Le discours du président de la République, à l’occasion de la fête de l’Indépendance, est toujours très attendu par les citoyens mais, surtout, par les fonctionnaires du public, du parapublic et les retraités. Tous espèrent y apprendre une décision dont la portée serait d’améliorer leurs conditions de vie. Pour ce 65èmeanniversaire, le président Ghazouani n’a pas dérogé à la tradition : il a annoncé l’augmentation, à compter de Février prochain, de dix mille MRO pour les salaires des enseignants, des inspecteurs de l’Enseignement fondamental, secondaire et technique et des forces armées. L’objectif, comme on l’imagine bien, est d’améliorer les conditions de vie et donc de travail des intéressés. Une décision louable, même si certains enseignants la jugent peu signifiante mais qui ne manque pas de faire aussi des jaloux dans l’Administration.
Certes les enseignants s’en considèrent les plus mal payés mais force est de reconnaître qu’ils bénéficient, depuis quelques années et à l’instar d’ailleurs du personnel de la santé, de mesures visant à améliorer leurs traitements ; les primes de craie et d’éloignement sont ainsi réévaluées périodiquement de manière substantielle. Mais cela ne suffit pas, les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles, tandis que les sources de revenus restent assez statiques. C’est pourquoi se muent-ils en vendeurs de cartes de crédit – une source qui commence à tarir avec l’arrivée des options de payement par mobile –, taximans ou courtiers de tout ordre…
Mais la question que l’on se pose, surtout, est de savoir si ces mesures ont contribué à élever le niveau de nos apprenants. Car celui-ci est bel et bien décrié, depuis des années, et les élèves traités, jusqu’à l’Université, de médiocres et de nuls. Le taux de réussite au bac est jugé très faible. Preuves à l’appui, puisqu’il était estimé, en 2024, à 23% en session normale. Dans certains centres, des résultats sont nuls depuis des années. Le gouvernement accorde une attention louable aux enseignants et à la construction d’infrastructures mais il semble négliger quelques autres aspects essentiels pour améliorer le niveau de vie des écoliers mauritaniens. En effet, si la formation de base et professionnelle demeure très insuffisante, pour ne pas dire défaillante, la formation continue devrait venir combler les insuffisances, à travers de véritables et sérieux ateliers et sessions. On en a beaucoup connus, depuis quelques années, mais les bénéficiaires conviés semblent s’intéresser, normalement, beaucoup plus aux perdiems qu’aux profits professoraux qu’ils pourraient en tirer. Les cascades de réformes, avec des changements de langue en cours d’application pour les matières dites de base, ne favorisent pas une évolution rigoureuse. Certes, le ministère n’ignore pas la gestion des enseignants et la carte scolaire mais les affectations et absences de complaisance ruinent ses efforts. Le coût de l’éducation devient à ce point élevé que seuls les nantis peuvent y faire face. Du coup, on assiste à une école à deux vitesses, à l’instar de la société qui l’a produite.
Il s’y ajoute la démission des parents dont beaucoup se soucient beaucoup plus de la marmite que de ce qu’apprennent leur progéniture à l’école ; nombre d’entre eux ne peuvent pas assurer l’achat des fournitures scolaires ni, encore moins, des uniformes vestimentaires imposés, depuis quatre ans, par l’école républicaine. Les associations des parents d’élèves contribuent très peu à l’accompagnement et à la sensibilisation de leurs membres et de leurs enfants. Beaucoup d’enseignants n’embrassent la fonction que par défaut, très rares s’y engagent par passion, ce qui ne manque pas de se répercuter négativement sur le processus d’apprentissage et, donc, sur le niveau des écoliers. Chaque fois qu’un jeune enseignant trouve une occasion de quitter ce métier, il prend la tangente, comme on dit. C’est dire combien le chemin vers l’école républicaine engagée depuis quatre ans demeure long et parsemé d’embuches…
Dalay Lam




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