dans ce domaine.
Quant aux envoyées de l’UNPO, elles ont commencé par rappeler les circonstances qui avaient présidé à cette démarche et les conditions que leur organisation avait posées pour l’entamer. Elles ont notamment insisté sur le fait qu’elles avaient rencontré le bureau exécutif d’IRA pour échanger avec ses membres en tant qu’organisation adhérentes à l’UNPO. Elles nous ont aussi rapporté leur effarement devant certains propos tenus par des officiels que leur avait fait rencontrés Ould El Haless, notamment les attaques gratuites et d’une grande méchanceté adressées à la personne du président Biram, attaques qui ont nécessité, de leur part, qu’elles rappellent à leurs hôtes que Biram était le vice-président de leur organisation. Les émissaires de l’UNPO furent aussi estomaquées par l’existence d’une société civile inféodée au pouvoir et dont la raison d’être semble se réduire à calomnier les défenseurs des droits de l’homme. Elles ont notamment relevé le fait révélateur que toutes les institutions officielles chargées de la défense des droits de l’homme étaient dirigées par des Arabo-berbères, ce qui montre l’étendue de la conspiration dont le but réel est la défense des intérêts des criminels contre la volonté des victimes et des plus faibles.
Les deux représentantes de l’UNPO, Johanna Green et Iva Petkovic, nous ont instruits de ce qu’ils ont entendu auprès des officiels tels le président de l’Assemblée Nationale qui se contredisait en niant l’existence de l’esclavage en Mauritanie tout en se vantant d’en avoir libéré quand il fut gouverneur. Ce personnage a reconnu devant-elles qu’il avait, du temps où il fut ministre de l’intérieur, refusé de légaliser IRA et RAG (Parti Radical pour une Action Globale) pour cause, prétendit-il, que ces deux organisations étaient de caractère raciste. Mais les deux responsables de l’UNPO ne manquèrent pas l’occasion de rappeler à ce parlementaire que leur organisation détenait des copies des textes que les anti-esclavagistes avaient déposés pour solliciter leur reconnaissance et qu’elles n’avaient décelé traces de racisme ni dans les textes ni dans la composition des instances dirigeantes.
Elles nous ont aussi relaté des propos tenus par un sénateur qui leur affirmait que leur organisation serait tenue pour responsable d’une éventuelle guerre civile que déclencherait leur soutien à IRA avant de les inviter à rejoindre le camp gouvernemental. Elles ne manquèrent, évidemment pas, l’occasion de lui préciser que le seul comptable d’une éventuelle dégradation de la situation ne pourrait être autre que le gouvernement qui opprime les victimes et envoie leurs défenseurs en prison au lieu de négocier des solutions avec eux.
Nous épargnons au lecteur la lecture de la prose de bas niveau des organisations auxquelles l’Etat mauritanien a confié la tâche de défendre les droits de l’homme en Mauritanie. Que ce soit la Commissaire aux droits de l’homme, le Directeur de l’Agence Tadamoun ou la Présidente de la Commission Nationale des Droits de l’Homme, tous ont limité leur rôle à organiser des voyages les amenant à séjourner en tribu dans de luxueux hôtels à Genève, Bruxelles ou New-York aux frais des contribuables et notamment aux frais de la multitude des travailleurs de la SNIM, en majorité Hratîne. A chaque fois, le trio revenait bredouille alors qu’IRA, en dépit de ses maigres moyens, a rapporté :
- le prix 2013 de l’ONU pour les Droits de l’Homme, faisant de Biram le second Africain, après Mandela, à l’arborer ;
- la recommandation du Parlement Européen fustigeant la détention du leader anti-esclavagiste et exigeant son élargissement, recommandation que le Président des pauvres avait tournée en dérision en l’inscrivant dans le cadre du bras de fer qui l’oppose aux pécheurs européens ;
- la résolution du Haut-Commissariat de l’ONU aux Droits de l’Homme, émise à Genève en 2015 rappelant à l’Etat mauritanien ses engagements non tenus et à laquelle, ce dernier avait répondu dans sa langue de bois habituelle en prétendant que la Mauritanie appliquait toutes les conventions qu’elle avait ratifiées.
Le rapport publié dans Tawary décrivait une grande salle richement meublée et équipée de télévision et de radio qui serait le lieu de détention des anti-esclavagistes. Or, les visiteurs n’avaient même pas eu accès aux cellules des détenus et leurs accompagnateurs ne pouvaient donc les décrire. Mais le mensonge le plus éhonté était celui relatif à la possibilité qu’auraient les détenus de s’adonner aux activités sportives et d’accéder à des parties ensoleillées de la prison. En effet, il s’agissait là de points sur lesquels le Procureur de la République s’était engagé à la suite de la dernière grève de la faim organisée par les détenus, mais ces engagements-là ne furent jamais tenus.
En fin, pour ce qui est de notre position par rapport au « dialogue », nous y sommes favorables à certaines conditions.
Brahim Bilal Ramdhane, vice-président d’IRA La prison d’Aleg le 1 avril 2015