Mais bon sang, un peu de tenue !

29 April, 2025 - 23:59

Faire le buzz est désormais le souci de tout un chacun. « Faire tendance », comme on dit, c’est-à-dire voir ses avis largement partagés sur les réseaux sociaux.  C’est la ruée au plus grand nombre de lectures et de partages ! Au prix de n’importe quoi à tout bout de champ… Des exemples ? En veux-tu, en voilà : tel député de l’opposition accusant, dans une déclaration au Parlement européen, une communauté de confisquer le pouvoir… avant de se rétracter dès son retour au pays, en disant qu’il ne parlait que d’une minorité.  Telle autre députée du même camp traitant tous nos dirigeants de cafards… Des soutiens du pouvoir en place n’hésitant pas à taxer les dirigeants de l’opposition active de tous les noms d’oiseaux avec, en cible privilégiée, Biram, accablé de volées de bois vert pour un oui ou pour un non.

On est à mille lieues d’un débat politique serein où les problèmes du pays seraient débattus dans la sérénité et le respect de l’Autre. Où en est-on des tables rondes organisées par la télévision nationale il y a quelques années et auxquelles la presse privée était conviée ? Tout le monde a encore en tête le face-à-face mémorable entre les deux candidats arrivés en tête lors de la présidentielle 2007. Une expérience qui ne sera jamais renouvelée, pour la simple raison qu’il n’y a jamais eu de deuxième tour depuis cette date et qu’il n’y en aura peut-être jamais plus.

La courte parenthèse civile de 2007 à 2008 ayant été tuée dans l’œuf, les militaires sont revenus à la charge et ne lâcheront plus le morceau. D’où la sempiternelle question : à quelle sauce serons-nous mangés en 2029, lorsque Ghazouani décidera de rendre le tablier ? A moins qu’il ne veuille rempiler pour un hypothétique troisième mandat « pour garantir la paix et la stabilité du pays ». On entend certes bien que plane l’exemple du Sénégal voisin et de sa révolution populaire de 2023. Mais, franchement, on n’aurait pas mieux à faire en notre république réputée islamique ?

 

                                                             Ahmed ould Cheikh