Entre développement et préservation : la Mauritanie face au défi de la transition énergétique

24 September, 2025 - 11:53

Dans un contexte mondial de transition énergétique accélérée, la Mauritanie se trouve à la croisée des chemins. Riche en ressources naturelles, le pays voit se dessiner un avenir entre les promesses du gaz naturel offshore et les vastes potentiels inexploités des énergies renouvelables. Un enjeu de taille pour une nation qui cherche à conjuguer développement économique, justice sociale et protection de l’environnement.

 

Un géant énergétique en devenir

Depuis la découverte du champ gazier offshore Grand Tortue/Ahmeyim (GTA), à la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal, les projecteurs sont braqués sur cette région d’Afrique de l’Ouest. Le projet porté par les géants BP et Kosmos Energy ambitionne de faire de la zone un hub énergétique majeur à l’échelle continentale. La première phase du projet est déjà en cours d’exploitation et, selon les estimations officielles, la production pourrait atteindre 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an. Ce produit est destiné en grande partie à l’exportation, ce qui laisse espérer des retombées financières significatives pour l’État mauritanien. Mais cette manne énergétique suscite aussi des interrogations : Comment ces revenus seront-ils redistribués ? Quelles garanties pour les populations locales ? Et que dire de l’impact environnemental sur les écosystèmes marins ?

 

Un potentiel renouvelable inexploité

Paradoxalement, alors que le pays investit dans les hydrocarbures, la Mauritanie bénéficie d’un des plus forts taux d’ensoleillement au monde, avec également des vents constants sur les régions côtières et désertiques. Cela fait du territoire un candidat idéal pour le développement des énergies solaire et éolienne. En partenariat avec des institutions internationales, le gouvernement mauritanien a lancé plusieurs projets-pilotes, notamment dans l’Adrar et le Hodh El Gharbi, visant à alimenter des zones rurales éloignées. Mais les financements restent limités et les infrastructures encore embryonnaires.

 

Défis sociaux et environnementaux

Qu’il soit fossile ou renouvelable, le développement énergétique soulève des enjeux de gouvernance. Des organisations de la Société civile s’inquiètent du manque de transparence autour des contrats pétroliers et gaziers, ainsi que de l’absence de consultation des populations locales. L'impact écologique n’est pas non plus négligeable : les opérations offshore peuvent affecter la biodiversité marine et les écosystèmes côtiers fragiles, déjà menacés par l’érosion et le changement climatique.

 

Une transition à construire

Face à ces défis, une question centrale s’impose : la Mauritanie peut-elle réussir une transition énergétique équitable et durable ? Le gouvernement affirme sa volonté d’équilibrer les deux modèles. « Le gaz est une étape de transition », a déclaré récemment le ministre du Pétrole, de l’énergie et des mines. « Mais notre objectif à long terme est de faire de la Mauritanie un pays vert, basé sur les énergies propres. […] Des discussions devraient être entamées pour réussir la transition énergétique, qui permettrait de développer de grands parcs solaires, tout en formant une main-d’œuvre locale qualifiée. » En clair, la transition énergétique en Mauritanie n’est pas seulement une affaire de technologie ou d’économie. C’est un choix de société qui engage l’avenir des jeunes générations et la place du pays dans le Monde. Entre les promesses du gaz et l’urgence climatique, la Mauritanie doit tracer sa propre voie ; en évitant les erreurs du passé et en misant sur une croissance plus juste, inclusive et durable.

 

Babacar Diop

Coach d’entreprise, chargé de cours

Katana d’Or 2024

Maître-chercheur 2025

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