Suite aux attentats terroristes contre Charlie Hebdo, le 11 janvier dernier, bon nombre de figures politiques et intellectuelles françaises ont versé dans des surenchères ou délires islamophobes jamais atteintes en France. Monsieur Ahmedou Ould Moustapha en a sélectionné quelques unes de ces figures, les plus emblématiques, pour leur opposer une réponse graduelle, à cinq niveaux, afin de permettre aux lecteurs de mieux comprendre les vraies raisons de ce sentiment de haine contre l’Islam, distillé dans la société française bien avant ces attentats, qui constituent une sinistre occasion d’amplification, par les organismes sionistes qui l’entretiennent et qui exercent à cet effet une influence de plus en plus évidente sur les médias de façon générale et sur les politiciens français en particulier, si bien que des personnalités emblématiques commencent à s’en agacer, telles que Roland Dumas par exemple. La première et la deuxième parties de cette réponse ont été publiées dans nos deux dernières éditions. Nous vous livrons cette semaine l’avant dernière partie.
La France et les idées reçues sur l’Islam
Maintenant essayons d’aller au-delà des limites du grand public, dans une démarche qui se veut un peu plus heuristique et qui pourrait nous conduire, espérons- le, au fond du problème :
C’est le quatrième niveau de la réponse qui consiste à souligner combien l’Islam est embrumé de préjugés et d’idées reçues en Occident, où le public est généralement tenu dans une ignorance totale de cette religion, alors que les musulmans savent beaucoup de choses sur le Christianisme et le Judaïsme, à travers le Coran et la Sounna (paroles ou enseignements) du Prophète Mohamed. Même si quelques orientalistes et certains intellectuels s’y sont intéressés, leur majorité n’en a qu’une connaissance limitée sinon approximative et n’en présente presque toujours qu’une image négative, contrairement aux grandes figures de la pensée et de la civilisation occidentales comme Napoléon Bonaparte, Victor Hugo, Voltaire, Lamartine, Goethe, Nietzsche, Tolstoï, Georges Bernard Shaw et Thomas Carlyle, « l’un des plus grands penseurs de son siècle « (XIXe) .
Il faut également souligner que l’absence d’une frontière clairement tracée, entre l’Islam et l’islamisme, a installé cette levée de boucliers sans précédent : une islamophobie qui résonne partout, en Europe, dans une clameur médiatique jamais atteinte, consécutive à la violence gratuite perpétrée par des terroristes dont on sait comment ils ont été formés, pourquoi et par qui.
On doit, de surplus, mettre en évidence le travail de sape déployé par le milieu sioniste au service du Likoud, qui entretient cette islamophobie et qui est mieux connu pour l’influence qu’il exerce sur les médias occidentaux ainsi que son engagement idéologique, fondé sur la haine de la religion musulmane et de son Prophète.
Il faut ensuite tenter de convaincre tout ce monde que les préjugés négatifs et les idées reçues qui lui sont inculqués, depuis bien longtemps, sur l’Islam, sont infondés.
Et là, une précision s’impose : les idées reçues ici, ce sont celles dont parlait Flaubert, c’est- à-dire des idées reçues par tout le monde, banales, communes, des lieux communs ; ce sont des idées qui, quand vous les émettez, sont déjà reçues, de sorte que vous n’avez pas de problème de réception ou de compréhension avec ceux qui vous écoutent.
Par exemple : il y a plus de deux mois, après l’attentat de Paris, une journaliste, rédactrice en chef de Marianne (Journal français), avait déclaré sur la chaîne France 24 : « il y’a deux Corans, celui de la Mecque et celui de Médine » ; et par ses gestes et son regard appuyé, elle invitait, malicieusement, le téléspectateur à comprendre que ‘’ces deux Corans’’ n’étaient pas le même et étaient contradictoires ; encore que personne n’a trouvé à y redire sur le plateau, parce que parler de l’Islam à tort et à travers est un ‘’lieu commun’’ en France. Les téléspectateurs français qui l’écoutaient, ce jour-là, n’avaient pas, sur le Coran, les moyens culturels pour décoder cette assertion qui sera ainsi devenue, pour eux, une autre idée reçue.
Dès lors, la question est de savoir pourquoi cette honorable journaliste a-t-elle proféré cette fausse représentation du texte fondateur de l’Islam. Est-ce par connaissance rudimentaire, pour ne pas dire ignorance, ou par mauvaise foi ? Ou parce qu’elle est dans ce ‘’lieu commun’’ où celui qui explique et celui qui écoute sont au même niveau de connaissance ou d’information sur le sujet ?
