Mauritanie : Une administration paralysée face à une crise nationale sans issue

10 July, 2025 - 00:10

La Mauritanie traverse une crise multiforme qui touche tous les pans de la société : éducation, économie, emploi, infrastructures, gouvernance et cadre de vie.
L’administration, au lieu d’apporter des réponses structurées, semble figée dans l’inaction, voire complice de dérives graves : nominations clientélistes, détournement de biens publics, blanchiment d’argent. À Nouakchott, la capitale, les montagnes d’ordures symbolisent l’échec flagrant de l’État à répondre aux besoins fondamentaux.
Cette paralysie administrative accentue la détresse sociale et prépare un avenir incertain.
Développement et critique :
La situation actuelle de la Mauritanie illustre une faillite administrative et politique face à des défis multiples qui se renforcent mutuellement :
 

1. Un enseignement à l’agonie
Les établissements scolaires manquent de moyens, d’encadrement qualifié et de stratégie.
L'éducation nationale ne répond plus aux exigences du développement ni à l'espoir des générations montantes.
L’école mauritanienne forme peu, mal et sans perspectives d’intégration dans la vie active.
 

2. Infrastructures délabrées
Les routes sont en mauvais état, les réseaux d’eau et d’électricité défaillants, les hôpitaux débordés ou insalubres.
Les investissements publics ne suivent pas ou sont détournés. L’entretien de base des infrastructures semble abandonné, particulièrement dans les quartiers populaires.
 

3. Une économie paralysée et un chômage endémique
Malgré les ressources naturelles du pays, l’économie reste peu diversifiée et fragile. Le secteur privé est asphyxié par les monopoles, les pratiques de favoritisme et la corruption.
Le chômage, notamment chez les jeunes diplômés, atteint des niveaux alarmants, alimentant l’exode ou la désespérance.
 

4. Des biens publics détournés dans l’impunité
Les espaces publics, notamment les terrains urbains, sont bradés ou spoliés avec la complicité manifeste de hauts responsables.
Des zones censées accueillir des équipements collectifs sont cédées à des intérêts privés, au mépris de l’intérêt général .

5. Blanchiment d’argent et gouvernance corrompue
Le pays est devenu une plaque tournante du blanchiment d’argent, facilité par l’opacité financière, les complicités officielles et l’absence de contrôles.
Cette criminalisation de l’économie affaiblit l’État et compromet tout développement durable.

6. Népotisme et régionalisme institutionnalisés
Les nominations dans les postes clés ne reposent plus sur le mérite, mais sur l’appartenance tribale, régionale ou sur la proximité avec les cercles du pouvoir. Ce favoritisme crée des frustrations profondes et mine la cohésion nationale.

7. Une capitale devenue décharge publique
À Nouakchott, les ordures s’accumulent dans les rues, sans ramassage régulier, sans stratégie durable. Les odeurs, les maladies et le chaos environnemental illustrent l’immobilisme d’un État dépassé. La gestion urbaine est laissée à l’abandon .
Conclusion : une crise profonde, une administration absente. Face à cette crise généralisée, l’administration mauritanienne montre une passivité consternante. Ni réforme, ni vision, ni volonté politique ne se dessinent à l’horizon. Pire encore, l’appareil d’État semble complice ou moteur de certaines dérives.
Il est urgent de redonner à l’État son rôle de garant de l’intérêt collectif, à travers des réformes courageuses, une justice indépendante et une gouvernance fondée sur la compétence et la transparence.
Sans cela, la crise ne fera que s’aggraver, au détriment de la stabilité et de la dignité du peuple mauritanien.

Abidine Sidaty