Présents dans les banques, avec la BCI d’Isselmou ould Tajedine et la Banque nationale de Guinée du groupe AON, les Mauritaniens ont multiplié les investissements en Guinée, au cours de ces trois dernières années. En plus des banques, ils sont également dans la pêche, l’énergie, les mines et la minoterie (Moulins Taïba). Une présence qualitative qu’apprécie à sa juste valeur le plus mauritanien des guinéens, le président Alpha Condé. Très proche de notre pays et de certains de ses hommes politiques avec lesquels il a partagé le combat pour la démocratie dans nos deux Etats, il a particulièrement apprécié que des avocats du barreau mauritanien se soient déplacés, en 1998, pour le défendre, lors du procès que lui intentait le régime de Lansana Conté. Lors de son exil parisien, il lui arrivait, souvent, de venir passer quelques jours de vacances auprès de la famille Kamil à laquelle le lie une vieille amitié. Très taquin, il s’est toujours dit impressionné par les Mauritaniens qui « ont pris des dunes de sable pour en faire un pays ».
A son arrivée au pouvoir, malgré un contexte difficile, les Mauritaniens répondent à ses appels du pied aux investisseurs africains. Et ils n’hésiteront pas à délier les cordons de la bourse. Considéré comme très proche du Président, Hassan ould Mouknass est, incontestablement, celui qui a attiré l’industrie financière mauritanienne et lui a grandement facilité la tâche. D’autres mauritaniens sont également très liés au président Condé : Bâ Mokhtar, l’ancien directeur du Centre de recherches océanographiques de Nouadhibou, qu’on présente, souvent, comme le « conseiller pêche », même s’il s’en défend, Abdel Majid Kamil, le directeur général de la BNG, avec lequel il s’est lié d’amitié en France, dans les années 70, et Moulaye El Arbi ould Moulaye Mohamed, l’ancien DG de la Sonimex, qui a gagné le marché de la réhabilitation de la centrale électrique de Conakry et que le Président n’appelle plus que « le centralien ».
Véritables ambassadeurs de leur pays, ces mauritaniens veulent voir leurs compatriotes venir investir, en masse, dans ce pays où tout est encore à faire. Dans cette optique, il est nécessaire, selon eux, de poser les jalons d’une véritable coopération. La ministre du Commerce et le président de la Chambre du même nom devraient faire le déplacement de Conakry, à la tête d’une délégation d’hommes d’affaires, le visa, entre les deux pays, supprimé et une ambassade ouverte, dans les meilleurs délais. Pour une fois qu’un pays s’ouvre à nous, ne boudons pas notre plaisir !