
« Inna lillahi wa inna ilayhi raji'un. » « À Dieu nous appartenons, et c’est à Lui que nous retournons ». En ce mardi 17 juin, la Mauritanie a perdu l’un de ses fils les plus vaillants, un bâtisseur infatigable de notre nation. Avec sa disparition, c’est une page vivante de notre mémoire collective qui se referme. Mais son héritage, lui, demeure intact : celui d’un homme qui a consacré toute sa vie à l’idéal d’une Mauritanie libre, juste et unie. Un homme de foi, de courage et de devoir, que j’ai eu l’honneur et le privilège de côtoyer de près.
Né en septembre 1932 à Boghé, dans le Brakna, il appartenait à cette génération de pionniers visionnaires qui ont rêvé, pensé, puis bâti l’édifice de notre jeune République. Aujourd’hui, dans l’émotion du deuil, nous nous inclinons devant la mémoire d’un patriote inébranlable, un serviteur infatigable de l’État, un homme d’honneur.
Il fut de ceux qu’on appelle avec respect, les pères fondateurs de notre nation. Homme de principe, rigoureux, compétent et intègre, il a marqué de son empreinte les premières décennies de notre indépendance, toujours guidé par la conviction profonde que la liberté n’a de sens que si elle est portée par la justice, et que l’unité nationale ne peut se construire sans reconnaissance de la dignité de tous les citoyens.
Après ses études primaires, il rejoint le lycée Faidherbe de Saint-Louis, avant de poursuivre à la Sorbonne, où il étudie les lettres et la sociologie De retour en Mauritanie, Il devient professeur puis censeur au lycée de Rosso, avant de diriger l’École nationale d’administration de Nouakchott, formant plusieurs générations de cadres de la République. Ministre à plusieurs reprises, notamment du Plan et des Mines, il est emprisonné deux ans après le coup d’État de 1978, mais jamais il ne renia ses idéaux.
De 1982 à 1985, il poursuit son engagement au service du savoir comme expert de l’UNESCO à Dakar. À son retour en Mauritanie, il fut sollicité pour assumer à nouveau des responsabilités de haut niveau, dont celle de Secrétaire général du Gouvernement, poste stratégique où il a mis une fois encore son sens de l'État, sa rigueur et sa loyauté au service des institutions nationales.
Un nationalisme ouvert
Son combat n’a jamais été pour lui-même, mais pour la Mauritanie, sa Mauritanie : celle qu’il rêvait unie, inclusive, juste et forte de ses multiples identités. Son nationalisme était ouvert, porté par une foi inébranlable dans les valeurs de justice sociale et de solidarité.
Il portait une vision d’avenir enracinée dans les valeurs morales les plus profondes : le respect, l’équité, l’humanité. Il croyait qu’une Mauritanie réconciliée avec toutes ses composantes pouvait offrir à chaque enfant du pays un avenir digne, fondé sur le mérite et l’égalité des chances.
Aujourd’hui, alors que son départ nous laisse un vide immense, son héritage moral et politique demeure une boussole pour notre temps. Il nous laisse un exemple rare de droiture, de lucidité politique, et d’engagement sans faille pour la République.
En ces temps incertains, où notre monde et notre sous-région sont secoués par tant de défis, que le souvenir de cet homme exceptionnel brille comme une étoile de repère dans notre ciel national. Puisse sa vie, faite de courage, de droiture et de foi en la République, continuer d’inspirer les générations d’aujourd’hui et de demain. Qu’elles trouvent dans son exemple la force de bâtir une Mauritanie plus juste et plus fraternelle. Qu’Allah, dans Son infinie miséricorde, lui ouvre les portes de Sa lumière et l’accueille parmi les justes, dans la paix éternelle.
À sa famille, à ses amis, à ses proches, et à toute la Mauritanie plurielle, nous adressons nos sincères condoléances. Ainsi va la vie, et qu’Allah guide la Mauritanie et ses citoyens sur le chemin de la justice, de la paix et de l’unité.
« Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée. Entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis. »
(Sourate Al-Fajr, 89 : 27–30)
Mamadou Baro