Ou serait-ce alors parce qu’elle est juive et une vraie sympathisante du sionisme radical dont le discours est fixé non seulement sur une aversion viscérale de l’Islam, mais aussi, selon Edwy Plenel (directeur de Médiapart), sur « la stigmatisation des musulmans et la haine des arabes » ?
Certes, on ne peut pas expliquer la raison de cette assertion par le seul fait que cette journaliste est juive et sioniste, cela aurait été insuffisant, mais une explication qui n’en tiendrait pas compte ne serait pas moins insuffisante. Surtout qu’elle a déjà écrit un livre intitulé : Pour comprendre l’intégrisme islamiste, où elle qualifie le Prophète Mohamed de tous les noms aussi abjects les uns que les autres.
Quoi qu’il en soit, il est nécessaire d’apporter un éclairage sur le fond de la question :
Origine de la controverse entre juifs et musulmans
D’abord, fixons les idées : Le Coran est un et non deux ou plusieurs comme la Bible. Dieu, dans son omniscience, avait bien rassuré son Messager :
« C’est Nous qui avons fait descendre le Livre du Rappel, et c’est Nous qui veillerons à sa préservation » (Sourate Al Hijr, verset 9).
Le Coran a été compilé en forme de livre (MOUSHAF) sous l’autorité du Calife Othman, compagnon du Prophète. Cette entreprise fut d’autant plus facile que beaucoup de compagnons du Prophète vivaient encore et récitaient par cœur le Livre du Rappel. Cette première compilation du Coran est encore aujourd’hui préservée au Musée National d’Istanbul en Turquie. Elle est la seule et unique compilation originale qui contient les mêmes sourates et les mêmes versets qu’on trouve, avec la même disposition séquentielle, dans toutes les mosquées, toutes les librairies et toutes les écoles coraniques du monde.
Comme prédit dans ce verset 9, le Coran est parfaitement préservé et protégé contre toute altération humaine au cours des quatorze siècles passés ; ce qui est loin d’être le cas de la Bible, aussi bien la Thora des juifs ou Bible Hébraïque que l’Ancien et le Nouveau Testament des chrétiens qui ont tous connu une multitude de versions différentes, selon même les historiens de religions et les docteurs de théologie chrétiens : parce qu’il s’agit de récits historiques écrits par des hommes bien longtemps, très bien longtemps, après la mort de Moïse et de Jésus.
Sir William Muir, l’un des plus grands historiens de son siècle (XIXe), écrit au sujet du Coran : « Dans le monde, il n’est probablement pas d’autre livre qui existât depuis douze siècles avec un texte aussi pur.»
Ensuite, il n’y a eu ni hiatus ni séparation entre les révélations de la Mecque et celles de Médine. Il y a seulement le fait qu’à Médine, le contexte avait changé et les problèmes n’étaient plus les mêmes, encore moins les controverses et les débats engagés. L’Hégire ou l’émigration (dite El Hijra en arabe) du Prophète et ses fidèles compagnons à Médine correspond à une période décisive pour l’Islam, celle qui verra le triomphe du monothéisme sur l’idolâtrie des païens et du paganisme en Arabie, marquant la première étape de l’expansion de l’Islam.
A Médine, en effet, le Prophète devenait le chef à la fois temporel et spirituel de la première communauté musulmane organisée qui reçut, au fur et à mesure des versets transmis par l’archange Gabriel au Prophète, un statut social, juridique et politique adéquat, permettant de régler les rapports des croyants entre eux et ceux du nouvel Etat musulman avec les tribus et groupements non ralliés à l’Islam.
Par ailleurs, l’implantation de nombreuses colonies juives à Médine et dans ses environs fut à l’origine d’une prédication à l’encontre des « Gens du Livre », conviés à se convertir à l’Islam par des versets qui leur sont spécifiquement adressés.
