
Ce matin, dans Le Calame, certains prétendus Sancho Panza de la défunte UFP m'ont affublé d'un qualificatif pour le moins grotesque : « Un Don Quichotte dans la falsification de l'histoire ». (Un numéro du Calame qui ne comporte aucune publication de ma part et que j’ai largement distribué à titre d'information à mes lecteurs sur la toile).
Honnêtement, j'en suis absolument ravi.
Ravi de leur réaction, ravi de leur attaque sans gants et sans scrupules contre ma personne. J'en ai même ri. Cela prouve que ce que j'écris peut faire réagir parfois.
‘’Cela prouve qu'on fait mal à l'ennemi’’, disait Mao. Cela prouve qu'on peut faire réagir quelqu'un qui tient à se positionner en adversaire, disons-nous.
Malheureusement, je n'aurai pas la chance de mesurer ma modeste personne à une véritable institution politique : le parti en question n'est plus aujourd'hui que l'ombre de lui-même. Il n'en subsiste qu'un authentique « Don Quichotte » qui projette sa propre image déformée sur moi.
Dans mon modeste essai sur l'histoire du MND, j'ai clairement indiqué que tout ce que je raconte relève uniquement de mes interprétations et appréciations personnelles. Je n'ai épargné personne, pas même ma propre personne : j'ai décrit en détail ce que j'ai moi-même qualifié de ma vie chaotique.
En réalité, mon souci - dans l'écriture - n'a jamais été de régler des comptes avec qui que ce soit. Je n'ai de comptes à régler avec personne: ni individus, ni institutions, ni partis politiques.
J'essaie simplement d'informer, depuis mon propre petit angle d'observation, sur un certain nombre d'événements que l'ai vécus personnellement.
Une avalanche d’attaques
Je m’adresse d’ailleurs beaucoup aux générations futures qu'aux générations présentes. C'est pourquoi je ne compte pas m'attarder sur l'avalanche d'attaques personnelles dirigées contre moi.
Comme d'habitude, j'accorde raison aux "anges" de l'UFP sur tout ce qu'ils ne cessent de dire de ma personne.
Mais, comme d'habitude aussi, je les supplie de répondre au contenu de mes critiques, plutôt que de chercher désespérément à toujours noircir ma petite personne.
Car ce ne sont pas leurs attaques qui couvriront la montagne de reproches que l'opinion - bien au-delà de moi — ne cesse de leur adresser.
Quelques questions auxquelles l'histoire vous demande de répondre - sans détour
1. La tactique de lutte armée de juillet 1973
En 1973, le PKM, à travers le MND, adopte la décision capitale d'engager la lutte armée contre le régime de l'époque.
Selon des sources concordantes, Mohamed Ould Maouloud, le président actuel de ce qui reste du parti UFP, en est l'instigateur et l'auteur. Il ne l'a jamais démenti.
Pourtant, après près d'une année de mobilisation, cette tactique, après sa confrontation à la réalité, est abandonnée au profit d'une demande d'un dialogue en cinq points.
Elle avait buté sur un obstacle majeur : on ne peut mener une guerre dite de libération contre un régime déjà engagé contre le même ennemi néocolonial.
Quelques faits incontestables :
- Sous la pression du MND, le régime avait déjà dénoncé les accords dits de coopération signés en 1961 avec la France
- Le 30 juin 1973, soit un mois avant l'adoption de la tactique de lutte armée, la Mauritanie crée sa monnaie nationale, l'Ouguiya.
- Dès le lendemain, un article dans Sayhat Elmadhloum proclamait : « À bas le nouveau CFA! », article dont l’auteur serait, selon plusieurs sources, Mohamed Ould Maouloud. Il n'a jamais osé le reconnaître.
L'histoire vous demande des explications
2. Les divergences internes au mouvement
A l'époque, des divergences profondes opposaient les militants :
- Les uns, menés par Maouloud, considéraient les réformes du régime comme de simples « poudres aux yeux », un « jeu du régime avec la France pour saper notre mouvement ».
- Les autres — dont je fais partie - défendaient la position opposée.
L’histoire nous a donné raison : les réformes, notamment la nationalisation de la MIFERMA, furent de véritables conquêtes anti-néocoloniales. La révision des accords de coopération en 1972 était bien réelle. La création de la monnaie nationale l’ouguiya en 1973 était bien une réalité tangible. La révision des accords de coopération culturelle avait ouvert la voie à de nombreuses réformes du système éducatif national bien que pas toujours satisfaisantes.
Aujourd'hui, personne ne conteste le caractère hautement national, patriotique et anti-néocolonialiste de toutes ces mesures. Les pays de la sous-région peinent aujourd'hui à emprunter la même voie franchie par la Mauritanie il y a plus d'un demi-siècle.
Ces divergences furent résolues par voie démocratique, mais leurs effets furent dévastateurs : des militants ont décroché, certains ont cessé toutes activités, d'autres - cadres gauchistes, hier compagnons de Maouloud - se sont même ralliés aux appareils du régime, notamment ses services de renseignement.
La réalisation de nos revendications essentielles avait entraîné une démobilisation générale, surtout parmi les jeunes. En masse, ces derniers basculent dans la légalité et la recherche de l'emploi. Leurs parents, victimes de la sécheresse, les pressent de leur venir en aide. Les Maouloud n'avaient rien compris à ce phénomène. Ils s'acharnaient à vouloir forcer l'histoire pour la plier à leurs souhaits politiquement enfantins : il fallait coûte que coûte appliquer l'esprit de la tactique armée de juillet 1973, publier tracts et journaux, alors que le contexte ne réprimait plus ce genre d'activités.
Nous autres - les "aplatis" — avions choisi d'appuyer le régime Daddah dans sa posture anti-néocoloniale, au lieu de l'affaiblir par une neutralité ou une opposition radicale devenue contre-productive.
Tout en conservant les structures clandestines du PKM, nous avons gelé celles du MND et exploité les structures légales du PPM, qui nous étaient ouvertes. Voilà ce que nous offrait le rapport de force en ce moment. La politique, comme on dit, relève du domaine du possible.
C'était par ce biais que nous avons pu, notamment, exploiter le congrès des jeunes en 1977 et mener une campagne ouverte contre la guerre du Sahara. Rappelons qu'une résolution anti-guerre fut adoptée par le congrès des jeunes.
L'histoire vous demande des explications.
La situation actuelle de l'UFP
Le parti, qui comptait jadis près d'une vingtaine de parlementaires et plusieurs communes, ne compte aujourd'hui plus aucun parlementaire et presque aucun élu municipal.
Aux élections présidentielles, de 4 en moins 4, il n'a cessé de dégringoler, jusqu'à renoncer à présenter un candidat.
Vous n'avez cessé de dénoncer ce que vous appelez liquidation et liquidateurs. Faites-nous aujourd'hui votre bilan à ce niveau. Votre comportement liquidateur a fini par liquider tout le patrimoine militant d'un mouvement aussi prestigieux comme le MND.
Je dis donc que le parti n'est plus que l'ombre de lui-même. Pouvez-vous prouver le contraire ? Et voilà qu'on ose signer des insultes et diffamations sous l'intitulé : « Département de la communication » ! (sic)
Or, là où il n'y a plus de parti, il ne peut y avoir de département ou de service de communication.
L'histoire vous demande des explications.
Conclusion
Mes anciens et aimables - aujourd'hui pitoyables - compagnons : vos attaques personnelles ne sont pas des réponses.
L'histoire, l'opinion et le pays attendent de vous des clarifications, pas des injures à une personne lambda.
On y reviendra.
Ahmed Salem Elmoctar -Cheddad




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