
Biram Dah Abeïd conditionne sa participation au dialogue prôné par Ghazouani au règlement par les autorités du dossier des jeunes manifestants tués lors des événements postélectoraux à Kaédi. Le député et président d’IRA a ainsi déclaré, le jeudi 20 Mars en conférence de presse, avoir fait part de sa « ferme position » au président de la République, lors de leur dernière rencontre. Il dit lui avoir demandé de « profiter du mois béni du Ramadan pour rencontrer au palais présidentiel les familles des victimes, marquant ainsi d'un geste fort le règlement de ce dossier douloureux ». Selon Biram, Ghazouani s'est contenté de dire tout simplement qu'« il avait appris le décès du père d'un de ces jeunes »…
Le leader abolitionniste pense que le dossier des martyrs de Kaédi doit être, à l’instar du premier passif humanitaire, « une question centrale de tout dialogue sérieux ». D'autant plus, ajoute-t-il, que « nous avons un engagement vis-à-vis des morts. « Intimidées, sous le coup de la peur et de la corruption », les familles des victimes n'avaient pas accompagné Biram Dah Abeïd et ses partisans dans leur réclamation d'ouverture d'une information judiciaire pouvant déboucher sur une plainte et une autopsie. Ce n’est que tardivement et en désespoir de cause, qu’elles ont fini par se ranger d'un seul bloc derrière le leader hartani. « Nous n'allons pas désarmer. Nous allons continuer à mener ce combat pour ces jeunes tués à la fleur de l'âge dans leur lieu de détention. Parce que ce sont aussi mes enfants », proclame l'ancien candidat à la présidentielle arrivé deuxième à trois reprises.
De son côté, Ablaye Diop, représentant d'une des victimes, a fait part du désir ardent des proches de celles-ci d'obtenir justice. Il a exprimé ses remerciements au député Biram soucieux de voir toute la lumière faite sur cette affaire. Le président d’IRA Mauritanie a averti maître Mohamed Hartani, l'avocat des familles des jeunes, qu'il doit s'attendre à des « intimidations, des tentatives de le plier ou de le faire changer d'avis » mais espère que « la résistance va être de mise jusqu'à ce que la lumière éclate ». Muni des procurations des familles des sept victimes, l’avocat se dit, quant à lui, « prêt à faire face à toutes les pressions » et a réitéré « sa volonté de défendre jusqu'au bout les victimes ».
Les sept jeunes ont trouvé la mort dans leur lieu de détention à Kaédi, suite à leur arrestation lors d’une manifestation célébrant la victoire supposée de Biram lors de la dernière présidentielle. Ces manifestations spontanées faisaient suite à des audios qui avaient largement circulé. De nombreux manifestants avaient été arrêtés et l'Internet mobile coupé. Suite au drame survenu en prison, des pontes négro-africaines originaires de Kaédi avaient été envoyées par le régime, rappelle Biram, pour obstruer l'enclenchement d'une information judiciaire, intimidant et poussant les familles des sept jeunes victimes à refuser toute autopsie et à les enterrer au plus vite.