Le Calame : Vous avez fait partie de la délégation de la majorité présidentielle que le président de la République a reçue la semaine dernière. De quoi vous a-t-il entretenu ?
Sid’ Ahmed Ould Ahmed : L'entretien qui a eu lieu entre le Président de la République et la majorité (leaders des partis politiques et Parlementaires) a porté sur les sujets d'actualité et notamment le dialogue entre l'opposition et la majorité. Le Président de la République a édifié l'assistance sur sa vision du dialogue et l'importance qu'il accorde à sa réussite. Dans ce sens -et contrairement aux idées véhiculées par certaines sources - le Président a réitéré que sa disponibilité pour ce dialogue n'a comme mobile que l'intérêt du pays et le souci de l'ancrage de la démocratie, qu'il n'est pas sous contrainte et que le pays n'est confronté à aucune crise de quelque nature qu'elle soit. Il a évoqué que dans le but de faire évoluer les choses, la majorité a soumis à l'opposition des propositions inspirées -dans une large mesure -des points souvent soulevées par celle-ci et que la majorité attend toujours sa réaction.
Le Président a également précisé que même s'il n'existe pas de sujet tabou, le dialogue n'est pas un cadre approprié pour la révision de la Constitution. Un tel acte doit se justifier par l'intérêt suprême du pays et doit être consécutif à la consultation du peuple à travers un référendum.
- Selon différentes dépêches, le président aurait réaffirmé sa disponibilité au dialogue. Comment appréhende-t-il les méfiances de du FNDU à accepter son offre de dialogue ?
Le président a appelé au dialogue lors de la dernière visite de Chinguetti et a de nouveau réaffirmé sa disponibilité pour cette vertu. Il y a lieu de dire que le dialogue auquel nous aspirons est un dialogue entre tous les Mauritaniens et pour tous les Mauritaniens. Ce dialogue doit pouvoir libérer des énergies et contribuer à relever les défis auxquels nous sommes confrontés. En effet, l'unité nationale risque d'être menacée par les extrémistes qui prônent toutes sortes de divisions, l'enseignement et la santé doivent être l'objet d'une attention très particulière. Pour répondre à votre question, je pense que chacune des parties prenantes au dialogue peut être prudente afin de maximiser ses avantages mais à aucun moment, il ne doit y avoir un climat de méfiance. Au fait ce qui est visé par ce dialogue, c'est l'intérêt d'une nation tout entière.
- Ne trouvez-vous pas légitime les méfiances de l’opposition qui doute la sincérité du pouvoir et craint d’être « roulée dans la farine » comme en 2009, à Dakar ?
Comme je vous ai répondu tantôt, je pense qu'il ne faut pas réduire la vie politique en Mauritanie à la bipolarité président de la République –opposition ; ce qui est en jeu nous concerne tous, son résultat nous interpelle tous et nous devrons faire preuve d'ouverture et de responsabilité. En plus un dialogue n'est un jeu de hasard, c'est un processus, une dynamique, il n'est fructueux et utile que lorsqu'il est le fruit d'un accord entre toutes les parties concernées. Donc la méfiance d'une partie ne doit pas être justifiée car sa responsabilité ne peut être engagée que par elle-même.
- Certaines rumeurs font croire que les parlementaires de la majorité seraient opposés au dialogue que leur mentor prône, ils l’auraient même signifié au premier des ministres. Qu’en est-il exactement ?
La position des parlementaires par rapport au dialogue a fait l'objet de rumeurs, toutefois je confirme les points suivants :
-le premier ministre ne s'est entretenu qu'avec les parlementaires des deux Hodhs et l'ordre du jour était uniquement la préparation de la visite du président de la République à ces deux wilaya.
-Tous les députés de la majorité, quelles que soient les analyses des uns et des autres, sont unanimes sur le fait que toutes les mesures qui sont de nature à consolider l'unité nationale ou assurer la paix sociale et contribuer au développement du pays doivent être prises y compris, si nécessaire, la dissolution de l'Assemblée Nationale.
-Comment avez-vous accueilli les « préalables » du RFD pour aller au dialogue ?
Je pense que les préalables du RFD relèvent d'une tactique qui peut se traduire -à titre d'exemple -par les points suivants :
-Le RFD peut à travers ces préalables prouver qu'il est un parti politique qui, de par sa portée historique, incarne une certaine consistance.
-Le RFD veut arracher au pouvoir des concessions en faveur du peuple et même en faveur de personnes physiques et partant, prouver à l'opinion publique nationale que le parti est soucieux de l'intérêt général.
-Enfin c'est une approche prudente au cas où le dialogue n'aboutit pas, les préalables seraient les seuls résultats acquis et seront -vraisemblablement à l'actif du RFD.
Propos recueillis par Dalay Lam