Dans ces versets, l’islam venait ainsi de s’ouvrir aux juifs, tout naturellement, puisque aussi bien Abraham et Moise se trouvaient à l’origine de la tradition monothéiste que le Coran était venu confirmer et épurer. A part quelques conversions d’une petite minorité, dont peu de savants rabbins honnêtes qui annonçaient hier encore l’avènement d’un nouveau prophète prévu dans leurs propres Ecritures, la majorité des juifs avec leur classe dirigeante rejetèrent cette ouverture de l’Islam naissant. Ils iront même jusqu’à lui livrer une guerre sans merci, jugeant que leurs privilèges dans cette ville étaient gravement menacés par l’établissement de cette nouvelle communauté religieuse qui prend de l’ampleur. Et ils n’ont surtout pas supporté la conversion des deux plus grandes tribus de la ville, leurs désormais ex alliés Aws et Khazraj, qui se déchiraient dans des luttes fratricides entre elles et qui venaient de se réconcilier sous l’égide du Prophète. Ce nouveau ralliement massif, créant une union fraternelle entre la majorité écrasante des Médinois et leurs coreligionnaires émigrés de la Mecque, fut le premier triomphe patent de l’Islam. Après quoi, plusieurs versets furent révélés dont, à titre d’exemple, les deux suivants, s’adressant à la nouvelle communauté musulmane qui vient de se constituer :
« Rappelez-vous les bienfaits de Dieu pour vous. Lui qui, d’ennemis que vous étiez, établit l’union entre vos cœurs et fit de vous des frères par un effet de sa grâce. Vous étiez juste au bord du gouffre infernal, vous en fûtes tirés … » (La Famille d’Imran, verset 102) [1] ;
« Ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et ont divergé après avoir reçu Nos preuves décisives. Voilà ceux qu’attend un terrible châtiment » (Famille d’Imran, verset 105).
La communauté juive, qui fait l’objet de ce chapitre (dit Famille d’Imran, englobant ainsi les juifs en référence à Moise qui est fils d’Imran, bien que le Coran les désigne aussi comme « adeptes du Judaïsme » ou « Gens des Ecritures », etc.) fut plus sollicitée avec plus de versets. Citons, à titre d’exemple, les deux versets suivants, parmi tant d’autres qui furent révélés après le nouveau ralliement sus évoqué :
« Si les Gens des Ecritures se convertissaient, cela vaudrait mieux pour eux. Il en est qui croient vraiment, mais la plupart sont des pervers » (Famille d’Imran, verset 110) ;
« Parmi les Gens des Ecritures, il s’en trouve qui croient en Dieu et qui tiennent pour véridiques les Ecritures qui vous sont révélées ainsi que leurs propres Ecritures. Tout humble devant Dieu, ils ne font pas un vil trafic de Son enseignement. Ceux-là seront justement rémunérés par le Seigneur, si prompt dans Ses comptes. » (Famille d’Imran, verset 199).
Comme on peut le constater, il ne s’agit point d’une invective en bloc de tous les juifs, mais de ladite majorité qui ne pouvait accepter une faveur divine, la prophétie suprême accordée à un goy (une personne non juive), n’ayant point étudié les anciennes Ecritures, seules valables à ses yeux.
Pour cette majorité, les Ecritures révélées et la prophétie devraient rester l’apanage exclusif des juifs.
De là, à Médine, aux environs de l’an 630 après JC, naquit la sourde campagne que menèrent ces juifs avec leurs affidés des autres tribus arabes et que continuent encore de mener – plus de quatorze siècles après – les sionistes avec leurs affidés occidentaux, tel que l’actuel premier ministre français Manuel Valls, pour dénigrer systématiquement l’Islam et son Prophète afin de faire planer le doute sur son message universel.
Ouvrons une petite parenthèse pour M. Manuel Valls et compagnie, en citant l’Union des juifs français pour la Paix qui critiquait ainsi le puissant lobby sioniste français, le CRIF : «… la cour que la plupart des politiciens français continue de lui faire n’en est que plus honteuse ». Cela est suffisant pour mettre en évidence la fonction ou plutôt la mission dévolue à ces affidés. Fermons la parenthèse.
On sait que cette classe dirigeante des juifs anti-islamiques de Médine n’hésita pas à se lancer dans une série de complots et de campagnes féroces, jusqu’à former une dangereuse coalisation avec les mecquois, idolâtres et païens, ainsi que d’autres tribus de toute l’Arabie, afin d’étouffer une fois pour toute cet essor de l’Islam.
Il s’en est suivi de fortes controverses qui tiennent une place importante dans les chapitres médinois du Coran, portant en grande partie sur les juifs : tout leur problème dans le monde et dans l’Histoire se trouve ainsi brossé à grand trait par plusieurs versets. Mais loin de condamner toute une communauté dans sa globalité, d’autres versets, dans les mêmes chapitres, rendent justice à ceux, parmi les juifs, qui croient et font le bien dans leurs rapports avec Dieu et avec les autres. Il s’agit de versets qui révèlent l’esprit humain de l’Islam et qui sont énoncés plus d’une fois dans le Coran.
(A suivre)
[1] La traduction des versets cités ici est de Sadek Mazegh qui a traduit le Coran en français