Le collectif des rescapés militaires (COVIRE), une organisation divisée en deux tendances, a célébré la journée dite de « réconciliation nationale » décrétée, le 25 mars à l’occasion de la prière aux morts de Kaédi par le président Mohamed Ould Abdel Aziz.
Les regroupements respectifs (COVIRE I, présidé par Sy Abou Bocar et COVIRE II, présidé par Kane Mamadou Alhoueynou, pour éclairer les lecteurs) se sont tenus dans leurs sièges respectifs, près de l’hôtel Ikram au 5e pour les premiers et non loin de la CAPEC du 6e, pour les seconds. Chaque camp a battu le rappel de ses troupes. Et ce fut l’occasion pour les uns et les autres de rendre d’abord hommages aux victimes de la répression des années 86-90 du régime d’Ould Taya, de passer ensuite en revue les acquis de cette réconciliation et enfin relever ses insuffisances. Tous ont salué la décision du président Aziz d’avoir décidé d’entamer la résolution du problème sans aller cependant jusqu’au bout.
Il faut déplorer cependant que cette journée du 25 mars, dite « journée de réconciliation nationale » ne concerne que les seuls victimes de la répression des année 80 – 90, sous le magistère de Ould Taya.
COREMI réclame une commission indépendante et autonome :
Le président du collectif des rescapé militaires membre actif de COVIRE II tout en prenant acte de la réponse apportée par le président Aziz aux doléances des rescapés, veuves, orphelins et déportés, a déploré que le dossier se soit vite enlisé à cause de la mauvaise manière dont il a été traité. Tout en saluant la « volonté politique » de l’actuel président de trouver une solution à cet épineux dossier, « ses gestes symboliques » à l’endroits des victimes, rescapés, ayants droits, déportés et autres fonctionnaires et agents de l’état, le président du collectif des rescapés militaires (COREMI), l’ex capitaine Sy Abou Dialtabé, a qualifié le cheminement du processus de de règlement du dossier du passif humanitaire de «tumultueux ». Pour cet ex capitaine, la décision unilatérale de régler ce dossier sans une véritable implication des victimes a fini par donner l’impression qu’on a voulu « banaliser» le dossier pourtant « très sensible » et dont le règlement « revêt un caractère capital pour le renforcement et la cohésion de l’unité nationale ». Face aux incohérences et aux insuffisances constatées, ( cas des déportés restés au Sénégal dont 14 mille non enrôlés et 10 mille au Mali), le collectif des rescapés militaires réclame la mise en place d’une commission indépendante autonome, conforme aux principes conventionnels. Une demande réclamée par la majorité des participants aux journées de consultation et de mobilisation de 2007 pour le retour organisé des déportés et le règlement du passif humanitaire.
Le président de COREMI a mis à profit la célébration de cette journée pour lancer un appel aux autorités pour la libération, sans condition des militants des droits de l’homme, Djiby Sow, président de Kawtal Yellitaare, Biram Dah Ould Abeid, président d’IRA- Mauritanie et Brahim Ould Bilal, vice- président d’IRA.
Au cours de ce rassemblement, d’autres personnes ont pris la parole. Il s’agit de Houleye Sall, présidente du collectif des veuves et mère du lieutenant Sal Abdoulaye exécuté à Inal, Hawa Mamadou Dia, orpheline du lieutenant Dia Abdoulaye mort dans les geôles de J’reida, en 1990 et de l’ex capitaine Breika Ould M’Bareck (lire le compte rendu détaillé de cette journée dans la prochaine édition du Calame).
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !