Alors que la famine s’aggrave et que le climat s’emballe, le moment semble particulièrement inopportun pour intensifier la pression sur les écosystèmes. Depuis quelques années, la politique semble avoir pris le pas sur le débat scientifique au grand dam des scientifiques.
Les chercheurs et les activistes sonnent la charge contre les gouvernements et les industriels coupables à leurs yeux de détournements de fonds qui devaient initialement être alloués à des solutions d’atténuations et d’adaptations, en matière de changements climatiques. Ils ne perdent pas de vue qu’après tout, ces gouvernements ont le loisir de consacrer cet argent à leurs propres scientifiques et entreprises et de lancer des projets qui sont plus susceptibles d’avantager leur région du monde. « Il n’y a pas raison, pour ces gouvernements et les populations de la plus grande partie de l’Afrique, de l’Asie et de l’Amérique latine, de croire que leurs intérêts seront pris en considération par les gouvernements, les industriels et les scientifiques des États qui sont les plus grands émetteurs de carbone», prévient Antoine Simon de Terre Europe, lors d’une table ronde organisée, ce jeudi 26 mars et portant sur "sciences, technologies et crise climatique: éviter les fausses solutions (géo ingénierie, gaz de schiste, agro-carburants)", à Tunis, en marge du Forum social mondial.
Au sein des négociations de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), les gouvernements du Sud semblent ignorer que « le transfert de technologie servira de levier à l’industrie afin d’étendre son monopole sur les technologies de la biomasse à leurs terres et leurs ressources ». Pourtant, une triste réalité s’impose à nous : dans le Sud, l’agriculture subit déjà de nombreux impacts néfastes attribuables aux changements climatiques.
Cela veut dire, en revanche, que les paysans doivent être à l’avant-garde de l’élaboration de stratégies-y compris des stratégies technologiques décentralisées-permettant de répondre à la crise alimentaire et à la crise climatique ; et pour que cela puisse se produire, un environnement favorable doit exister aux chapitres des politiques.
Selon les chercheurs, les gouvernements des pays riches favorisent l’adoption de solutions miracles plutôt que de risquer de contrarier leur électorat ou d’offusquer l’industrie. Aussi dangereux que les gouvernements du monde savent qu’il leur faudra prendre des mesures (ou avoir l’air d’en prendre) rapidement. «L’évolution de la politique de recherche dans le monde est préoccupante», déplore la candienne Chantal Paquebot.
En prélude à la 21ème Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015 (COP21), aussi appelée « Paris 2015», les scientifiques et les altermondialistes réfutent d’ores et déjà, à Tunis, les solutions qui pourraient y être élaborées. L’enjeu est majeur : contenir un dérèglement climatique qui menace nos sociétés et nos économies. « La conférence Paris 2015 doit conduire à l’adoption d’un accord international qui posera le cadre d’une transition vers des sociétés et des économies résilientes et sobres en carbone.
La France souhaite aussi ardemment un accord applicable à tous, respectant le principe de différenciation (tous les pays ne sont pas également responsables du dérèglement du climat), suffisamment ambitieux pour engager les transformations nécessaires au respect de l’objectif de +2°C et doté de règles juridiques communes. Force est de constater que la France est soupçonnée, par les altermondialistes de favoriser ses industriels au détriment de la recherche scientifique.
L’américain Bernstein Zimmerdoute fort que la COP 21 puisse obtenir un accord général et contraignant, pour tous les pays du monde ; obtenir la mise en place d’un «fonds vert » puissant et d’un « agenda des solutions » mobilisant l’ensemble des acteurs.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !