
La feuille de route présentée récemment par le coordinateur du dialogue national mérite d’être saluée pour la qualité du travail accompli. Elle est le fruit d’un effort de patience, d’écoute et d’objectivité. Le coordinateur a restitué avec rigueur les résultats des différentes concertations, sans chercher à les déformer ou à les influencer. À ce stade, on ne peut rien lui reprocher. Il a fait ce qu’on attend d’un coordinateur, ni plus ni moins.
je salue naturellement l’esprit d’ouverture du président de la République à l’origine de cette initiative mais sur le fond, il convient de rappeler une position que j’ai toujours maintenue avec constance : dans une démocratie fonctionnelle, le dialogue politique n’est pas une exigence permanente. Il ne saurait remplacer l’exercice normal des responsabilités politiques.
Dans ce contexte, le rôle du gouvernement est de gouverner, d’analyser les problèmes du pays, de concevoir des stratégies, de les mettre en œuvre. Le rôle de l’opposition est de critiquer, de proposer une alternative, pas de cogérer ou de s’impliquer dans une gouvernance par la concertation permanente.
Il est légitime que le président consulte, de manière ponctuelle, les différentes forces politiques et sociales sur les grandes questions nationales. Mais faire du dialogue un mode de gouvernance institutionnalisé, avec des engagements contraignants et des traductions législatives, est à la fois inutile et antidémocratique. Ce serait vider de sa substance le processus démocratique.
Il est temps, en effet, de clarifier les limites du dialogue politique, afin qu’il reste un outil ponctuel au service de la cohésion nationale, et non un substitut à la légitimité électorale ni une plateforme de gestion parallèle de l’État.