
Crue exceptionnelle à Kaédi : une ville sous l’eau, une population en détresse
La ville de Kaédi, au Sud de la Mauritanie, fait face à une crise d’une ampleur inédite. Combinées au déversement du barrage de Manantali, des pluies diluviennes ont provoqué une montée spectaculaire des eaux, submergeant des quartiers entiers et forçant des dizaines de familles à fuir leurs habitations. Les images et témoignages recueillis sur le terrain témoignent du désastre : maisons effondrées, routes coupées, mobilier domestique emporté et zones résidentielles totalement inaccessibles. Plusieurs secteurs de la ville sont désormais isolés, aggravant la détresse des habitants.
Une mobilisation d’urgence a été enclenchée. Forces de l’ordre, armée, volontaires et civils se relayent pour évacuer les sinistrés, sécuriser les zones menacées et apporter les premiers secours. Malgré le chaos, la solidarité reste forte : les habitants s’organisent, s’entraident et tentent de sauver ce qui peut l’être. Les autorités locales ont lancé un appel à la vigilance et mis en place des mesures temporaires de relogement. Mais face à l’ampleur de la catastrophe, ces efforts restent en deçà des besoins réels.
L’OMVS alerte sur des risques d’inondations dans plusieurs localités mauritaniennes
L’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) a placé plusieurs communes mauritaniennes en état de vigilance face à la montée exceptionnelle des eaux. Alimentée par une forte pluviométrie et les apports des affluents, la crue menace directement certaines zones du Sud du pays. Selon les données hydrologiques publiées début-Août, les communes de Gouraye (Guidimakha) et Toufoundé Civé (Gorgol) ont été placées en vigilance jaune, tandis que Kaédi et d’autres localités du Gorgol et du Brakna sont classées en zone rouge, avec un risque élevé de débordement.
L’OMVS a lancé une caravane de sensibilisation dans les villes riveraines, notamment à Rosso et Tékane, afin d’informer les populations et de renforcer les dispositifs de prévention. Parallèlement, les barrages de Manantali (Mali) et de Diama (Mauritanie-Sénégal) sont gérés de manière stratégique pour contenir la crue et limiter les dégâts. Les autorités appellent les habitants des zones à risque à prendre toutes les dispositions nécessaires et à rester attentifs aux consignes de sécurité. La révision des schémas de gestion des barrages et le renforcement des systèmes d’alerte précoce figurent parmi les mesures prévues. Pour l’OMVS, l’enjeu est crucial : prévenir des inondations potentiellement dévastatrices dans un contexte où l’hivernage 2025 s’annonce parmi les plus pluvieux de ces dernières années.
Nouadhibou et Sélibaby, points névralgiques de la migration
La Mauritanie confirme son rôle central dans les flux migratoires ouest-africains, selon un rapport publié par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’ANSADE. Menée en Mai, l’enquête a recensé 4 003 migrants répartis en 1 227 ménages, majoritairement des hommes jeunes (79 %), âgés de 18 à 35 ans. Les nationalités dominantes sont celles du Mali (47 %) et du Sénégal (35 %).
À Nouadhibou, deuxième ville du pays, beaucoup de migrants travaillent dans la pêche ou le commerce mais la cité reste avant tout un hub de départ vers l’Europe, notamment les Canaries. À Sélibaby, capitale du Guidimakha et porte d’entrée depuis le Mali et le Sénégal, la pression est forte sur les infrastructures locales, souvent saturées. Le rapport souligne un double défi pour la Mauritanie : intégrer ceux qui s’installent durablement et encadrer les flux de transit. Malgré l’appui de l’Union européenne et plusieurs programmes socio-économiques, la pression migratoire reste élevée.