Chaque fois que la Mauritanie révise et améliore son code d’investissement, le climat de celui-ci ne s’améliore pas pour autant et les investisseurs ne se bousculent pas au portillon. Une zone franche a été établie à Nouadhibou et… rien n’a changé. Un organisme de promotion des investissements a été fondé à Nouakchott et… rien n’a changé. Car pour encourager ceux-ci, il ne suffit pas de promulguer des lois générales, quelles que soient les incitations qu’elles contiennent. Il faut aussi veiller à ce qu’il y ait un climat psychologique, administratif et judiciaire qui garantisse la tranquillité. À commencer par celle de l’investisseur, en l’assurant de ce que ses placements ne seront pas soumis à l'arbitraire de l'administration, des impôts, de la police ou de la justice.
À cet égard fort instructif, l’exemple de ce financier du Golfe qui avait entendu parler, il y a des années, de la fondation d’une zone franche à Nouadhibou. Il se rendit en Mauritanie chez un de ses amis, avec l'intention d'investir dans le tourisme balnéaire, une activité qu’il avait déjà menée avec succès en d’autres pays. Arrivé à Nouakchott, il avait choisi de rejoindre tranquillement Nouadhibou par la route avec son ami pour découvrir le pays. Mais à peine sorti de l’aéroport Oum Tounsi, les tracas commencèrent au premier poste de police où on lui demanda de remplir les mêmes fastidieuses formalités d’accueil qu’il venait juste d’accomplir à sa sortie de l’avion. Un peu énervé, il obtempéra cependant poliment aux injonctions de l’agent. Puis la multiplication des contrôles tout au long du chemin acheva de lui faire perdre tout enthousiasme à investir chez nous… Résultat des courses, il ne fit qu'une rapide visite de courtoisie à Nouadhibou et retourna dans son pays.
Un autre investisseur du Golfe se contenta, lui, d’un bref séjour à Nouakchott. Il comptait construire à Nouadhibou une usine chargée d’importer, transformer et conditionner des huiles pétrolières de son pays, avant de les commercialiser auprès des entreprises locales de pêche et d'exploitation minière, afin de répondre aux besoins de notre marché et celui de la sous-région. S’informant alors auprès d’un responsable de l’APIM ( l’agence chargée de promouvoir les investissements) sur le droit mauritanien des affaires, les procédures de gestion, les règles d'import-export et de commercialisation, etc., la piètre qualité des réponses de celui-là ne fut guère relevée par l’étrangeté de son dernier conseil : « Si vous rencontrez un problème, comptez sur nous pour vous aider à le résoudre ». Très près peu enclin à se suffire d’une garantie si « personnalisée », le prudent homme d’affaires préféra retourner at home…
Il existe de nombreux autres exemples de telles brèves déconvenues qui ont suffi à décourager les plus entreprenants. Pour produire un climat d’investissement confortable et attrayant, il faut, au-delà de l’élaboration et l’affinement de textes légaux clairs et précis, mobiliser tout-à-la-fois des spécialistes vraiment compétents en divers domaines, juridiques, administratifs et sociaux, ainsi qu’en celui des relations publiques, tous attentifs à coopérer pour le bien commun.
Ahmed ould Cheikh