
Dans une Mauritanie en pleine mutation, la jeunesse — 60 % de la population — s’impose en acteur incontournable du changement. Porteuse d’aspirations fortes et consciente des défis qui l’attendent, elle incarne à la fois l’espoir d’un futur plus prospère et les tensions d’une société confrontée à de profondes transformations.
Une génération ambitieuse et connectée
Loin des clichés, la nouvelle génération mauritanienne se distingue par une soif d’apprentissage et une ouverture sur le monde rendues possibles par l’essor du numérique. Dans les grandes villes comme Nouakchott ou Nouadhibou mais, aussi, dans de nombreuses localités rurales, les jeunes s’approprient les nouvelles technologies pour apprendre, inventer et entreprendre. Les plateformes en ligne deviennent des espaces de formation, de débats et même de mobilisation sociale. Plus que jamais, les jeunes aspirent à jouer un rôle moteur dans la vie économique et citoyenne du pays.
Un marché du travail en tension
Malgré cette énergie, l’emploi demeure le principal défi. Le chômage des jeunes reste élevé, alimenté par une inadéquation entre la formation et les besoins du marché, un secteur privé encore limité et une économie qui peine à absorber l’afflux annuel de nouveaux diplômés. Beaucoup se tournent alors vers l’entrepreneuriat, soutenus par de nouvelles initiatives publiques et privées, bien que les obstacles persistent : financement difficile, faible accompagnement technique, cadre réglementaire parfois dissuasif.
Éducation : entre progrès et exigences
L’accès à l’éducation s’est amélioré, mais les défis structurels restent importants. Les jeunes réclament des formations plus adaptées, plus pratiques, centrées sur les compétences recherchées dans des secteurs émergents : technologies, économie bleue, agriculture modernisée, énergies renouvelables, métiers industrialo-portuaires… Les réformes engagées ces dernières années montrent une volonté de modernisation, mais leur impact dépendra de leur mise en œuvre et de l’implication effective des institutions éducatives.
Une soif de participation citoyenne
La jeunesse mauritanienne souhaite être davantage impliquée dans les décisions publiques. Elle réclame plus de transparence, plus de représentativité, et aspire à un espace politique renouvelé, ouvert aux idées innovantes et aux nouveaux profils. Associations, collectifs et initiatives locales foisonnent, portés par des jeunes déterminés à transformer leur environnement : lutte contre l’analphabétisme, actions environne-mentales, projets sociaux, formations gratuites, sensibilisations…
Des opportunités nouvelles à saisir
Les grandes transformations économiques en cours — développement du secteur gazier, projets d’hydrogène vert, modernisation des infrastructures, montée du numérique — ouvrent des perspectives inédites pour la jeunesse. De même, l’essor de l’économie culturelle (musique, sports, arts, media en ligne) offre des voies nouvelles d’expression et d’emploi. Mais, pour que ces opportunités profitent réellement à tous, il faudra un engagement collectif : institutions, entreprises, Société civile… et une politique active d’inclusion des jeunes, notamment ceux des zones rurales ou marginalisées.
Une génération prête à construire le pays de demain
Au croisement des défis et des opportunités, la jeunesse mauritanienne se tient prête à écrire une nouvelle page de l’histoire nationale. Son dynamisme, sa créativité et son désir d’engagement sont des atouts considérables. Reste à lui offrir les moyens, la confiance et l’espace nécessaires pour transformer ses ambitions en réalité.
Babacar DIOP
Coach d’entreprise, chargé de cours
Katana d’Or 2024
Maître-chercheur 2025
Tél. : + 222 48 71 88 90 et 38 71 88 9




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