Abdoulaye Wade, 88 ans, marié à une française blanche depuis plusieurs décennies. Il fut lycéen au célèbre lycée Condorcet à Paris, titulaire d'un doctorat en droit et sciences économiques. Il exerça comme avocat au barreau de Dakar et enseigna à l'université Cheikh Anta Diop (l'UCAD) connue dans la sous région. Il fut aussi un ancien opposant de premier plan contre le pouvoir socialiste au Sénégal.
Il a dirigé le Sénégal pendant 12 ans ( 2000-2012) et était l'un des promoteurs du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique).
Monsieur Wade était champion du Sopi (changement en wolof) en battant le président Diouf au second tour de la présidentielle de l'an 2000.
Au cours de son règne, l'homme communément appelé maître Wade peut se targuer d'un bilan marqué par d'importants travaux entrepris à l'échelle nationale mais aussi par une certaine allergie à la contradiction au sein de son entourage politique. En effet, l'ancien opposant comme la plupart de ses camarades africains chefs d'État, tombe peu à peu dans un système individualiste du pouvoir. Il s'était embrouillé un à un avec les figures emblématiques de la jeune garde de son parti politique, notamment Idrissa Sec et Macky Sall, l'actuel président du pays.Sa gestion semi-autocratique aux visées héréditaires du pouvoir s'était incarnée en la personne de son super ministre du "ciel et de la terre" (Transport aérien et infrastructures publiques) , son fils Karim Wade. Au cours de son second mandat, le vieux n'avait jamais digéré le souhait du président de l'assemblée nationale de l'époque Mr Macky Sall, d'entendre son fils de ministre sur sa gestion liée au sommet de l'oci ( organisation de la conférence islamique) à Dakar.
Son ancien premier ministre et futur tombeur, Macky Sall avait été évincé de la présidence de l'assemblée nationale par un parti politique sous les ordres princiers. Ainsi l'originaire de Fouta, était devenu l'opposant numéro Un contre le Wadisme qui s'était fait plusieurs ennemis politiques et dans une société civile très active. On reprochait au vieux, son tripatouillage constitutionnel pour sa troisième candidature et ses intentions d'assurer sa succession à son fils Karim.
Il avait été nettement battu par Macky Sall amené par une coalition forte au second tour en 2012, et peu après il s'était retiré en France.
Sous le nouveau pouvoir de son ancien allié, la machine judiciaire a attrapé son fils sur les origines douteuses de sa fortune colossale incompréhensible pour un sénégalais lambda. En effet dans cette tornade judiciaire qui dévoile les abus financiers du Wadisme, le fils Karim a été arrêté et les sénégalais vivent plusieurs mois au rythme de son procès que certains qualifient de politique.
Rentré au pays après sa pause exagonale, maître Wade se fait le premier défenseur de son fils, ainsi entouré de ses partisans galvaudés par sa présence aux airs rajeunis, il s'est donné à des manifestations de soutien ressemblant à un défi vis-à-vis du pouvoir en place.
Cependant c'est dans cette mission de sauvetage de son fils que le vieux s'est lâché ce 24/02/2015 lors d'une réunion de parti en tenant des propos inattendus sur son successeur. Pour lui, ce dernier serait d'ascendance esclave et qu'il l'aurait vendu dans d'autres circonstances, en ajoutant que le président actuel ne peut être jamais au-dessus d'eux (lui-même et son fils).
Ainsi la mini-bombe a explosé face aux peuples instruits ou pas, sur les non-dits qui couvent dans nos sociétés africaines ou au moins ouest-africaines. Le gorgui connu pour avoir une santé de fer, n'est pas sénile ni grabataire et en "authentique" africain, sait de quoi il vise par ces mots bien choisis aux relents féodaux et esclavagistes. Il sait pertinemment leur teneur dans le coeur social et sociétal africain même en 2015, qui minimise et dévalorise la qualité du Citoyen tout court par rapport à nos différents statuts sociaux hiérarchisés.
Cette sortie sous cet angle de la caste, fait un écho transnational chez les peuls notamment originaires du Fouta, et à scruter les différentes réactions sur la toilo-sphère, on constate que la pensée Wadesque a des adeptes qui se dévoilent inconsciemment. D'aucuns presque sur la même tournure langagière que le vieux, essaient étrangement de prouver la noblesse de Macky Sall au lieu de dénoncer ouvertement la saillie verbale aux relents féodaux et esclavagistes. D'autres jouent sur un esprit malin et réducteur en ramenant la chose sous le prisme d'une plaisanterie de cousinage mal placée entre un Sall et un Wade.Les propos de l'ancien président sénégalais ne visent pas les peuls ou les halpoulars en général mais une caste sociale bien définie, qui est transcommunautaire dans nos contrées. Au sein de nos communautés, les castes sociales ne se valent pas sur ce qu'on a en commun de matériel et d'immateriel et à mesurer le poids de mots de maître Wade, il ne ressort que le fond déterministe de nos voix autorisées ethniques et tribales à l'endroit de la caste esclave.
Le président Macky Sall lui-même doit en savoir quelque chose de cette réalité stigmatisante que traînent les descendants d'esclaves dans toutes les communautés dans cette zone. En effet Maître Wade avec son cursus universitaire bien fourni, sa carrière politique historique et son vieux âge, ne représente pas un cas isolé dans ces réflexes qui traversent les non-dits au sein notre communauté intellectuelle lâche et trompeuse. Par exemple, un brillant diplômé dans une grande université occidentale, peut crier au scandale quand un ministre français de droite évoquait que pour eux, toutes les civilisations ne se valent pas. Après 6 heures de vol, notre homme africain défenseur de l'Homme noir chez les blancs, se montrerait neutre voire complice face à nos réalités sociétales et traditionnelles basées sur une hiérarchisation sociale stricte. S'il est issu des milieux aristocratiques dans son giron, il trouverait la gymnastique intellectuelle nécessaire pour donner une coloration culturelle au système des castes dont l'essence n'admet jamais que les différentes castes puissent se valoir.Ainsi sont nos réalités sur lesquelles l'ancien champion du Sopi, s'est attaqué à son successeur le taxant d'ascendance servile qui ne peut être au-dessus de lui nulle part. Se croyant évidemment noble, maître Wade aura un point commun avec ce soninké analphabète et ouvrier dans le nettoyage, qui digère difficilement que son chef de chantier soit un autre soninké dit de caste sociale inférieure.
Par ailleurs on aura appris dans certains milieux aristocratiques dans le Fouta de deux rives du fleuve Sénégal et par extension chez d'autres peuples ( soninkés et d'autres), que le choc de l'accusation sur leur fils président passe amèrement et qu'il est temps de penser aux descendants d'esclaves vivant depuis toujours auprès d'eux et traînant des multiples clichés et stigmatisations.
La fibre de la hiérarchisation sociale est la trame de nos rapports et Wade aura le mérite d'éveiller les consciences conditionnées parmi les vrais descendants d'esclaves qui croient naïvement que l'instauration de leur dignité d'Homme se joue à l'échelle nationale par une citoyenneté manipulée pour reproduire les anciennes références. Certains rêveurs dociles parmi les castes dites subalternes, font le jeu du système des castes dont le fonctionnement est à l'encontre d'une nation des droits et devoirs égaux à toutes les échelles. Nous espérons que les électeurs d'ascendance esclave apprendront mieux de cette sortie non hypocrite de maître Wade et à tous les niveaux.Merci Gorgui Wade pour ces mots instructifs pour Tous finalement ...!!!
K. S"
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !