
En 2009, mon frère et ami Mohamed Salem Ould Ideidbi eut la généreuse attention de me dédicacer la première édition en français du Traité de politique ou Conseils pour la conduite du pouvoir, rédigé par l’Imam Al-Hadrami vers 1073. Par sa plume érudite, il fit ainsi connaître au lectorat francophone cette œuvre majeure, dont la première édition fut imprimée par Almanar à Nouakchott. Une nouvelle édition vit le jour en 2011 chez Guthner.
L’ouvrage est accompagné d’une chronologie d’événements allant du VIe et Ve siècle avant J.-C. jusqu’en 2001, année où la Mauritanie soumit à l’UNESCO une demande de reconnaissance d’Azougui comme site du patrimoine mondial.
Rédigé il y a plus de 900 ans, ce traité est traduit pour la première fois dans une langue étrangère. Mohamed Salem Ould Ideidbi, docteur en droit international de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et descendant des Almoravides, y met en évidence l’apogée intellectuelle de cette dynastie, qui a marqué une époque souvent qualifiée d’âge d’or de l’histoire arabo-musulmane.
L’Imam Al-Hadrami, érudit et cadi d’Azougui, demeure pourtant méconnu, bien qu’il soit l’un des pionniers de la sociologie politique. Son traité, écrit bien avant les Prolégomènes d’Ibn Khaldoun ou Le Prince de Machiavel, propose une réflexion approfondie sur l’art du pouvoir et ses implications pratiques.
D’une remarquable modernité, cet ouvrage s’adresse aux dirigeants, hommes d’État, politologues, historiens et chercheurs. Il explore avec minutie des thématiques essentielles à l’exercice du pouvoir, notamment :
• Les principes fondamentaux du leadership et les qualités requises d’un chef,
• Les stratégies militaires et diplomatiques,
• L’importance du protocole, de la communication et de la gestion des sujets,
• L’équilibre entre rigueur et modération, indispensables à un bon gouvernant.
Préfacé par Federico Mayor, ancien directeur général de l’UNESCO et co-président du groupe international de haut niveau sur l’Alliance des civilisations de l’ONU, ce traité constitue une véritable référence pour l’étude du leadership et de la gouvernance.
Au-delà de son analyse politique, ce livre dresse un portrait détaillé de la Mauritanie et de son passé historique, abordant des sujets majeurs tels que :
• L’histoire d’Arguin, ainsi que les empires du Ghana et des Sanhaja,
• L’État almoravide, sa capitale Azougui, ses souverains et ses chefs,
• La relation entre l’Imam Al-Hadrami et Abdellah Ibn Yacine,
• Les campagnes contre les hérésies, les conquêtes et la chute des Almoravides,
• L’arrivée des tribus arabes en Mauritanie,
• L’héritage intellectuel et le destin oublié de l’Imam Al-Hadrami.
Ce traité, témoin de la brillante tradition intellectuelle des Almoravides, mérite une place de choix dans l’étude des théories politiques médiévales. Bien plus qu’un simple recueil de conseils, il incarne une réflexion profonde sur le pouvoir et ses enjeux, dont la portée dépasse largement son époque pour s’inscrire dans une perspective universelle et intemporelle.