
L’ère Trump marque une rupture brutale avec les principes diplomatiques qui structuraient traditionnellement la politique étrangère des États-Unis. En adoptant une posture résolument transactionnelle et unilatérale, il bouleverse l’équilibre géopolitique, reléguant les alliances historiques à une simple logique marchande et utilitariste. Ce virage a engendré des tensions croissantes avec les partenaires traditionnels des États-Unis, notamment le Canada et l’Europe, tout en renforçant une approche inflexible vis-à-vis de la cause palestinienne. À Gaza, l’administration Trump a soutenu sans réserve la politique sioniste, ignorant ouvertement le Droit international et les principes humanitaires. Cette dynamique conflictuelle a récemment atteint un point culminant avec l’initiative audacieuse de l’Afrique du Sud, qui a accusé la Sionie de génocide devant la Cour internationale de Justice. Face à cette démarche, Washington a immédiatement réagi par des représailles économiques, révélant une nouvelle fois son mépris pour les voix dissidentes de « leur ordre » mondial.
Affaiblissement délibéré des alliances occidentales
L’approche trumpienne en matière de relations internationales se caractérise par un désintérêt manifeste pour les mécanismes traditionnels de coopération multilatérale. Contestant les accords commerciaux et les organisations internationales, affichant une hostilité à l’égard de l’OTAN et marginalisant l’Union européenne dans les grandes décisions stratégiques, Trump cherche à redéfinir les alliances sur des bases strictement opportunistes.
Pourtant « traditionnel » allié indéfectible de Washington, le Canada s’est retrouvé au cœur d’une guerre commerciale inédite, tandis que les dirigeants européens ont dû composer avec une administration méprisante envers les institutions communautaires et ouvertement favorable aux mouvements eurosceptiques. Cette déstructuration volontaire des relations transatlantiques a fragilisé la cohésion du bloc occidental, laissant la voie libre à des puissances concurrentes comme la Chine et la Russie, prêtes à exploiter cette brèche pour étendre leur influence.
Alignement inconditionnel avec la Sionie et dédain outrancier envers Gaza
Dans la continuité de cette politique unilatérale, Donald Trump a instauré un soutien sans faille à l’entité sioniste, reléguant les revendications palestiniennes et les efforts diplomatiques internationaux au second plan. La reconnaissance de Jérusalem en capitale de la Sionie et le transfert de l’ambassade américaine en cette cité ont scellé une rupture définitive avec la position traditionnelle des États-Unis en tant que médiateur du conflit.
Ce choix a annihilé les dernières perspectives de négociation entre la Sionie et l’Autorité palestinienne, légitimant l’expansionnisme juif en Cisjordanie et aggravant la situation humanitaire à Gaza. Le blocus de l’enclave palestinienne, l’intensification des frappes militaires et la répression des manifestations ont été encouragés par l’indulgence de la Maison-Blanche à l’égard de ces actions. Loin de promouvoir une approche équilibrée, l’administration Trump a fait le choix d’une diplomatie partiale, nourrissant une logique de confrontation et réduisant à néant toute possibilité d’une solution à deux États.
Dans un excès de provocation, Trump est même allé jusqu’à déclarer que la Cisjordanie était une partie intégrante de la Sionie et que Gaza relevait désormais de la souveraineté américaine. Une déclaration aussi absurde qu’irréaliste, affichant grotesquement le mépris total de son administration envers les droits des Palestiniens et, plus généralement, le Droit international. Dès lors, il devient incompréhensible qu’Abou Mazen persiste à coopérer avec l’entité sioniste, perpétuant ainsi une aberration politique défiant toute logique.
L’Insoumission de l’Afrique du Sud et la réplique yankee
L’un des épisodes les plus révélateurs des limites de cette politique déséquilibrée s’est récemment joué sur la scène internationale avec l’initiative audacieuse de l’Afrique du Sud. En portant plainte devant la Cour internationale de Justice contre la Sionie, Pretoria a défié ouvertement le diktat diplomatique imposé par Washington. Saluée par une large partie du Sud global et de la Communauté internationale, cette démarche a immédiatement déclenché une riposte américaine, marquée par la suspension d’accords commerciaux et l’imposition de sanctions contre les entreprises sud-africaines.
Face à ces représailles, l’Afrique du Sud a réagi avec une fermeté exemplaire, suspendant les activités des sociétés américaines sur son territoire et réaffirmant sa souveraineté face aux pressions de Washington. Ce bras de fer illustre une mutation profonde dans l’équilibre des forces mondiales : l’émergence de nouveaux pôles de résistance face à l’hégémonie américaine et la revendication d’une diplomatie affranchie des injonctions occidentales.
Dans ce climat de tensions, il convient de saluer la posture du président égyptien qui, malgré les menaces et les pressions de l’administration Trump, a refusé de céder à ses injonctions. Son maintien d’une politique indépendante démontre qu’il est encore possible pour les États arabes d’affirmer leur souveraineté sans succomber aux diktats de Washington.
Quel impact pour la Mauritanie ?
Dans ce contexte de tensions croissantes, la Mauritanie, bien que relativement en retrait sur la scène diplomatique, pourrait être affectée par ces bouleversements. Si le pays a jusqu’ici évité de se retrouver dans la ligne de mire des sanctions américaines, son positionnement sur la question palestinienne et son engagement aux côtés des nations africaines pourraient à terme influencer ses relations avec les États-Unis.
L’exemple sud-africain démontre que toute nation osant contester la politique américaine s’expose à des représailles économiques et politiques. Toutefois, la Mauritanie, de par sa position stratégique et son appartenance aux dynamiques régionales africaines et arabes, dispose d’une marge de manœuvres lui permettant d’adopter une diplomatie équilibrée, défendant ses principes sans s’exposer aux caprices d’une administration américaine imprévisible.
Vers un Monde multipolaire ?
Le mandat de Donald Trump remodèle profondément l’ordre international, ébranlant les alliances traditionnelles, exacerbant les conflits régionaux et attisant les tensions avec les nations contestant sa vision du Monde. Son intransigeance à l’égard de la Palestine, traduite par un alignement sans faille sur la politique sioniste, a trouvé une réplique inattendue avec l’initiative judiciaire de l’Afrique du Sud contre Tel-Aviv. Ce tournant illustre l’émergence d’un nouvel équilibre mondial où les États du Sud refusent de plier sous les diktats des grandes puissances et revendiquent une diplomatie plus équitable.
Dans ce contexte mouvant, la Mauritanie doit faire preuve de prudence et de lucidité, tirant les leçons des récentes confrontations géopolitiques pour préserver ses intérêts, tout en restant fidèle aux principes de justice et de souveraineté qui ont toujours guidé sa politique étrangère. L’avenir appartient à ceux qui sauront naviguer avec habileté dans les méandres de cette recomposition mondiale.
Éleya Mohamed