
La France traverse une crise politique sans précédent, consécutive à une dissolution ratée de l’Assemblée nationale, en juin 2024, qui fait que le Président se retrouve sans majorité. Cette nouvelle configuration éclatée de l’hémicycle, partagée entre le rassemblement national confortablement renforcé, les Républicains, le parti socialiste, la France insoumise, le parti communiste, le Modem, les écologistes et la Renaissance en perte de vitesse, réduit considérablement les marges de manœuvre du Président Macron. Ce dernier est confronté à une crise politique qui se traduit par la démission de son dernier premier ministre, Sébastien Lecornu, avant de prendre fonction, même s’il est chargé de mener des négociations afin de trouver des solutions de sortie de crise. Avant lui, Michel Barnier et François Bayrou ont dû rendre le tablier à défaut de pouvoir trouver une majorité pour le vote du budget. Ainsi, la France est sans budget, avec une sécurité sociale dont la branche maladie frôle le rouge depuis longtemps. En réalité, la France fait face à une crise économique et sociale révélée par le mouvement des « gilets jaunes » et la réforme des retraites, obtenue par le truchement de l’article 49. 3 de la constitution permettant le passage en force à l’Assemblée nationale. De plus, la dette publique progresse pour atteindre 115,6% du PIB et dépasse 3 400 milliards d'euros. Devant cette situation économique et l’impasse politique, comment le Président Macron pourra-t-il surmonter les difficultés au moment où le vide se creuse autour de lui ?
Distanciation politique
D’emblée, il exclut toute démission et compte aller jusqu’au terme de son mandat. Mais les déclarations récentes de ses proches, comme Gabriel Attal et Edouard Philippe, tous deux anciens premiers ministres, donnent le ton d’une distanciation politique et des divergences dans le choix des méthodes et des initiatives, au regard de la complexification de l’espace politique. En tout état de cause, le Président Macron ne dispose pas de solutions miracles. Il peut reconduire le premier ministre sortant, Sébastien Lecornu, à condition qu’il puisse obtenir la garantie, auprès des forces politiques, de ne pas être sanctionné pour le vote du budget ou bien nommer un premier ministre, politiquement neutre, afin de composer un gouvernement technique jusqu’aux prochaines échéances électorales. Il est vrai que les voies sont étroites en raison des manœuvres partisanes et des calculs politiques en ligne de mire les élections présidentielles de 2027. La dernière solution, qui est une seconde dissolution de l’Assemblée nationale, s’avère hasardeuse car elle risque de reproduire le même schéma, donc elle ne peut être envisagée en l’état actuel des rapports de force.
De cette crise, on retient que les problèmes politiques, économiques et sociaux ne sont pas l’apanage des pays sous-développés, aucun pays n’échappe à ces contraintes liées aux mutations internes et aux perturbations du système international. Il convient de procéder à des réformes institutionnelles, politiques et économiques, adaptées aux nouvelles donnes nationales et mondiales.
Moussa Diaw, politologue