Après les propos tenus en France par Biram Dah: La polémique enfle 

17 September, 2025 - 21:20

L’opposant et député Biram Dah Abeid est attendu ce lundi à Nouakchott après une longue tournée politique et médiatique en France. Ce retour intervient alors qu’une plainte vient d’être déposée contre lui par l’Organisation Mauritanienne pour le Développement Politique (OMDP) auprès du procureur de la République.

Une tournée internationale remarquée

Durant son séjour en France, Biram Dah Abeid a multiplié les rencontres avec des responsables politiques, des ONG et des médias, abordant des sujets liés aux droits humains et à la situation sociopolitique en Mauritanie. Ses déclarations, parfois virulentes, ont suscité des réactions contrastées dans le pays.

 Une plainte en justice

Le 7 septembre, l’Organisation Mauritanienne pour le Développement Politique (l’OMDP) a saisi la justice mauritanienne, accusant le député d’avoir tenu des propos « diffamatoires et dangereux » contre l’État. L’organisation affirme qu’il a faussement soutenu qu’en Mauritanie se pratiqueraient des « meurtres fondés sur l’identité et la couleur ». Elle demande l’ouverture d’une enquête, la levée de son immunité parlementaire et sa condamnation pour incitation à la haine raciale et diffusion de fausses nouvelles.

Dans son recours, l’OMDP accuse le parlementaire d’avoir tenu, à plusieurs reprises, des propos publics – écrits et filmés – qu’elle juge « mensongers, diffamatoires et dangereux » pour la cohésion nationale. Biram Dah Abeid aurait notamment affirmé qu’en Mauritanie, il existerait des « meurtres fondés sur l’identité et la couleur ».

Des accusations jugées graves

Pour l’organisation plaignante, ces déclarations constituent un « grave dénigrement de la République islamique de Mauritanie », assimilable à de la diffamation, mais aussi à une « incitation explicite à la haine raciale et au clivage entre communautés ».

L’OMDP estime que les propos du député violent plusieurs dispositions de la Constitution et du Code pénal mauritanien. Elle cite notamment : L’article 33 de la Constitution, qui garantit la liberté d’expression mais en limite l’usage lorsqu’il menace l’honneur, l’ordre public ou l’unité nationale, l’article 348 du Code pénal, qui punit la diffusion de fausses nouvelles susceptibles de troubler la sécurité publique et les articles 192 et 195, réprimant respectivement l’incitation à la haine ou à la discrimination et la diffamation envers l’État et ses institutions.

Demande de levée de l’immunité parlementaire

La plainte vise également à enclencher une procédure de levée de l’immunité parlementaire du député, conformément à l’article 50 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. L’OMDP appelle la justice à engager des poursuites contre Biram Dah Abeid et à lui réclamer des «réparations civiles » pour le préjudice moral et symbolique infligé, selon elle, au peuple mauritanien et à l’image du pays.

Un retour scruté de près

L’arrivée de Biram Dah Abeid à Nouakchott est attendue avec attention par ses partisans comme par ses détracteurs. Ses soutiens saluent son engagement constant en faveur des droits humains, tandis que ses opposants dénoncent un discours qu’ils jugent excessif et attentatoire à l’unité nationale.

 Dans un contexte politique tendu, ce retour pourrait raviver le débat autour de la liberté d’expression, de la cohésion sociale et du rôle de l’opposition en Mauritanie.

Un dossier sensible

 Cette affaire survient dans un contexte politique tendu, où le discours de Biram Dah Abeid continue de diviser profondément la scène nationale. Député réélu et figure incontournable de l’opposition, il est régulièrement critiqué par ses adversaires pour son ton jugé radical, mais demeure soutenu par une base militante fidèle qui voit en lui un défenseur acharné des droits humains et de l’égalité. 

La justice mauritanienne devra désormais statuer sur la recevabilité de la plainte et décider des suites à donner à cette procédure qui pourrait avoir un retentissement politique majeur.

Signalons que le Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation a officiellement reconnu, par décision en date du 2 janvier 2008, l’Organisation Mauritanienne pour le Développement Politique (OMDP), conformément à la loi n°64.098 du 9 juin 1964 relative aux associations.

L’association, dont le siège est fixé à Nouakchott, a pour objectif principal la promotion des pratiques démocratiques. Sa durée d’existence est illimitée.

Son président est Eliane Ould Yemb.

Kaw Thierno