Le Forum des Organisations nationales des Droits de l’Homme (FONADH) a organisé, du 23 au 25 juin, en partenariat avec le PNUD, OXFAM, l’UE, l’AECID, un atelier de réflexion sur le foncier en Mauritanie
Belle occasion, pour les participants, d’examiner une problématique véritablement cruciale, interpellant l’Etat, les organisations paysannes et villageoises, les partenaires au développement, et les organisations de la Société Civile eu égard au besoin de développement économique et social. De fait, la question foncière apparaît, en Mauritanie, comme un enjeu majeur de cohésion sociale.
« Un secteur dont l’exploitation est facteur de développement du monde rural », a estimé la Directrice d’OXFAM en Mauritanie, Sokhna Mariem Baro. Son institution soutient l’agriculture paysanne locale, via « Cultivons », sa campagne globale, assure l’accès aux terres et à la propriété et traite, de front, la question des changements climatiques. Dans son discours, la représentante d’OXFAM a également espéré que ces travaux puissent favoriser « une bonne gouvernance foncière, en vue d’un meilleur développement de l’agriculture paysanne locale ».
Plusieurs thématiques ont été présentées par les experts nationaux et internationaux. Les débats ont abordé plusieurs aspects de la problématique du foncier : La réforme foncière de 1983 et ses décrets d’application : contexte et motivation politique ; Présentation de l’état des lieux du foncier dans trois wilayas du pays (Gorgol, Brakna, Trarza) ; Le foncier en Mauritanie : de la tenure traditionnelle à la réforme de 1983, enjeux socioculturels et économiques ; Droit foncier et droits humains/genre ; La terre source de vie, moyens d’existence et facteur de production : quelle politique agricole adopter qui tiendrait compte de toutes ces dimensions ? ; Prévention des conflits et médiation foncière ; Fiscalité foncière en Mauritanie…
Les participants ont également suivi des présentations relatives aux expériences des pays voisins (Mali et Sénégal), dans la gestion de la question foncière. Des panels ont été mis en place, pour travailler en groupes sur les thèmes du jour et les solutions à adopter pour résoudre les conflits potentiels. Au cours des débats, contradictoires mais riches d’ouvertures d’esprits en quête de solutions consensuelles, plusieurs recommandations ont été retenues et consignées dans un rapport, comme la mise en place d’un comité de suivi des recommandations de la question foncière ; l’organisation des états généraux du foncier ou la nécessité de revisiter la loi en la matière, en vue de l’adapter aux exigences nouvelles.
Invitées, les autorités mauritaniennes ont fait faux bond, sans aucune explication. Sarr Mamadou, secrétaire général du FONADH a tenté, lors de la conférence de presse, de minimiser cette absence, en expliquant que la rencontre aura, tout de même, permis d’amorcer « une démarche en amont intéressante, en abattant un gros travail de plaidoyer ».
« L’élargissement de la démarche, à travers les réseaux sociaux, contribuera à poser le problème en vue de lui trouver une issue heureuse », a-t-il déclaré, « il est nécessaire de réviser l’ordonnance de 1983, pour lever les contraintes et rendre le cadre juridique légal foncier plus favorable, en tenant compte des intérêts, d’une part, et des exigences du développement durable, d’autre part ». Il mise sur des recommandations « pertinentes », visant à « contribuer à la résolution des problèmes fonciers dans notre pays ».
Quant à Isselmou Abdel Kader, ancien ministre, il a indiqué que les acteurs, « loin de prêcher dans le désert » ont tiré sur la sonnette d’alarme. « Au-delà de la charge affective, il est important que le gouvernement prenne ses responsabilités. Même s’il se désiste, nous aurons, au moins, jeté un grain de sable chaud dans le débat ».